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Alors que les incendies d'un océan à l'autre brûlent de vastes étendues de forêt, la modifiant parfois de manière irréversible, les experts se penchent sur une victime souvent négligée des incendies: la faune.
Alors que les incendies d'un océan à l'autre brûlent de vastes étendues de forêt, la modifiant parfois de manière irréversible, les experts se penchent sur une victime souvent négligée des incendies: la faune.
Les incendies de printemps, comme ceux qui brûlent actuellement à travers le pays, sont inhabituels et affecteront peut-être plusieurs espèces, a prévenu Karen Hodges, professeure de biologie au campus Okanagan de l'Université de la Colombie-Britannique.
«Si l'arbre avec un nid brûle, ces œufs ou poussins ne survivront évidemment pas. Les adultes pourront peut-être échapper au feu, mais les chances qu'ils se reproduisent ailleurs sont peu probables cette année. Je pense qu'un impact immédiat est que de nombreux individus ne se reproduiront pas cette année. Certains mourront», a-t-elle expliqué lors d'une récente entrevue.
«Évidemment, les animaux qui peuvent s'éloigner devant le feu le feront. Mais cela dépend de la vitesse à laquelle le feu se déplace – si les animaux peuvent se distancier. C'est vraiment difficile d'évaluer ça.»
Le ministre de la Protection civile, Bill Blair, a déclaré lundi que plus de 47 000 kilomètres carrés avaient brûlé jusqu'à présent cette année, avec plus de 430 incendies de forêt qui faisaient rage à travers le pays. Le Canada connaît sa pire saison de feux de forêt du XXIe siècle, a-t-il ajouté.
Mme Hodges craint que les choses ne fassent qu'empirer, avec des mois de températures plus chaudes à venir.
«Je m'attends à ce que beaucoup d'animaux soient déplacés ou tués, a-t-elle soutenu. Je m'attends à ce que certaines populations de certaines régions disparaissent, ou soient petites, pour les décennies à venir à la suite du brûlage de cette année.»
Matthew Mitchell, associé de recherche sur les systèmes terrestres et alimentaires de l'Université de la Colombie-Britannique, a souligné que le monoxyde de carbone et les particules dans la fumée des feux de forêt peuvent avoir des effets «aigus» sur la santé des animaux, dont certains peuvent ne pas être observés avant des années.
«Cela peut affecter leurs poumons, modifier la chimie du sang, réduire les niveaux d'oxygène, et donc vous pouvez également avoir des effets sur le système immunitaire», a-t-il précisé.
«Ce genre de choses peut entraîner des changements dans la démographie, ou également dans la survie, la croissance et la reproduction des animaux.»
La fumée des feux de forêt pourrait également entraîner des changements de comportement, dont le degré d'activité des animaux, s'ils recherchent des partenaires et combien ils chantent, a-t-il déclaré. Il a été constaté que les orangs-outans et les gibbons touchés par la fumée des feux de forêt dans des zones plus tropicales faisaient moins de bruit que ceux qui n'étaient pas exposés, a-t-il indiqué.
Les scientifiques ont observé que les fœtus de martres sont affectés négativement par la fumée des feux de forêt, a mentionné M. Mitchell. Il ajoute que les incendies pourraient avoir un impact sur les femelles enceintes ou leurs nouveau-nés, tout comme ils affectent les humains.
Une étude publiée en février dans la revue «Ecology Letters» a examiné le pouvoir régénérateur des incendies de forêt et a conclu que les nouvelles ne sont pas toutes mauvaises pour les espèces sauvages.
Elle a constaté que certains écosystèmes voient une «richesse en espèces» après un incendie, les oiseaux et les mammifères voyant une augmentation de la diversité.
«Il reste à voir comment les moteurs écologiques et évolutifs se traduisent par des effets sur la richesse animale, mais nos résultats montrent que les effets cumulatifs sont étonnamment positifs, du moins pour la richesse des oiseaux et des mammifères», indique l'article de chercheurs canadiens, américains et européens.
Les animaux qui ont la capacité de se reproduire plus rapidement réussissent mieux dans un environnement sujet aux incendies, note l'étude. Mais les incendies dans les zones où ils ne se produisent pas régulièrement ne seraient pas particulièrement bénéfiques: «Dans ces écosystèmes, le feu est plus une menace moderne qu'un processus important à maintenir, et l'activité récente des incendies dans ces systèmes n'est pas un facteur probable de richesse», nuance-t-on.
Tandis que les animaux au Canada se sont adaptés aux incendies de forêt qui font naturellement partie de l'écosystème, M. Mitchell a souligné que les «mégafeux» qui se produisent à plusieurs reprises modifient le régime des incendies. Il y a moins de temps entre les incendies, ce qui rend plus difficile la régénération de la forêt.
Et ce ne sont pas seulement les oiseaux et les créatures terrestres qui sont touchés par les incendies de forêt. «Les baleines et les dauphins, à cause de leur façon de respirer, remontent souvent et échangent presque tout l'air de leurs poumons pendant qu'ils respirent, a-t-il soutenu. Ils pourraient également être plus sensibles.»
M. Mitchell dit qu'il s'inquiète le plus pour les espèces en voie de disparition. «Je m'attends à ce que nous perdions certaines espèces, si ce genre d'événements de fumée et ces incendies de forêt continuent d'augmenter», a-t-il avancé.
«Prédire de quelle espèce exacte il s'agit, ce serait difficile, mais je m'attends à ce qu'il y ait des pertes.»
D'un autre côté, certaines espèces peuvent en bénéficier, mais il a déclaré qu'il était difficile de prédire lesquelles.»
Mme Hodges a affirmé que des animaux tels que le lynx du Canada, la martre, le pékan et le lièvre d'Amérique ont besoin de forêts matures tandis que d'autres, tels que les hiboux, ont besoin de grands arbres avec des cavités pour la nidification. Mais lorsque les incendies brûlent ces arbres, il leur faut des décennies pour redevenir des forêts matures: «Ce seront des changements durables.»