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«Non», a tranché le premier ministre du Canada.
Le premier ministre canadien Justin Trudeau a refusé la demande que lui a formulée son homologue québécois, François Legault, pour rapatrier au Québec tous les pouvoirs en matière d'immigration.
«Non», a tranché M. Trudeau en conférence de presse, vendredi matin, après une rencontre avec M. Legault.
M. Trudeau a souligné que le Québec avait plus de pouvoirs que n'importe quelle autre province en matière d'immigration, ajoutant qu'il ne s'agissait pas d'une question de compétences fédérales-provinciales.
«Moi, ce qui m'intéresse, c'est de faire fonctionner le système d'une meilleure façon, c'est pas une question de qui a le contrôle de quoi», a expliqué le premier ministre du Canada.
M. Legault qualifie la situation de «très inquiétante» parce qu'il y a «urgence» d'agir. «Depuis deux ans, le nombre de demandeurs d'asile et d'immigrants temporaires a augmenté de 230 000 personnes», a déclaré le premier ministre du Québec en conférence de presse à Montréal après la rencontre.
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Bien que M. Trudeau n'a pas accédé à la demande de M. Legault de céder les pleins pouvoir en immigration à la province, le leader du gouvernement québécois trouve que son homologue fédéral a fait preuve d'ouverture pour optimiser la situation, collaborer et poser des gestes «rapidement».
M. Legault dit s'être entendu avec M. Trudeau pour le revoir d'ici le 30 juin afin de faire le point sur des avancées potentielles dans un certain nombre de dossiers en immigration. Les voici:
En effet, devant l'afflux de nouveaux arrivants, le gouvernement du Québec réclame aussi 1 milliard $ au fédéral pour les dépenses engagées dans l'accueil des demandeurs d'asile depuis 2021. Ottawa n'a avalisé que 155 millions $ de la facture, et le lieutenant québécois du gouvernement Trudeau, Pablo Rodriguez, a invité Québec à en discuter autour de la table de négociations – d'où cette rencontre au sommet Legault-Trudeau.
En marge d’une conférence de presse sur un autre sujet, le chef du Parti conservateur du Canada (PCC), Pierre Poilievre en a profité pour critiquer les politiques en immigration du gouvernement libéral.
«Commençons par dire que Justin Trudeau a causé cette crise, le chaos dans notre système d’immigration», a lancé M. Poilievre.
Le chef conservateur rapporte que plus de la moitié des réfugiés au Canada rentrent au Québec, malgré le fait que la province compte seulement 22% de la population nationale. Cette situation met «une pression énorme sur le logement et les services sociaux», soutient-il, vraisemblablement en accord avec les arguments du premier ministre du Québec sur ce point.
S’il devient premier ministre du Canada, Pierre Poilievre promet de mettre en place des balises afin que le nombre de nouveaux arrivants concorde avec les services sociaux et les logements disponibles.
«Évidemment, on travaillerait avec toutes les provinces, incluant Québec, pour le faire», conclut-il.
En vertu d'un accord Canada-Québec signé en 1991, le Québec contrôle le volume d’entrée de ses futurs résidents permanents, les immigrants économiques, ainsi que leur intégration et francisation. L'immigration économique a représenté 66 % de l'immigration permanente en 2022.
Le fédéral s'occupe des réfugiés, de la réunification familiale et des enjeux liés à la citoyenneté.
La revendication des pleins pouvoirs en immigration pour le Québec fait partie du programme nationaliste de la Coalition avenir Québec (CAQ) depuis 2015, mais jamais le parti n'a réussi à obtenir gain de cause.
Le refus de Justin Trudeau d'accorder au Québec les pleins pouvoirs en immigration est «à la limite du mépris», estime le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, qui se dit prêt à soutenir le premier ministre François Legault s'il va de l'avant avec l'idée d'un référendum sur cette question.
«La rencontre entre François Legault et Justin Trudeau aurait pu être un échange courriel: rien de nouveau sous le soleil. Aucun gain pour le Québec en immigration et en santé, mais aussi aucune avancée pour la crise du logement! Le Québec vit sa pire crise du logement en 40 ans et les deux premiers ministres n’en font pas une priorité pour leur première rencontre depuis 2022», a écrit le porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois.
Avec la collaboration d'Alex Sauro pour Noovo Info et de l'information de la Presse canadienne