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«On aime Jean-Pierre!»
C’est vendredi qu’a eu lieu la cérémonie de la chapelle ardente à la mémoire du légendaire Jean-Pierre Ferland, à Montréal.
Pour l’occasion, proches et dignitaires, dont le premier ministre François Legault ainsi que la mairesse Valérie Plante, se sont déplacés pour présenter leurs hommages au Théâtre Maisonneuve de la place des Arts.
François Legault a été le premier invité à rencontrer les membres de la famille Ferland devant l’urne du chanteur, près de laquelle avaient été déposés des trophées Félix, des photos de l’artiste et des fleurs jaunes, en l’honneur du célèbre album Jaune, produit en 1970.
«J'aurais rêvé d'écrire ses chansons d'amour pour Isabelle», a ajouté M. Legault en souriant, alors qu’il était accompagné de sa femme Isabelle Brais.
«Que ce soit Une chance qu’on s’a ou T’es belle, c’était vraiment un chanteur de charme», a souligné le premier ministre.
«On aime Jean-Pierre!», a pour sa part déclaré la mairesse Valérie Plante qui a souligné que son équipe était fière d’avoir pu lui rendre hommage de son vivant en inaugurant La place des Fleurs-de-Macadam, située sur l’avenue du Mont-Royal.
Le site abritait anciennement une station-service exploitée par Armand Ferland, le père du célèbre auteur-compositeur-interprète. La place porte le nom de la chanson Les Fleurs de Macadam pour cette raison.
Pour le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe, qui était également présent vendredi matin, Jean Pierre Ferland se classe dans la catégorie des «monuments» de la culture québécoise.
«Il fait partie de cette génération d'artistes et de grands Québécois, de grandes Québécoises, qui ont construit le Québec culturel, la scène culturelle québécoise, la culture québécoise et à une époque où tout était à construire, à une époque où la Place des Arts n'existait pas, à une époque où on n'avait non seulement pas d'infrastructures culturelles, mais on n'avait pas de scène musicale», a souligné le ministre.
Les Québécois qui souhaitent rendre un dernier hommage à Jean-Pierre Ferland ont l'occasion de le faire vendredi à Montréal. Un registre de condoléances est à la disposition de ceux désirant offrir un témoignage à la famille du défunt.
Suivront les funérailles nationales samedi à la Basilique-cathédrales du monde, pendant que le drapeau du Québec sera mis en berne à l’Assemblée nationale de l’aube au crépuscule.
M. Ferland est décédé le 27 avril de cause naturelle à l’âge de 89 ans.
L’iconique chanteur québécois avait été hospitalisé le 14 février dernier au CHSLD Desy dans Lanaudière. Il avait souffert d'un problème aux poumons. Une chute avait entraîné les douleurs. C'est à ce CHSLD qu'il a rendu l'âme.
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Né le 24 juin 1934 à Montréal, le charismatique chanteur fait ses débuts artistiques à la télévision de Radio-Canada comme commis, avant de quitter la chaîne publique pour se joindre au groupe de chansonnier Les Bozos.
En 1959, il chante pour la toute première fois à la télévision à l'émission Music Hall.
L'éternel romantique remporte en 1962 le concours Chanson sur mesure de Radio-Canada et le grand prix du Gala international de la chanson à Bruxelles pour sa chanson Feuilles de gui.
Il cumule dans les années 60 plusieurs distinctions et est nommé animateur de quelques émissions télévisées, dont Jeunesse oblige, qui offre une tribune aux jeunes chansonniers québécois.
Au milieu des années 60, Jean-Pierre Ferland s’installe en France pendant un moment et voit rapidement sa popularité prendre de l’ampleur. Son séjour lui inspire Je reviens chez nous, une chanson qui prendra sa place dans les palmarès des chansons francophones.
L'album Jaune, considéré comme une oeuvre majeure dans l'histoire musicale du Québec, paraît en 1970 et marque un tournant dans la carrière du chanteur.
C'est la «facture résolument moderne, la qualité de son enregistrement et la force de son concept» de l'album, comme le dit le Conseil des arts et lettres du Québec, qui convainc autant les critiques que le public et lui mérite le sacre du meilleur album du Québec aux yeux de plusieurs experts. Il se vend 60 000 copies en un an.
Le 24 juin 1975, jour d’anniversaire qu’il partage avec la fête nationale du Québec, Jean-Pierre Ferland se produit sur scène avec 10 femmes sur le mont Royal. C’est lors de cette soirée que Ginette Reno chante Un peu plus haut – une performance qui la suivra toute le reste de sa carrière. Les deux grands de la chanson québécoise l’interprèteront avec Céline Dion 33 ans plus tard lors du 400e anniversaire de Québec.
M. Ferland retourne animer à la télévision dans les années 80, notamment à l'émission Station Soleil, diffusée sur les ondes de Radio-Québec.
Malgré une pause d’enregistrement de disques à la fin des années 80, Jean-Pierre Ferland multiplie les apparitions sur scène. Il participe également au projet collectif Les Yeux de la faim, entouré des plus grandes stars du moment comme Yvon Deschamps, Nanette Workman, Gilles Vigneault, Céline Dion et Daniel Lavoie pour en nommer quelques-uns. La chanson issue du projet de la Fondation Québec Afrique entrera dans le palmarès en et restera eu sommet pendant sept semaines.
Ferland récidive en 1992 avec Bleu, blanc, blues, en 1995 avec Écoute pas ça puis en 1999 avec L’amour c’est d’l’ouvrage. Plusieurs de ses grands succès voient le jour –T’es belle, Montréal est une femme et Une chance qu’on s’a.
Au total, Jean-Pierre Ferland publiera 30 albums au cours de sa carrière, en plus de composer 450 chansons. Il est fait Officier de l'Ordre du Canada en 1996, et Chevalier de l'Ordre national du Québec en 2003.
M. Ferland a chanté avec les plus grands artistes de la chanson québécoise, dont Céline Dion et Ginette Reno, et a publié en 2021 Mes secrets d’amour, un recueil de certaines de ses meilleures chansons récitées.
M. Ferland laisse dans le deuil sa conjointe Julie Anne Saumur, ses enfants Julie et Bruno, ses petits-enfants Édouard, Charlotte, Loïc et Jean-Félix, ainsi que son arrière-petite-fille Livia.
Avec les informations de La Presse canadienne