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Le dernier message de Gina Goulet est à glacer le sang: «Je suis nerveuse. J'espère qu'ils vont bloquer les routes. Comme je disais, il est intelligent. Presque trop intelligent.»
La dernière victime de la tuerie survenue en Nouvelle-Écosse, en avril 2020, connaissait le tueur et avait confié à sa fille qu'elle craignait de le voir débarquer chez elle environ une heure avant qu'il ne se pointe dans sa cour.
Selon le résumé d'un document déposé mercredi dans le cadre de l'enquête publique sur la tragédie, Gina Goulet a été abattue dans sa résidence, vers 11h00 le 19 avril 2020, dans la région de Shubenacadie, à environ 60 kilomètres au nord de Halifax, soit environ 10 minutes après l'envoi d'un dernier message texte à sa fille Amelia Butler.
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La tuerie a fait un total de 22 morts. Elle avait débuté la veille, le 18 avril 2020, dans le secteur rural de Portapique, à 70 kilomètres au nord-ouest, mais le tueur avait réussi à échapper aux policiers, puis à passer la nuit dans un parc industriel avant de reprendre son carnage.
D'après les échanges de messages entre Mme Goulet et sa fille, la dame avait pris connaissance des alertes selon lesquelles Gabriel Wortman, un collègue denturologiste, tuait des gens.
«Gabriel, ce denturologiste qui voulait que je travaille pour lui, il est en cavale avec une arme», a écrit Mme Goulet à sa fille.
À 9h59, Mme Goulet écrit: «Il sait où je demeure... J'espère qu'ils vont l'attraper.»
Au départ, les deux femmes échangeaient sur le fait qu'elles considéraient peu probable que le tueur parvienne à se rendre jusqu'à Shubenacadie sans se faire arrêter, mais ensuite elles ont souligné qu'il était toujours au large.
«Mon anxiété vient de monter», a écrit la mère à 10h10, ajoutant qu'un autre collègue denturologiste venait de lui conseiller de verrouiller ses portes.
Deux minutes plus tard, la fille a répondu: «Je peux comprendre cela. J'aimerais tellement pouvoir te serrer très fort.» Elle a ensuite tenté de rassurer sa mère en lui disant qu'il y avait une longue route à faire sans être repéré entre Portapique et chez elle.
Mme Goulet a suivi en s'étonnant de l'annonce des policiers sur Twitter selon laquelle le suspect se déplaçait dans un véhicule maquillé aux couleurs de la GRC.
Les deux femmes ont continué d'échanger en suivant la trace du tueur dont les témoignages le plaçaient à Wentworth et plus tard à Debert et Onslow.
Gina Goulet a dit songer à se rendre à l'épicerie, mais sa fille lui a suggéré qu'il serait probablement plus sécuritaire de rester à la maison en attendant que les policiers interpellent le suspect.
Photo: Un monument à la mémoire des victimes de la tuerie en Nouvelle-Écosse, en avril 2020. Crédit: Andrew Vaughan | La Presse canadienne
Le dernier message de Mme Goulet est à glacer le sang: «Je suis nerveuse. J'espère qu'ils vont bloquer les routes, écrit-elle. Comme je disais, il est intelligent. Presque trop intelligent.»
Selon les informations transmises à la commission d'enquête, la mère aurait tenté d'appeler sa fille à 10h58, mais quand cette dernière a répondu, elle n'entendait pas de voix. Elle a alors tenté de rappeler à répétition.
Quelques minutes plus tôt, le tueur venait d'abattre la policière Heidi Stevenson ainsi que Joey Webber, un jeune homme qui s'était arrêté pour offrir son aide. Le suspect roulait sur l'autoroute 224 à bord du VUS de M. Webber.
Un témoin a déclaré devant la commission d'enquête que Gabriel Wortman était passé devant la résidence de Mme Goulet avant de faire demi-tour pour y retourner.
D'après le document déposé devant la commission, le tueur aurait stationné son véhicule dans la cour arrière, à l'abri des regards. Des policiers de la GRC à sa recherche seraient passés tout droit.
Le tireur serait entré dans la maison entre cinq et dix minutes pour commettre un dernier meurtre avant de fuir avec le véhicule de Mme Goulet.
C'est la fille de Mme Goulet, Amelia, et son conjoint David Butler qui feront la découverte de son corps un peu avant midi.
Dans une déclaration de la famille transmise à la commission, les proches de Mme Goulet ont dit s'être sentis laissés de côté par la GRC après le drame.
Pendant des jours, ils ont attendu des nouvelles des enquêteurs alors que personne n'a communiqué avec eux pour leur confirmer ce qui s'était produit et que Mme Goulet avait été assassinée.