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Les hommes sont plus nombreux (23 %) que les femmes (16 %) à consommer du cannabis, révèle l'étude publié mercredi par l'Institut de la statistique du Québec (ISQ).
Près d'un Québécois sur cinq (19 %) a consommé du cannabis en 2022, une proportion similaire à celle constatée l'année précédente. Néanmoins, la consommation de cannabis a crû de 5 % depuis la légalisation de cette drogue récréative, indique le rapport de l'Enquête québécoise sur le cannabis 2022 publié mercredi par l'Institut de la statistique du Québec (ISQ).
«C'est la quatrième enquête qu'on réalise annuellement sur le sujet, explique Florence Conus, chargée de projet d'enquête pour l'ISQ. On a détecté des changements dès 2018, mais ce qui est intéressant, c'est qu'entre 2021 et 2022, on en a remarqué beaucoup moins aussi bien sur le nombre de consommateurs que sur leurs habitudes de consommation.»
Les hommes sont plus nombreux (23 %) que les femmes (16 %) à consommer du cannabis, révèle l'étude.
Ce sont les personnes âgées de 21 à 34 ans qui consomment le plus de cannabis. En effet, quatre jeunes adultes sur 10 âgés de 21 à 24 ans ont consommé du cannabis en 2022; chez les 25-34 ans, cette proportion se situe à 37 %. L'ISQ note que les consommateurs de 25 ans et plus sont plus nombreux qu'en 2018 à se procurer du cannabis, alors qu'une diminution des consommateurs d'âge mineur (15-17 ans) a été observée.
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L'âge moyen d'initiation au cannabis a d'ailleurs augmenté de 0,5 an sur une période de quatre ans et se situe actuellement à 16,4 ans. L'ISQ étudie actuellement plusieurs hypothèses qui peuvent expliquer ce phénomène.
«Pour nous, que l'âge d'initiation augmente gentiment est une bonne nouvelle d'un point de vue de santé publique, comme le fait que moins de jeunes consomment le cannabis, commente Mme Conus. On veut continuer de suivre cette évolution dans les prochaines années pour voir si ça va encore dans ce sens-là.»
La fréquence de consommation de cannabis a pour sa part peu varié depuis cinq ans, constate également l'ISQ. Un peu moins de la moitié (42 %) des Québécois ayant consommé du cannabis disent le faire moins d'une fois par mois, alors qu'un utilisateur sur cinq (19 %) est un adepte occasionnel avec d'un à trois épisodes de consommation chaque mois. Un consommateur sur quatre (24 %) consomme du cannabis entre une et six fois par semaine et 14 % en prennent chaque jour.
Par ailleurs, la pandémie a fait en sorte qu'une personne sur cinq (20 %) a augmenté sa consommation de cannabis. Pour trois utilisateurs sur quatre (77 %), le contexte sanitaire n'a pas eu d'incidence sur leur consommation alors que 2 % des répondants ont indiqué avoir diminué leur prise de cannabis.
Enfin, révèle l'enquête, les personnes souffrant davantage de détresse psychologique et celles qui se sentent insatisfaites de leur vie sont plus susceptibles de consommer du cannabis.
En 2022 comme en 2021, deux consommateurs de cannabis sur trois (67 %) s'en sont procuré auprès de la Société québécoise du cannabis (SQDC).
Les raisons qui ont découragé les consommateurs de faire affaire avec la société d'État dans la dernière année étaient le prix des produits, l'absence de produits vendus sous la forme désirée, comme des produits comestibles, le fait d'être identifié comme un consommateur, l'absence de produits contenant la valeur en THC ou en CBD désirée de même que la difficulté d'accès aux points de vente.
«Le prix demeure une des raisons importantes qui dissuadent les gens d'aller à la SQDC, reconnaît Mme Conus. Je crois qu'à la SQDC, on est au courant de la situation, mais il faudrait consulter leur offre. Il y a maintenant plus de produits qu'on peut acheter en plus grande quantité ou à des prix plus intéressants, mais toujours à l'intérieur du cadre légal. Quand on regarde la situation d'un point de vue de santé publique, on préfère que les gens consomment des produits de cannabis dont la qualité est contrôlée et qui sont sécuritaires.»
En outre, «près de 41 % se sont approvisionnés auprès d’un membre de la famille, d’un ami ou d’une connaissance, et 8 % auprès d’un fournisseur illégal, une proportion qui a diminué depuis 2021 alors qu’elle était de 11 %», révèle l'étude, spécifiant que les répondants peuvent avoir identifié plus d'une source d'approvisionnement.
Les consommateurs de cannabis préfèrent toujours fumer celui-ci; ils l'ont fait dans une proportion de 82 % en 2022.
La consommation sous forme de gouttes orales ou dans un produit alimentaire a pour sa part séduit respectivement 30 % et 33 % des amateurs de cannabis.
Néanmoins, parmi les différentes façons de consommer le cannabis, le vapotage est celle qui a le plus gagné d'adeptes au cours de la dernière année, relève l'ISQ, et ce, même si la vente de produits de vapotage du cannabis est interdite au Québec.
Si en 2021, 19 % des consommateurs de cannabis avaient vapoté, ils étaient 24 % l'an dernier.
Les consommateurs de 15 à 17 ans sont toutefois ceux qui ont vapoté le plus en 2022, dans une proportion de 70 %. L'année précédente, ils n'étaient que 44 % à avoir essayé la vapoteuse et en 2019, année où l'ISQ a commencé à documenter le phénomène, on n'en comptait que 25 %.
La facilité de se procurer en ligne des vapoteuses, communément appelées «wax pens», explique en partie cet enjeu.
«Internet joue un grand rôle là-dedans. Les jeunes sont un groupe de population constamment connecté, donc il y a quelque chose qui se passe là», indique Mme Conus.
La prochaine EQC s'attardera d'ailleurs à documenter davantage la situation, en demandant aux jeunes répondants de quelle manière ils sont initiés à cette forme de consommation et comment ils réussissent à se procurer ces produits pourtant illégaux dans la province.
Près de huit répondants sur dix ont vu ou entendu des messages de sensibilisation concernant le cannabis dans les 12 mois précédant l'enquête.
Les jeunes de 15 à 17 ans ont indiqué avoir été exposés à ces contenus dans une plus grande proportion (91 %) que leurs aînés de 18 à 20 ans (88 %) et les 21-24 ans (86 %).
L'EQC a été menée auprès un échantillon de 22 463 Québécois âgés de 15 ans et plus. Du nombre, 12 395 ont répondu au questionnaire, soit en ligne ou par téléphone, entre le 2 février et le 27 juin 2022.