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Si les progrès aux tables de négociations ne sont pas suffisants, le front commun pourrait déclencher une grève générale illimitée en janvier.
Le premier ministre François Legault semble prêt à laisser le conflit avec les employés du secteur public se prolonger le temps qu'il faudra pour obtenir la flexibilité qu'il leur réclame depuis des mois.
«Ça risque de brasser dans les prochaines semaines. Il va y avoir de la résistance de la part, entre autres, des syndicats», a déclaré le premier ministre lorsqu'il a abordé la question des négociations du secteur public en dressant son bilan de session, vendredi, à Québec.
La vaste majorité de ces employés est maintenant en grève avec le débrayage d'une semaine déclenché vendredi par le front commun, qui regroupe les 420 000 travailleurs et travailleuses de la CSN, la CSQ, l'APTS et la FTQ.
Voyez le reportage de Juliette Poireau sur ce sujet dans la vidéo de cet article.
Même s'il se dit prêt à signer une entente «demain matin» avec les grands syndicats qui les représentent, les signaux lancés par le premier ministre lorsqu'il a abordé ce dossier en dressant son bilan de session, vendredi à Québec, laissent entendre qu'il est prêt à attendre pour obtenir ce qu'il veut.
D'un côté, M. Legault a écarté la possibilité d'une loi spéciale pour forcer le retour au travail des syndiqués et imposer les conditions qu'il recherche, disant vouloir une entente négociée. Puis, il a ajouté qu'il faudra beaucoup de courage pour obtenir ce à quoi il tient mordicus, soit la flexibilité et la souplesse dans les conventions collectives.
Il a dit sentir que «la population souhaite effectivement qu'on ait le courage, enfin, de se donner les moyens de donner des meilleurs services à population», a-t-il avancé. «Il y a eu des gouvernements qui ont eu moins de courage. Nous autres on a ce courage-là», a-t-il ajouté.
En fait, M. Legault a utilisé le mot «courage» pas moins de sept fois durant les quelque 40 minutes de la portion française de sa conférence de presse, mais c'est le mot «flexibilité» qui a remporté la palme, revenant pas moins de 11 fois dans ses propos, terme auquel il faut ajouter «souplesse», que M. Legault, la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, et le ministre de la Santé, Chritian Dubé, ont prononcé ensemble cinq fois.
Sans cette flexibilité, affirme M. Legault, les réseaux de la santé et de l'éducation ne s'amélioreront pas. À ses côtés, le ministre Dubé a renchéri en affirmant que la vaste réforme du réseau de la santé prévue dans le projet de loi 15, qui sera adoptée sous le bâillon samedi, requiert également la flexibilité tant recherchée par Québec.
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Invité à commenter la contre-proposition du front commun, le premier ministre a repris son marteau pour frapper sur le même clou: «Il y a du bon, puis il y a du moins bon. Il y a certains syndicats qui montrent une certaine ouverture à de la flexibilité, mais d'autres que non.»
Vendredi, le ministre du Travail du Québec, Jean Boulet, a nommé des conciliateurs supplémentaires, qui pourront contribuer à rapprocher les parties aux tables de négociations sectorielles de la FTQ, l’APTS, la CSN et la CSQ.
Négociations du secteur public : j’annonce la nomination de conciliateurs supplémentaires. Ceux-ci pourront contribuer à rapprocher les parties aux tables sectorielles de la FTQ, l’APTS, la CSN et la CSQ. Nous avons tous comme objectif d’en venir à une entente rapidement.
— Jean Boulet (@JeanBoulet10) December 8, 2023
En face du gouvernement, l'autre partie prévient que le temps presse. Alors que les écoles, les établissements de santé, les cégeps et les services sociaux sont touchés par des grèves, lefront commun intersyndical prévient qu'il reste onze jours pour marquer des progrès significatifs dans les négociations pour renouveler les conventions collectives.
«On est nécessairement dans un moment qui est crucial», a admis vendredi la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel.
