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Lorsque Thomas Hartle se livre à une séance de traitement à la psilocybine, l’anxiété de fin de vie, les distractions et des maux associés à son cancer du côlon en phase terminale disparaissent.
Lorsque Thomas Hartle se livre à une séance de traitement à la psilocybine, l’anxiété de fin de vie, les distractions et des maux associés à son cancer du côlon en phase terminale disparaissent.
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«Avant le traitement, c’est comme si vous étiez assis dans votre voiture. C’est l’été. Vous avez les fenêtres baissées, vous êtes coincé dans la circulation aux heures de pointe, c’est bruyant... C’est désagréable», mentionne M. Hartle, qui vit en Saskatchewan.
«Votre chanson préférée est à la radio, mais vous ne pouvez pas vraiment l’apprécier parce que toutes les autres distractions vous empêchent même de remarquer que la radio est allumée. Après un traitement à la psilocybine, (c’est comme si) vous étiez toujours dans votre voiture, dans la circulation, mais vous avez les vitres ouvertes, la climatisation est allumée et c’est silencieux. Il n’y a que vous et la musique.»
Hartle, 54 ans, est l'un des rares Canadiens à avoir reçu une psychothérapie psychédélique légale pour un problème de santé mentale depuis que Santé Canada a facilité en janvier l'accès à la psilocybine - le composé hallucinogène présent dans certains champignons.
À Montréal, pendant ce temps, une clinique pionnière dans le domaine émergent de la psychothérapie assistée par les psychédéliques est sur le point de devenir le premier établissement de santé au Québec à traiter légalement la dépression avec de la psilocybine.
«C’est un privilège de pouvoir accompagner les gens dans l’exploration de leur détresse psychologique et d’offrir quelque chose de différent des traitements conventionnels comme les antidépresseurs», a expliqué le Dr Andrew Bui-Nguyen, de la clinique Mindspace by Numinus, dans une récente interview.
Bui-Nguyen a soutenu que sa clinique avait reçu l’approbation de Santé Canada le 5 mai pour soigner un patient qui avait subi plusieurs traitements infructueux contre la dépression.
«Il y a une procédure de dépistage rigoureuse», a assuré Bui-Nguyen, ajoutant que le régime d’assurance maladie du Québec ne couvre pas le traitement. «On regarde le diagnostic, les antécédents médicaux, s’il y a un risque de dépendance, quels traitements ont déjà été essayés... Il a dû y avoir beaucoup de traitements en amont donc l’application est solide.»
Le 5 janvier, Santé Canada a rétabli son «Programme d’accès spécial» - aboli sous l’ancien premier ministre Stephen Harper en 2013 - permettant aux experts en soins de santé de demander l’accès à des médicaments restreints dont la vente n’a pas encore été autorisée dans le pays.
Avant janvier, les gens ne pouvaient accéder à la psychothérapie assistée par des psychédéliques que par le biais d’essais cliniques ou d’exemptions médicales. Désormais, les experts agréés peuvent déposer des demandes au nom de patients souffrant de troubles mentaux tels que le trouble de stress post-traumatique, la dépression et l’anxiété, mais pour lesquels le traitement conventionnel a échoué.
Santé Canada affirme avoir reçu 15 demandes d’utilisation de psilocybine ou de MDMA - une drogue psychédélique aux propriétés stimulantes - depuis la reprise du programme.
En avril, une clinique appelée Roots To Thrive, à Nanaimo, en Colombie-Britannique, est devenue le premier centre de santé au Canada à offrir un programme légal de thérapie de groupe à la psilocybine, auquel Hartle a participé.
«Il ne s’agit pas seulement de prendre des psychédéliques. C’est juste un outil dans le processus ; la thérapie est cruciale pour obtenir un bon résultat», a fait savoir M. Hartle.
Le traitement assisté par psychédélique, explique Bui-Nguyen, nécessite plusieurs séances de thérapie avant et après que les patients eut expérimenté la drogue. Les patients consommeront de la psilocybine sous la supervision de deux psychothérapeutes et resteront dans l’environnement sécurisé de la clinique jusqu’à six heures.
«Ce n’est pas miraculeux», a déclaré Bui-Nguyen. «Tu ne prends pas de psilocybine et c’est tout, un trip psychédélique et après la dépression est guérie, non ! Le patient a beaucoup de travail à faire. Mais ça ouvre des perspectives ; ça crée de nouvelles voies dans le cerveau». Le patient explore alors de nouvelles voies pour sortir de la dépression.
Dans la plus grande étude au monde sur l’effet des psychédéliques sur le cerveau, publiée en mars dans la revue Science Advances, l’auteur principal Danilo Bzdok a démontré que les drogues psychédéliques pourraient bien être la prochaine grande avancée à améliorer les soins cliniques des principaux problèmes de santé mentale.
«Il y a quelque chose comme une renaissance, un réveil des psychédéliques», a dit Bzdok, professeur agrégé au département de génie biomédical de l'Université McGill, lors d'une récente entrevue.
Il affirme que les avantages fondés sur des preuves sont très prometteurs. Les patients, a-t-il évoqué, disent avoir ressenti jusqu'à six mois d'effets durables après une seule séance de thérapie assistée par psychédélique. Ils ont également connu une réduction des symptômes associés aux problèmes de santé mentale, a déclaré Bzdok, ajoutant qu'il y avait moins d'effets secondaires par rapport aux antidépresseurs.
Le PDG de Mindspace by Numinus, Payton Nyquvest, a raconté que les psychédéliques ont le potentiel de devenir un traitement répandu. Alors que Santé Canada continue d'approuver davantage de demandes, il espère que la reconnaissance rendra le traitement beaucoup plus accessible.
«Nous n'avons pas vu d'innovation significative dans les soins de santé mentale depuis probablement plus de 40 ans», a soutenu Nyquvest dans une récente entrevue.
«Nous sommes à une époque où de nouveaux et meilleurs traitements pour la santé mentale sont plus que jamais nécessaires. Peu importe ce que vous regardez, la dépression, l’anxiété et les idées suicidaires... ce sont tous des cas qui continuent d’ augmenter. Les psychédéliques représentent une opportunité d’avoir un impact significatif.»
La propre expérience de Hartle a fait écho à ces espoirs. «L’amélioration de ma santé mentale est si jour et nuit qu’il serait difficile de dire tout ce que cela fait pour moi», a-t-il avoué.
«J’ai toujours un cancer. J’ai toujours des difficultés avec ce qu’il me fait physiquement, mais il y a des jours où je n’y pense même pas. Que feriez-vous pour avoir une journée où vous vous sentiriez tout simplement ordinaire?»