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«Quand on regarde la crise actuelle, la transparence et la rigueur ont certainement manqué et le porte-parole a, au mieux, été malhabile, au pire malhonnête.»
La semaine dernière, Gilles Courteau, commissaire de la Ligue de hockey junior majeure du Québec (LHJMQ), s’est présenté devant les élus de l’Assemblée nationale pour répondre aux questions à leurs questions à la suite des révélations de plusieurs joueurs, dont un de la LHJMQ, concernant des violences horribles qu’ils auraient subies dans le cadre d’initiations à leur arrivée dans le hockey junior canadien.
Dans son témoignage, le commissaire a fait état de plusieurs actions importantes qui étaient prises suite aux informations dévoilées notamment, la mise en place d’un «code vestiaire» afin de mettre fin à une culture du silence sur ce qui se passe dans les vestiaires de la ligue et l’élaboration d’un plan d’action avec l’organisme Sport’aide pour prévenir les violences dans le sport. De bonnes nouvelles, dans les circonstances.
Le problème, c’est que quelques jours plus tard, plusieurs informations ont circulé, laissant croire que monsieur Courteau n’a pas été totalement transparent ou rigoureux dans son témoignage. Il n’a pas lu au complet la déclaration du seul joueur de la LHJMQ impliqué au complet, il ne savait pas qu’elle incluait des allégations de violence sexuelle et qu’il parlait de «bizutage» dans les équipes en 2021, mais pas devant la commission.
Ces éléments ne sont pas nécessairement signe de malhonnêteté, cependant, ils remettent clairement en question la capacité du commissaire de porter un changement de culture dans la ligue.
Pour moi, en gestion de crise, il y’a quelques piliers qui sont essentiels. Je vous en nomme 3, parmi les plus importants. Tout d’abord, la transparence. C’est à travers celle-ci que l’on développe la confiance du public envers une organisation. La transparence est la capacité d’une organisation à donner l’information qu’elle possède au public sans la sélectionner ni l’embellir.
L’autre pilier est la rigueur. Si l’on veut que les gens nous croient, l’organisation doit s’assurer que toute l’information qu’elle diffuse est vérifiée et vraie. Le troisième est la qualité du porte-parole. La capacité du porte-parole à comprendre la gravité de la situation, la réalité des publics touchés et l’importance de son rôle comme accompagnateur permet certainement à une organisation de mieux gérer une crise.
Quand on regarde la crise actuelle, la transparence et la rigueur ont certainement manqué et le porte-parole a, au mieux, été malhabile, au pire malhonnête.
Imaginez la réaction des parents et des joueurs qui doivent choisir de jouer dans la LHJMQ ou pas. Non seulement les scandales sur les initiations sont extrêmement inquiétants pour les parents et pour les joueurs qui ont un choix à faire pour leur hockey junior, mais le principal dirigeant de la ligue tergiverse lorsqu’il parle du sujet.
Il faut se rappeler que les jeunes qui débutent leur hockey junior sont d’âge mineur et ont besoin d’un encadrement qui prend soin d’eux comme hockeyeur et comme être humains. Heureusement, il reste des gens extraordinaires dans la très grande majorité des équipes parce qu’à l’heure actuelle, je ne suis pas sûr que le commissaire de la LHJMQ soit celui qui inspire confiance.
D’ailleurs, c’est pour cela que les propriétaires des équipes de la ligue doivent rapidement nommer la personne qui succède à Gilles Courteau, qui avait déjà annoncé sa retraite pour mai 2024 et l’inviter à devancer cette date.
Le public et tout le monde du hockey ont besoin de regarder vers l’avant et de pouvoir travailler avec quelqu’un qui inspire confiance pour le futur.
C’est la première étape d’un changement de culture.
P.S: Par souci de transparence, je tiens à préciser que j’ai siégé au conseil d’administration de Hockey Québec jusqu’en décembre 2022 et que je conseille l’organisation à titre professionnel. Je n’ai aucun autre lien avec le monde du hockey.