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Santé

Des ambulanciers pourraient intervenir davantage dans la communauté dès le printemps

Ces initiatives visent à optimiser la contribution des techniciens ambulanciers paramédicaux en leur confiant des mandats d’intervention dans la communauté.

Ugo Giguère
Ugo Giguère

Toujours à la recherche de nouveaux moyens d'améliorer l'accès aux soins et aux services de santé, Québec se prépare à lancer des projets de paramédecine communautaire au printemps 2024. Ces initiatives visent à optimiser la contribution des techniciens ambulanciers paramédicaux (TAP) en leur confiant des mandats d'intervention dans la communauté.

Lors d'une conférence présentée en avril dernier, dans le cadre du colloque Première ligne à Montréal, le directeur médical national des services préhospitaliers d'urgence, le Dr Alexandre Messier, avait annoncé l'ouverture imminente d'un appel de projets pour les CISSS et les CIUSSS intéressés. Cet appel est finalement venu en juin et le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a indiqué à La Presse Canadienne que les établissements avaient jusqu'au 1er octobre dernier pour déposer leur candidature.

Dix projets ont été reçus, dont deux en provenance des CISSS de la Montérégie et un du CIUSSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal en collaboration avec Urgences-santé. Les autres proviennent des établissements de santé du Bas-Saint-Laurent, du Saguenay Lac-Saint-Jean, de la Capitale-Nationale, de l'Outaouais, de la Gaspésie, de Lanaudière et des Laurentides.

Depuis, le MSSS dit procéder à l'analyse des dossiers en vue de la mise en œuvre de premières initiatives au printemps 2024. La première phase envisagée par Québec concerne des «projets à fort impact» afin d'améliorer «la prise en charge de clientèles» vulnérables, incluant les personnes atteintes de maladies chroniques, les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale ou de toxicomanie ainsi que les personnes en situation d'itinérance. On souhaite également réduire les réadmissions à l'urgence qui pourraient être évitables.

Toujours pour cette première phase, une série d'objectifs a été établie. On cherche à réduire la mortalité, à offrir des soins adaptés aux besoins des patients et à mieux intégrer les services préhospitaliers au reste du continuum de soins, incluant le retour à la maison.

Du même coup, on espère accomplir tout ça en réduisant le nombre de transports ambulanciers ainsi qu'en apaisant la pression sur les unités d'urgence des hôpitaux.

Professeur adjoint et chercheur au Centre de recherche du CHU de Québec, le Dr Éric Mercier est un expert des soins préhospitaliers. À son avis, cette transformation de la pratique des TAP devient nécessaire en raison du vieillissement de la population ainsi que de la complexité grandissante des problèmes de santé à laquelle il faut souvent ajouter des enjeux sociaux.

Ailleurs dans le monde, dont en Australie et en Ontario, la paramédecine communautaire a permis de faire d'importants gains, selon le Dr Mercier, en permettant aux TAP d'agir comme agents liant entre les divers bras du grand réseau de la santé.

«Le système de santé fonctionne actuellement en silos. Le silo clinique hospitalier, puis extrahospitalier avec les cliniques de médecine familiale et les cliniques privées. On a des soins à domicile avec les CLSC et un réseau communautaire. C'est difficile de faire des liens entre ces silos-là. Le paramédic communautaire a cette capacité-là», explique le médecin urgentologue.

«(Le paramédic) peut aller chez les gens, faire une certaine évaluation clinique, donner des conseils, faire de la prévention, mais surtout faire le lien avec les ressources les plus pertinentes dans chacun de ces silos-là en fonction des besoins», poursuit-il.

D'après le Dr Mercier, il faudra prévoir de la formation supplémentaire et de la formation continue, mais les techniciens ambulanciers paramédicaux possèdent déjà une expertise propre et ils pourraient intervenir davantage à l'intérieur de leur champ de compétence.

Il faudra cependant trouver un moyen d'intégrer cette nouvelle offre de service sans nuire au rôle essentiel des ambulanciers de répondre aux appels d'urgence. Le Dr Mercier croit qu'il pourrait être plus facile d'ajouter des mandats de visites à domicile dans les régions rurales alors que les grands centres urbains vont probablement devoir créer un service parallèle.

Québec a déjà déployé des pratiques de triage secondaire et de co-évaluation des patients dans plusieurs régions de la province. Cela permet aux TAP de prendre le temps de mieux comprendre les besoins des patients, avec l'aide d'infirmières à distance, afin de diriger les gens vers les bons services plutôt que de les amener obligatoirement à l'unité d'urgence la plus près.

En ce qui concerne la paramédecine d'urgence, le MSSS précise que la majorité des projets reçus visent à offrir des services adaptés aux besoins des patients, à réduire l'achalandage dans les urgences, à améliorer la transition vers le retour à domicile du patient et à mieux intégrer les services paramédicaux dans le continuum de soins.

Ugo Giguère
Ugo Giguère