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Il a fait cette demande au douzième jour de la campagne électorale fédérale.
Le Bloc québécois réclame des représentants du Québec avec un veto dans la délégation canadienne qui négociera avec l'administration américaine, en vue d'une nouvelle entente de libre-échange.
Le chef du Bloc, Yves-François Blanchet, a du même souffle exprimé jeudi le souhait que la campagne électorale puisse enfin finir par porter sur autre chose que les droits de douane américains.
«Ce que M. Trump a annoncé hier (mercredi) nous permet de compléter la campagne électorale de façon un peu plus normale», espère M. Blanchet qui était en conférence de presse dans un hôtel de Québec, avant de reprendre la route pour faire campagne dans la région métropolitaine.
«Il y a du positif dans ce qui s'est passé hier (mercredi). Ça reporte à après l'élection le plus gros des enjeux. Il n'y aura plus, normalement, d'interventions intempestives et de menaces du président américain qui vont nous envoyer courir partout dans la détresse, et qui vont donner prétexte à M. Carney pour se retirer de la campagne.»
Cet enjeu monopolise en effet les débats. Les partis d'opposition se trouvent à avoir moins d'espace dans une telle confrontation avec les États-Unis que le gouvernement libéral sortant: Mark Carney doit plus souvent exercer son rôle de premier ministre en fonction, alors qu'il est aussi chef de parti en campagne.
«Il est de facto premier ministre du Canada, il a donc le droit de solliciter des rencontres avec les premiers ministres des provinces», a reconnu M. Blanchet, en ajoutant une réserve.
«Mais les gens ne doivent pas être naïfs: il y a dans cet exercice-là quelque chose qui vise à assurer, croit-il, sa réélection. Et mon devoir est de le dénoncer si ça ne sert pas l'intérêt commun.»
Au lendemain de l'annonce des barrières tarifaires par le président Trump, M. Blanchet a fait écho à la demande du gouvernement Legault d'avoir une voix québécoise dans la délégation canadienne.
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Cette délégation québécoise, choisie par le gouvernement Legault, pourrait ainsi s'assurer que des thèmes soient non négociables dans le bras de fer avec les Américains, a plaidé le chef du Bloc: la culture, la langue, le maintien de la gestion de l'offre dans son intégralité dans le domaine agricole, la Société des alcools (SAQ), les prérogatives dans la réglementation environnementale, «justice sociale et fiscalité», notamment.
C'est aussi pour obtenir un veto aux Communes sur une entente éventuelle que le Bloc réclame un mandat fort aux Québécois, a poursuivi M. Blanchet.
M. Blanchet a refusé de proposer des personnalités qui pourraient faire partie de la délégation, même s'il dit avoir des noms en tête.
Il veut que les négociations pour le renouvellement de l'Accord Canada-États-Unis-Mexique commencent le plus rapidement possible puisque les Américains ont eux-mêmes évoqué un échéancier très court d'environ un an.
De façon concomitante, on assure ainsi que les élections québécoises de 2026 se déroulent «sur une table dégagée», sans guerre commerciale, ce que souhaite aussi le chef du Bloc - un parti souverainiste, conscient du potentiel de nuisance du président Trump dans une campagne qui pourrait porter sur l'avenir du Québec à l'intérieur ou hors de la fédération.
Actuellement, des droits de douane américains sont déjà en vigueur sur le bois d'oeuvre et l'aluminium du Québec.
Les États-Unis ont annoncé mercredi l'imposition d'un droit de douane de 25 % tous les véhicules construits à l'étranger à compter de ce jeudi, incluant au Canada.
Rappelons que le Québec ne compte aucune usine d'assemblage de véhicules légers, mais plusieurs fournisseurs de pièces, ainsi que des usines d'assemblage d'autobus scolaires et d'autocars.
M. Blanchet a d'ailleurs évoqué l'exemple d'un constructeur d'ambulances important dans sa circonscription de Beloeil-Chambly. Or ces véhicules sont assemblés à partir de plateformes de camions en provenance des États-Unis.
Donc le gouvernement Carney doit être prudent dans ses mesures de représailles, a prévenu le chef du Bloc.
«Si ces camions ne sont pas exemptés (de droits de douane canadiens), il sera impossible pour l'entreprise de livrer des ambulances à des prix le moindrement raisonnables», a-t-il illustré.