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«Il devient difficile de vraiment aimer vivre ici. Surtout après un 1er juillet qui fait honte.»
Ce que j’aime le plus durant l’été et les festivals, ce sont les artistes qui déclarent leur amour à la ville.
«Montréal, we love you! We will be back!»
Comment ne pas les comprendre. Nous vivons dans une des plus belles villes du monde.
Ajoutez à cela la saison des festivals, une température quasi idéale, un soleil est au rendez-vous.
Les visages sont colorés, en santé. On se rejoint et on célèbre le retour de l’été tous ensemble.
Sauf que… ben sauf qu’il devient difficile de vraiment aimer vivre ici. Surtout après un 1er juillet qui fait honte.
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Ceci n’est pas une chronique qui dit que Montréal est sale et c’est horrible d’y vivre parce que c’est laid. Je l’ai dit dans une précédente chronique. La ville est belle. J’ai l’intention d’y vivre et de m’y établir pour toujours. À tel point que je retarde l’acquisition d’une propriété pour pouvoir acheter à Montréal — et déjà, ça pourrait être le sujet d’une chronique, l’acquisition impossible de propriété pour les milléniaux Montréalais.
Revenons au 1er juillet. Récemment, mon collègue Étienne Fortin-Gauthier a couvert la situation du 1er juillet en ville. Selon le FRAPRU, c’est 150 ménages à Montréal qui se retrouvaient à la rue. Du jamais vu, et ce n’est pas par manque de disponibilité de logements… c’est par manque d’accessibilité. Un 4 et demi à 1500 $ à Montréal n’a aucun sens. Nos salaires ne sont pas aussi élevés qu’à Toronto ou à Vancouver. Pourquoi nos loyers devraient-ils nous coûter la moitié de nos revenus mensuels?
Andrée Laforest, lorsque Étienne Fortin-Gauthier lui demande s’il faut s’attendre maintenant à payer des loyers aussi élevés, ne répond pas à la question. Tout d’abord, elle dit que c’est à Montréal que l’on voit ces prix-là (Faux. La situation semble se reproduire en Gaspésie!) et qu’ils aident à coup de 170$ par mois pour payer les logements. Sauf que cette aide est pour les gens défavorisés. Vous, cher.es lecteur.rices, et moi probablement, nous n’en faisons pas partie. Nous sommes issus de la classe moyenne, et par moyenne… ben c’est vraiment moyen présentement d’en faire partie.
La crise de l’abordabilité, la crise du logement, l’inflation… ce sont toutes des choses qui nous touchent de proche. Et malheureusement, ce n’est pas 500$ qui va nous aider à payer nos loyers. Non, loin de là.
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Parallèlement, sur Twitter, Sean Michaels, auteur québécois anglophone, avait partagé en avril une belle carte qui recensait tous les Airbnbs encore disponibles en ville.
Les points rouges sont des locations Airbnb sur le Plateau-Mont-Royal. 95.5% ne sont pas enregistrées. C’est illégal ! Alors que les gens sont évincés et ont de la misère à trouver un logement à prix normal, que fait la CAQ maintenant qu’elle a reconnu la crise? #polqc #assnat pic.twitter.com/nQY6asUAAm
— Ruba Ghazal (@RubaGhazalQS) April 22, 2022
Et non, ce ne sont pas des logements qui partagent une chambre. Ce sont des logements complets. Des logements temporaires, locatifs pour des touristes. Des logements non disponibles à vous, à moi, à vos voisins, vos amis. Comme la situation est presque identique partout dans le monde, certaines villes ont commencé à agir. Paris commence à voir le résultat d’une interdiction des logements locatifs à court terme. Barcelone, quant à elle, s’est alliée à Airbnb qui lui partage les données des logements qui sont sur son site web afin que la ville puisse leur dire quels logements sont illégaux. Résultat? 2577 logements ont été retirés du site. Est-ce que ça fait de Barcelone un désert touristique? Pas du tout! Au contraire! Ça permet tout simplement de régler un problème et aussi, de permettre une cohabitation harmonieuse entre touristes et citoyens.
Qu’est-ce qu’on fait à Montréal pendant ce temps? Étienne Fortin-Gauthier (sérieusement, il est une perle sur ce dossier) a demandé à la mairesse si un bannissement temporaire pourrait aider dans cette crise. Alors qu’elle reconnaît que c’est un problème majeur, elle renvoie la balle au provincial. Elle mentionne aussi que le problème, ce sont ceux qui en font «une business, ceux qui ne suivent pas les règles». Règles dont elle jette la responsabilité sur Québec.
Oui, le provincial a clairement un rôle important à jouer. Oui, le provincial semble ignorer la situation actuelle à Montréal (et dans toute la province…). Oui, le provincial devrait agir plus sévèrement. Mais le comportement de la ville commence à être exaspérant. On ne peut pas éternellement jeter le blâme sur la province et ne rien faire. C’est le temps qu’on prenne les choses en main et qu’on s’insurge un peu plus. Montréal doit revenir aux Montréalais.
Ça fait six ans que j’habite mon logement. Je l’aime pour mourir. Il est grand, lumineux, bien situé. Non, le prix n’est pas élevé. Mes propriétaires sont définitivement des gens biens. Et malgré tout ceci, j’ai quand même une peur bleue de devoir déménager un jour et de me retrouver à trop payer juste pour rester là où j’ai grandi toute ma vie. Puis, à chaque fois que j’entends un artiste qui dit qu’il aime Montréal, que c’est une ville magnifique, je ressens de la fierté.
Mais ces temps-ci, c’est difficile pour moi de dire pareil. J’aimerais tant qu’on retourne comme avant. J’aimerais pouvoir dire à tous qu’il fait bon vivre ici. Parce que, je vais le dire encore et encore… je l’aime d’amour cette ville.
J’aimerais juste qu’elle se batte un peu plus pour ceux qui la font vivre et qui font battre son cœur.