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Même s'ils sont destinés à finir dans notre assiette, les animaux d'élevage ont droit d'avoir une vie confortable et sans douleur, estime la SPCA de Montréal.
Même s'ils sont destinés à finir dans notre assiette, les animaux d'élevage ont droit d'avoir une vie confortable et sans douleur avant de se retrouver à l'abattoir, soutient la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) de Montréal, qui milite pour la mise en place d'une réglementation entourant le bien-être du bétail.
Bien qu'il s'était réjoui, en 2015, d'une disposition ajoutée au Code civil pour reconnaître le statut d'être sensible des animaux, puis de l'adoption de la Loi sur le bien-être et la sécurité de l'animal, l'organisme déplore que ces mesures ne concernent que les animaux de compagnie.
Ce faisant, les bêtes exploitées à des fins agricoles ne jouissent pas du même statut aux yeux de la loi, qui prévoit entre autres l'obligation de fournir eau, nourriture et soins aux animaux et interdit de les maltraiter.
«On a un vide juridique en ce qui concerne la protection d'animaux d'élevage au Québec, plaide Me Sophie Gaillard, directrice générale de la SPCA de Montréal. Ils sont systématiquement exclus des principales protections offertes par la loi [...] et il y a un système à deux vitesses.
«C’est pourquoi, par exemple, il est tout à fait légal, et même pratique courante, aujourd’hui au Québec, de castrer un porcelet sans anesthésie, alors que le même geste posé à l’égard d’un chien ou d’un chat serait passible d’une condamnation et même d’une peine d’emprisonnement», ajoute-t-elle.
Comme il n'existe pas à l'heure actuelle de réglementation pour encadrer le traitement des animaux du secteur agricole, celui-ci s'autoréglemente, ce que la SPCA considère être une «une abdication de responsabilité publique de la part du gouvernement».
« Nous sommes dans une situation inquiétante où c’est l’industrie elle-même qui a le pouvoir de déterminer quelles pratiques sont légales ou illégales, et ce, peu importe le degré de souffrance que ces façons de faire infligent aux animaux», ajoute la directrice générale.
Selon des chiffres avancés par l'organisme, tirés d'un sondage Léger réalisé il y a quelques semaines, 92 % des Québécois sont en faveur d'une loi qui viendrait corriger la situation.
L'organisme a récemment publié un manifeste, appuyé par plus d'une trentaine de personnalités publiques et auxquelles se sont ajoutées plus de 15 000 signatures en une semaine.
L'Union des producteurs agricoles (UPA) du Québec ne s'explique pas une telle sortie de la SPCA de Montréal, une campagne «exagérée» et «tirée par les cheveux», selon son directeur général Charles-Félix Ross.
«C'est faux de dire qu'il n'y a pas d'encadrement, de recours ou de surveillance dans nos élevages», a-t-il martelé lors d'un entretien téléphonique avec La Presse Canadienne.
Le gestionnaire, agronome de profession, soutient que les éleveurs, aussi bien de bovins que de porc ou de volaille, sont soumis à des codes canadiens de bonnes pratiques déterminés par l'industrie et sur lesquels des organismes de protection des animaux sont amenés à se prononcer.
«Les éleveurs du Québec qui adhèrent à ces normes canadiennes sont soumis à de hauts standards. De plus, ces codes peuvent évoluer en fonction des connaissances scientifiques et des attentes sociétales», mentionne-t-il.
De plus, ajoute-t-il, aussi bien les vétérinaires que les agronomes qui visitent régulièrement les fermes sont tenus par leurs codes déontologiques de dénoncer systématiquement au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation toute forme de maltraitance animale pouvant être observée sur le terrain.
«Nos éleveurs ne veulent pas que leurs animaux soient élevés dans de mauvaises conditions, ajoute M. Ross. Ils veulent des animaux confortables, heureux, qui donnent du lait et des oeufs ou qui sont engraissés pour faire de la viande. Des animaux maltraités ne peuvent pas jouer le rôle pour lequel on les élève.»
Si la SPCA juge inacceptables certaines pratiques précises ayant cours dans des élevages, le directeur de l'UPA invite l'organisme à pointer celles-ci du doigt.
«Parce que leur campagne, le message que ça envoie, c'est qu'ils laissent entendre que tous les animaux ne sont pas protégés, et ce n'est pas du tout le cas», laisse-t-il tomber.