«Il reste onze jours avant le 19. On a le temps, mais ça prend de la volonté», a lancé le président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Éric Gingras, en point de presse devant le parlement, vendredi matin, aux côtés de ses trois collègues.
Les 18 et 19 décembre en effet, les quatre membres du front commun vont se réunir de nouveau pour faire le point sur l'évolution de la négociation. Ils pourraient alors décider de déclencher une grève illimitée en janvier, si les progrès ne sont pas suffisants à leur goût.
«Les 18 et 19 décembre prochains, l'ensemble de nos organisations, on va tenir des instances. Et ce sera le moment idéal pour présenter une entente de principe. Sinon, on sera obligé de faire état à nos assemblées respectives pour voir comment on voit la suite. Et on ne voit pas d'autre solution que de déclencher une grève générale illimitée si on nous oblige à le faire», a lancé Robert Comeau, président de l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS).
La ministre LeBel, de son côté, a refusé de parler de «blitz» de négociation, bien qu'elle avoue que les parties en sont rendues à un moment «crucial». «Je n'oserais pas qualifier ça de blitz, mais je dirais que je pense que les intensifications sont présentes».
À coups de propositions et de contre-propositions du côté syndical comme du côté patronal, «c'est en continu; on fait notre travail», a résumé la présidente du Conseil du trésor.
Il y a aussi du mouvement à certaines tables sectorielles, mais «c'est à géométrie variable», a précisé M. Gingras.
D'ailleurs, des médiateurs entreront en scène à certaines de ces tables sectorielles en fin de semaine, a noté la présidente de la FTQ, Magali Picard.
Les tables sectorielles sont celles où sont négociées les conditions de travail autres que les salaires et le régime de retraite, dans les secteurs comme l'éducation et la santé. Les parties y discutent par exemple des mouvements de personnel et de l'organisation du travail.
Mercredi, la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, a déposé une nouvelle offre salariale de 12,7 % sur cinq ans à l'ensemble des employés de l'État, mais les syndicats l'ont trouvée insuffisante.
Jeudi, le premier ministre François Legault a dit être prêt à se montrer plus généreux «au plan monétaire», mais il exige en revanche plus de souplesse dans l'application des conventions collectives.
«On en fait des mouvements, dans nos (tables) sectorielles, dans nos conditions de travail, partout. On le fait depuis le début», a rétorqué M. Gingras, de la CSQ.
Le front commun soutient aussi avoir fait «des mouvements» à la table intersectorielle ou centrale, notamment en ce qui a trait à la durée de la convention collective. En fait, le gouvernement fonde son offre sur un contrat d'une durée de cinq ans et le front commun sur trois ans.
«On est prêt à ouvrir sur une convention collective de plus de trois ans, mais avec une clause d'indexation et un rattrapage salarial», a insisté François Enault, vice-président de la CSN.
D'ailleurs, les négociations devaient se poursuivre à la table centrale en après-midi vendredi, a noté M. Comeau.
Les deux parties ont déjà affirmé vouloir régler d'ici la fin de l'année.
À compter de lundi prochain, ce sera au tour de la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ) de débrayer également. L'organisation syndicale qui représente 80 000 infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques sera en grève jusqu'au 14 décembre aussi.
Ces deux grèves qui touchent le secteur de la santé entraîneront des reports dans les chirurgies et les différents rendez-vous.
Ces grèves du front commun et de la FIQ s'ajoutent à celle, illimitée, des 66 000 enseignants de la Fédération autonome de l'enseignement (FAE), amorcée le 23 novembre, et qui n'a pas été interrompue depuis.
Les 760 membres des cégeps représentés par le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) seront en grève du 13 décembre à minuit au 15 décembre.
Les cégeps suivants seront donc fermés juste qu'au 15 décembre, malgré la fin de la grève du Front commun:
Avec des informations d'Evelyne Alix-Fontaine, Noovo Info.