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Le service de police a peu à dire sur le bien-fondé de ces craintes.
La police d'Ottawa était tellement préoccupée par les fuites de sympathisants du «convoi de la liberté» dans ses propres rangs qu'elle a fermé de manière préventive les comptes de messagerie de policiers en congé. Mais aujourd'hui, le service de police a peu à dire sur le bien-fondé de ces craintes.
La Commission sur l'état d'urgence qui enquête sur le recours par le gouvernement libéral fédéral à la Loi sur les mesures d'urgence a appris qu'à plusieurs reprises, des officiers supérieurs craignaient que des manifestants qui ont bloqué le centre-ville d'Ottawa pendant plusieurs semaines l'hiver dernier bénéficiaient de renseignements privilégiés provenant de policiers.
Dans un courriel daté du 28 février, l'inspecteur Michel Marin écrivait à ses collègues qu'on avait vu des membres du Service de police d'Ottawa participer aux manifestations du centre-ville et que des policiers en congé «sympathiques à la cause» contre la vaccination obligatoire avaient toujours accès à leurs courriels professionnels.
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Le courriel de M. Marin, déposé en preuve à la commission Rouleau, indiquait qu'«en raison de l'état d'urgence et pensant que cela aurait pu compromettre les opérations (du Service de police d'Ottawa) menant à l'expulsion des manifestants», l'accès au courriel et au système de notification interne était restreint pour les policiers en congé.
L'inspecteur Marin a écrit ce courriel après que les manifestants ont été évacués des rues d'Ottawa. Il cherchait alors à déterminer s'il serait temps de revenir sur la décision de supprimer l'accès aux courriels de bureau, mais on ne sait toujours pas si cet accès a été effectivement rétabli depuis.
Le surintendant par intérim de la police d'Ottawa, Robert Drummond, a déclaré à la commission, en octobre, que l'on craignait que des policiers en service ou retraités soient impliqués dans la manifestation et que «par précaution», l'accès aux comptes d'entreprise a été coupé pour un membre de ce corps policier.
«Il (y avait) des inquiétudes concernant des informations qui sortent de l'organisation», a-t-il déclaré le 26 octobre.
Le chef adjoint de la police d'Ottawa, Steve Bell, qui était chef de police par intérim à l'époque, a témoigné que les inquiétudes concernant les fuites potentielles faisaient l'objet d'enquêtes «régulières», mais que rien n'avait été trouvé.
Et même aujourd'hui, la police d'Ottawa n'a pas précisé le nombre d'enquêtes terminées ou en cours sur des allégations de fuites potentielles.
Dans une déclaration écrite, le service de police ne fait référence qu'à «plusieurs enquêtes internes et mesures disciplinaires liées à la conduite des policiers» qui ont déjà eu lieu, notant qu'elles étaient «liées à des contributions faites pour soutenir le convoi».
Une seule décision a été rendue publique: une policière a plaidé coupable le mois dernier de conduite déshonorante pour avoir fait un don au «convoi» alors que le chef de l'époque, Peter Sloly, avait déjà qualifié la manifestation d'«occupation illégale». La policière a subi une coupe de salaire de 40 heures.
Aucune autre audience disciplinaire pour les policiers liés aux manifestations ne semble être prévue.
Dans une chaîne de courriels du 10 février, le directeur du bureau provincial du renseignement opérationnel à la Police provinciale de l'Ontario, le surintendant Pat Morris, avait également mis en garde les officiers supérieurs contre les fuites en matière d'opérations, bien qu'il ne soit pas clair de quel corps policier il s'agissait alors.
Dans un courriel déposé en preuve à l'enquête, il a lié un commentaire Facebook d'une personne non identifiée écrivant qu'une «source d'un employé de la Ville et d'un travailleur de première ligne» avait mis en garde contre quelque chose de prévu pour le lendemain.
M. Morris a décrit ce commentaire dans le courriel de «preuve», ou du moins d'une information concernant une «fuite opérationnelle».
La Police provinciale de l'Ontario n'a pas répondu aux demandes concernant ce qu'elle a fait pour enquêter sur des fuites.
L'enquête a appris que le chef Sloly, qui a démissionné de son poste le 15 février, était au courant des préoccupations du surintendant Morris.
Le 14 février, ses notes montrent que M. Morris lui a indiqué: «nous pourrions avoir des problèmes importants avec les membres de la police impliqués dans les manifestations.»
L'ex-chef Sloly a déclaré à la commission que chaque plainte était confiée à l'unité des normes professionnelles et que toute plainte suggérant une inconduite faisait l'objet d'une enquête appropriée. Il a déclaré avoir suspendu un policier pendant les manifestations, mais il ne connaissait pas l'évolution de ce dossier.
Les organisateurs du «convoi de la liberté» qui ont comparu devant la commission ont également évoqué une collaboration policière.
Danny Bulford, porte-parole du «convoi» et agent de liaison pour la sécurité, a déclaré qu'aucun policier en service actif ne lui avait divulgué d'informations sensibles, mais qu'il avait obtenu l'aide de la police.
«Il y avait des policiers qui étaient en congé pour diverses raisons, que ce soit les exigences de vaccination ou leurs propres raisons personnelles - je n'ai pas demandé, ce n'était pas mes affaires — qui aidaient également à certaines des tâches de sécurité que je coordonnais», a-t-il dit dans son témoignage.
Jeremy MacKenzie, fondateur du groupe d'extrême droite en ligne «Diagolon», a déclaré à la commission qu'il avait bénéficié de fuites d'informations des forces de l'ordre à plusieurs reprises lors des manifestations.
M. MacKenzie a déclaré à la commission qu'un policier de la Gendarmerie royale du Canada autoproclamé qui était un admirateur de ses activités de balados et de diffusion en ligne a prévenu que la police antiémeute était activée. Certains de ces détails ont également été inclus dans le rapport de renseignement de la Police provinciale de l'Ontario du 8 février, soumis à la commission.
M. MacKenzie a déclaré que la personne qu'il croyait être un policier de la GRC a également divulgué des photos d'un texto de groupe montrant des membres de la police fédérale plaisantant sur le peu d'interventions policières pendant les manifestations.
La commissaire de la GRC, Brenda Lucki, n'a pas été interrogée sur les fuites policières lors de sa comparution le 15 novembre, et elle a déclaré aux journalistes qu'il n'y avait pas eu d'accusations portées en matière de code de conduite des policiers.
Un document de renseignement de la GRC du 10 février partagé avec la commission a également averti qu'il existait un potentiel de «menaces internes graves».
«Ceux qui n'ont pas perdu leur emploi mais qui sympathisent avec le mouvement et leurs anciens collègues pourraient être en mesure de partager des informations des forces de l'ordre ou des militaires» avec les manifestants, indique le rapport.
La GRC n'a pas répondu à des questions précises sur les cas de fuites pendant le convoi ou sur les enquêtes en cours, affirmant dans une déclaration écrite que ses responsables «s'en tiennent à leur témoignage et n'ont aucun commentaire supplémentaire».
«Généralement, ce n'est que dans le cas où une enquête déboucherait sur le dépôt d'accusations criminelles que la GRC confirmerait la tenue d'une enquête, la nature de toute accusation portée et l'identité de la ou des personnes impliquées», indique la GRC.