Montréal n'entend pas réinstaller la statue de John A. Macdonald à son endroit d'origine

C’est la décision qu’a rendue mercredi le comité exécutif de la Ville de Montréal qui prend «acte des recommandations formulées par le comité ad hoc indépendant chargé de statuer sur l’avenir du monument.»

On entend cependant laisser en place le socle et le baldaquin pour «garder une trace tangible de l’histoire complète du site.»

Également, la Ville souhaite effectuer une mise à jour du panneau annexant le socle pour refléter les différentes facettes du passé concernant notamment l’oppression des peuples autochtones.

Montréal affirme déjà être à la recherche d’un partenaire institutionnel qui exposera la statue qui sera accompagnée d’un «dispositif interprétatif inclusif, pour représenter l’ensemble des pans de son histoire.»

On devrait connaître l’emplacement précis de la statue en 2025.

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Un projet «projets pluridisciplinaires» devrait remplacer le monument. On espère ainsi favoriser une «réinterprétation plus large» de la statue.

Montréal lancera par ailleurs le processus de sélection d’ici la fin de l’année. 

«Notre rôle en tant que ville n’est pas de trancher unilatéralement, mais plutôt d’adopter une posture qui nous permet de questionner et d’enrichir la discussion», a expliqué Ericka Alneus, responsable de la culture et du patrimoine au sein du comité exécutif, lors de la séance du conseil.

D'ailleurs, cette dernière avancée dans le dossier est bien accueillie par plusieurs.

«Je crois que c'est un pas dans la bonne direction de ne pas remettre la statue à son endroit d'origine. Je pense que d'avoir quelque chose qui représente les dommages engendrés à certaines communautés par John A. Macdonald devrait faire partie de ce qui sera présenté dans la nouvelle installation artistique», a mentionné Elijah Olise, directeur général du collectif pour la justice sociale.

«C'est une bonne nouvelle. Car mettre quelqu'un sur un pied d'estale littéralement c'est profond. Ça vient avec beaucoup de bagages», a ajouté Tom Seivewright, un résident de Montréal. 

Accueil plutôt froid à Québec

À Québec, le ministre de la Culture et des Communications, Mathieu Lacombe, a accueilli plutôt froidement cette décision. «La position de notre gouvernement est très claire: il ne faut pas réécrire l'histoire. Il faut cohabiter avec cette histoire pour le meilleur et pour le pire. Je pense que c'est important», a-t-il dit.

Pressé de préciser s'il croyait qu'il fallait remettre la statue en place, il a répondu qu'il allait «laisser la mairesse (de Montréal, Valérie Plante) faire son travail, mais si vous me posez la question à savoir si on doit réécrire l'histoire ou pas, je pense que c'est important de vivre avec notre histoire».

Héritage contesté

Inauguré en 1895, le monument créé par le sculpteur britannique George Edward Wade visait à rendre hommage à celui qui fut le premier premier ministre du Canada.

Mais au cours des dernières années, l'héritage de Macdonald a été assombri par, entre autres, le rôle qu'il a joué dans l'instauration du système fédéral de pensionnats pour Autochtones, où des milliers d'enfants ont été maltraités et sont décédés.

Vandalisée à plusieurs reprises – elle avait notamment été recouverte de peinture rouge en plus d’une occasion –, la statue de Macdonald a finalement été déboulonnée et décapitée au passage par des manifestants dans la foulée de la découverte de centaines de sépultures anonymes sur les sites d’anciens pensionnats un peu partout au Canada.

En écho à ce qui s'est passé à Montréal, des statues de Macdonald ont aussi été déboulonnées ailleurs au Canada, tandis que la Ville de Charlottetown, à l'Île-du-Prince-Édouard, a décidé de retirer la sienne en 2021.

Avec des informations de la Presse canadienne