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Santé

Les scientifiques se penchent sur les réels bénéfices liés au microdosage

Marine Corps combat veteran Matt Metzger poses for a portrait with a plate of mushrooms that he grows himself for microdosing psilocybin, Wednesday, March 26, 2025, in Olympia, Wash. (AP Photo/Lindsey Wasson)
Marine Corps combat veteran Matt Metzger poses for a portrait with a plate of mushrooms that he grows himself for microdosing psilocybin, Wednesday, March 26, 2025, in Olympia, Wash. (AP Photo/Lindsey Wasson)

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Associated Press
Associated Press

Si la science est encore trop récente concernant le microdosage, qui gagne en popularité, les recherches se poursuivent quant aux véritables effets de cette pratique. Une courte étude a tout de même suggéré que les bénéfices psychologiques perçus pourraient être liés aux attentes des utilisateurs, autrement dit à un effet placebo.

Le microdosage intéresse de plus en plus la nouvelle génération, qui est constamment en quête de bien-être. Cette pratique consiste à consommer de très faibles quantités de psilocybine –des champignons hallucinogènes– ou de LSD dans le but de réduire l’anxiété, le stress et la dépression. Certains affirment même que cette méthode leur procure une joie, une créativité et un sentiment de connexion qu’ils ne parviennent pas à atteindre autrement.

Il ne s’agit pas ici d’un véritable «trip» à l’acide. Par exemple, si vous avez des hallucinations, il ne s’agit pas d’une microdose. De plus, les adeptes du microdosage n’en prennent pas quotidiennement : ils consomment ces petites doses de manière intermittente, selon un calendrier précis ou en fonction de leurs besoins.

Bien que ces substances soient illégales dans la plupart des pays, la vague de recherches scientifiques sur les effets potentiels des expériences hallucinatoires encadrées a poussé des États comme l’Oregon et le Colorado à légaliser la thérapie psychédélique. Dans certaines villes, les autorités ont même officiellement demandé à la police de ne plus faire de la répression des substances psychédéliques une priorité, ouvrant encore davantage la voie à la pratique du microdosage.

Qu’en pensent les personnes qui pratiquent le microdosage ?

«J’ai commencé le microdosage et, en quelques mois, j’ai ressenti un bien-être général que je n’avais pas connu depuis longtemps», témoigne Matt Metzger. Cet ancien combattant du Corps des Marines des États-Unis cultive ses propres champignons à Olympia, dans l’État de Washington, où la psilocybine a été dépénalisée. Il affirme que de petites quantités de psilocybine l’aident à gérer son syndrome de stress post-traumatique.

À Loveland, dans le Colorado, Aubrie Gates affirme que le microdosage de psilocybine l’aide à être une meilleure mère et stimule sa créativité. «Cela vous permet de ressentir physiquement une nouvelle manière d’être, plus saine, explique-t-elle. Et au lieu de simplement se dire : "Je dois être plus présente", on ressent vraiment ce que cela signifie d’être présent.»

Que dit la science à ce sujet ?

Ce type d’affirmation est difficile à vérifier et à mesurer en laboratoire, expliquent les scientifiques. La croyance joue en effet un rôle si important dans l’expérience que de simples pilules vides peuvent produire les mêmes effets.

Dans une étude sur le microdosage, les participants ont découvert seulement après l’expérimentation s’ils avaient reçu leurs microdoses habituelles ou un placebo pendant les quatre semaines. Les résultats ont montré des effets psychologiques positifs pour tous les participants, qu’ils aient consommé des microdoses ou des gélules vides.

«Il semble que j’ai effectivement pris des placebos tout au long de l’essai. Je suis assez étonné, a écrit l’un des participants. Il semble que j’aie pu générer une puissante expérience de "conscience altérée" simplement par l’attente d’une microdose.»

Les scientifiques n'ont pas constaté d'effets durables sur la créativité ou la cognition, selon une analyse d'une poignée de petits essais contrôlés par placebo sur le microdosage de LSD.

Une petite étude a cependant révélé que de faibles doses de LSD pouvaient améliorer la vitalité et la joie de vivre chez des personnes souffrant de dépression légère, par rapport à un placebo. «Il se peut que cela ne fonctionne que chez certaines personnes et pas chez d’autres, ce qui complique les mesures en laboratoire», précise Harriet de Wit, chercheuse en neurosciences à l’Université de Chicago, qui a dirigé cette recherche.

Ce potentiel a poussé une société australienne à lancer des essais cliniques sur le microdosage de LSD en vue de traiter de graves dépressions ou des patients atteints de cancer en situation de désespoir.

En revanche, peu d'études rigoureuses sur le microdosage de psilocybine ont été réalisées.

Selon un rapport du groupe de recherche indépendant Rand, les champignons à psilocybine sont aujourd’hui les substances psychédéliques les plus consommées. En 2023, environ 8 millions d’Américains en auraient consommé, et la moitié d’entre eux déclarent avoir microdosé lors de leur dernière consommation.

Quelques mises en garde

Même les partisans du microdosage préviennent que les effets à long terme n'ont pas été étudiés chez l'humain.

Autres avertissements : les produits non réglementés issus de sources douteuses peuvent contenir des substances dangereuses, et un dosage excessif pourrait provoquer des effets indésirables.

L'association à but non lucratif Fireside Project propose une assistance téléphonique gratuite aux personnes en pleine expérience psychédélique, et a reçu des centaines d'appels concernant le microdosage.

«Les gens appellent parfois simplement pour digérer leur expérience», explique Josh White, fondateur de l'organisation. M. White microdose l'iboga et le LSD afin de «continuer à approfondir la compréhension de sa vie» acquise lors d'une expérience psychédélique complète.

Balazs Szigeti, de l'Université de Californie à San Francisco, qui étudie le microdosage, affirme qu'il pourrait s'agir d'un moyen d'exploiter consciemment l'effet placebo.

«C'est comme une prophétie autoréalisatrice, conclut M. Szigeti. Les personnes intéressées par le microdosage devraient l'essayer, mais seulement si elles sont enthousiastes et si elles ont des attentes positives quant à ses bienfaits.»

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Associated Press
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