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Patrouille

Entités terroristes: la GRC satisfaite de l'ajout des cartels du crime sur la liste

Le commissaire de la GRC Mike Duheme quitte une conférence de presse au siège national de la GRC à Ottawa, le lundi 14 octobre 2024. M. Duheme accueille favorablement le plan fédéral visant à inscrire les groupes du crime organisé sur la liste des entités terroristes.
Le commissaire de la GRC Mike Duheme quitte une conférence de presse au siège national de la GRC à Ottawa, le lundi 14 octobre 2024. M. Duheme accueille favorablement le plan fédéral visant à inscrire les groupes du crime organisé sur la liste des entités terroristes.
Jim Bronskill
Jim Bronskill / La Presse canadienne

Le commissaire de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), Mike Duheme, a déclaré qu'une décision du gouvernement fédéral visant à classer les cartels du crime organisé comme entités terroristes pour lutter contre le trafic de fentanyl donnerait à la GRC davantage d'outils pour engager des poursuites et faire appliquer la loi. 

Dans une entrevue accordée jeudi, M. Duheme a également dit qu'il voyait de la valeur dans le projet du gouvernement de nommer un «tsar» national du fentanyl, car cela permettrait à une seule personne d'avoir une vue d'ensemble de la fabrication et de la distribution de cette drogue dangereuse.

Le président américain Donald Trump a menacé d'imposer des tarifs élevés au Canada, invoquant le flux de migrants et de drogues vers le sud, y compris le fentanyl.

Les statistiques des patrouilles frontalières américaines montrent que moins d'un pour cent du fentanyl saisi se trouve à la frontière nord.

M. Trump a accepté une pause d'un mois sur les tarifs pendant que les États-Unis évaluent si les récentes actions du Canada répondent à ses exigences.

Le gouvernement fédéral a dévoilé en décembre un plan de 1,3 milliard $ pour renforcer la sécurité et la surveillance à la frontière canado-américaine. Cette semaine, le gouvernement a annoncé des plans supplémentaires pour un «tsar» du fentanyl, une nouvelle capacité de collecte de renseignements sur le crime organisé transnational et une initiative visant à inscrire les cartels de la drogue sur la liste des organisations terroristes.

Le processus d'inscription commence par des rapports de renseignement qui indiquent si une organisation a sciemment mené, tenté de mener, participé ou facilité une activité terroriste.

Si le ministre de la Sécurité publique estime que ce seuil a été atteint, il peut recommander au cabinet fédéral que l'organisation soit ajoutée à la liste. La liste est ensuite publiée si le cabinet est d'accord avec la recommandation.

Un groupe inscrit n'est pas interdit et le fait d'être inscrit sur la liste n'est pas un crime, mais la désignation a pour effet de geler les actifs et les biens d'un groupe inscrit, qui sont également sujets à saisie ou confiscation.

«C'est un outil supplémentaire pour les forces de l'ordre lorsque nous envisageons de porter des accusations», a indiqué M. Duheme.

Des bandes de motards pourraient être des «cartels»

Le terme «cartel» pourrait évoquer des notions de barons de la drogue conspirant dans les pays d'Amérique latine.

M. Duheme a noté qu'un cartel peut être défini comme un groupe de participants indépendants du marché qui s'entendent et conviennent de ne pas se faire concurrence.

«On pourrait utiliser le terme cartel pour n'importe quel groupe du crime organisé, a-t-il expliqué. Comme ils se partagent le territoire, ils veulent s'assurer que le prix du marché est le même.»

Les guerres de territoire ne se produisent que lorsque «les gens ont trop faim» et veulent étendre leur territoire, a-t-il dit.

«Je pense qu'il y a beaucoup de bandes de motards hors-la-loi qui peuvent également être qualifiées de cartels», a-t-il ajouté.

Un récent rapport du Service canadien de renseignements criminels indique que les groupes du crime organisé impliqués dans la fabrication du fentanyl opèrent principalement en Colombie-Britannique et en Ontario. Au-delà de ces provinces, les groupes criminels se livrent à la distribution et au trafic, et s'appuient de plus en plus sur les gangs de rue et les bandes de motards hors-la-loi, selon le document.

Le ministre de la Sécurité publique, David McGuinty, a été interrogé jeudi pour savoir si les listes de terroristes prévues pourraient inclure les bandes de motards hors-la-loi.

«Nous aurons plus à dire sur ce processus d'inscription et sur les personnes qui y figurent en temps voulu», a-t-il affirmé.

M. Duheme a indiqué que le Bureau du Conseil privé travaillait toujours à définir le rôle du «tsar» du fentanyl.

Il a toutefois suggéré que le «tsar» recueillerait des informations auprès de la GRC et d'autres organismes pour donner au premier ministre et au cabinet une idée générale de «tout ce qui se passe au Canada en ce qui concerne le fentanyl».

M. McGuinty a dit jeudi que le mandat du nouveau poste serait bientôt finalisé.

«Le rôle du tsar du fentanyl sera de nous aider à intégrer ce qui constitue un défi pour l'ensemble de la société», a-t-il déclaré.

«Le fentanyl est une question de politique étrangère. C'est une question d'application de la loi. C'est une question de renseignement. C'est une question de santé publique. C'est une question de traçage des ingrédients qui finissent par être utilisés dans la production de fentanyl, les précurseurs.»

Plus de surveillance à la frontière

Le plan fédéral de sécurité des frontières annoncé en décembre comprenait une force opérationnelle de renseignement aérien pour la surveillance 24 heures sur 24 de la frontière canadienne à l'aide d'hélicoptères, de drones et de tours de surveillance.

Le Canada a également proposé aux États-Unis la création d'une «force de frappe conjointe» nord-américaine pour cibler les groupes du crime organisé qui opèrent au-delà des frontières.

M. Duheme a déclaré que la GRC prévoit de louer deux hélicoptères Black Hawk l'année prochaine pour compléter la paire qui a commencé à patrouiller à la frontière le mois dernier.

Il a affirmé que la composante canadienne de la force de frappe conjointe comprendrait cinq équipes de policiers de la GRC et d'autres à travers le pays pour se concentrer uniquement sur le fentanyl, «des trafiquants aux laboratoires en passant par le flux de précurseurs».

La force de frappe impliquera également des équipes aux États-Unis qui collaborent avec leurs homologues canadiens, a ajouté M. Duheme.

Bien que la quantité de fentanyl provenant du Canada soit relativement faible et que le nombre de migrants en direction du sud appréhendés par la patrouille frontalière américaine ait considérablement diminué, M. McGuinty a déclaré que les préoccupations des États-Unis doivent être prises au sérieux.

«Je pense que nous devrions écouter attentivement tout ce qui vient de la Maison-Blanche et agir en conséquence, a-t-il déclaré. Mais ce qui nous préoccupe vraiment en ce moment, c'est la sécurité publique.» 

M. McGuinty a dit qu'il avait rappelé aux responsables américains que les drogues illicites voyageaient également vers le nord. 

«C'est une voie à double sens», a-t-il déclaré. « La crise du fentanyl est particulièrement flagrante parce que le fentanyl est très mortel – il est mortel au Canada et il est mortel aux États-Unis.» 

— Avec des informations de Nick Murray

Jim Bronskill
Jim Bronskill / La Presse canadienne