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Les États-Unis, et même le Québec, ont été secoués par une autre fusillade motivée par le racisme.
Les États-Unis, et même le Québec, ont été secoués par une autre fusillade motivée par le racisme. Le 14 mai dernier, un individu de 18 ans est entré dans une épicerie de Buffalo avec l’unique objectif de tuer le plus de noirs possible.
Simplement écrire cette phrase semble irréel en 2022, mais les suprémacistes blancs sont toujours bien présents aux États-Unis. Ils sont aussi de plus en plus visibles et aussi facilement armés.
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Dans un manifeste de 180 pages, le jeune homme a expliqué ses motivations raciales, basées sur le principe du «grand remplacement» et de la menace de voir les Américains blancs de souches «être dilués» dans le panorama démographique du pays.
Dans son texte, il répond lui-même à la question rhétorique, suis-je un suprémaciste blanc? Oui était sa réponse sans équivoque. Il aurait même inscrit White Lives Matter sur le canon de l’une de ses armes en plus d’autres références racistes.
Cet épisode d’une violence inouïe, où 10 Afro-Américains ont perdu la vie, nous rappelle à quel point le racisme peut toujours être présent et à quel point les armes sont accessibles. Joe Biden avait parlé en début de mandat de deux pandémies aux États-Unis : la COVID-19 et la violence par armes à feu. Alors que les Américains semblent mettre la première derrière eux, la deuxième est plus présente que jamais.
Au-delà des thoughts and prayers suivant chaque tragédie, il semble inconcevable de ce côté-ci de la frontière de penser que rien ne peut être fait pour enrayer ce fléau et freiner la libre circulation d’armes. Le deuxième amendement est celui invoqué par les défenseurs du droit de s’armer afin de se défendre.
Bien, mais pourquoi faudrait-il permettre l’achat aussi facile d’armes militaires et de chargeurs à grande capacité qui permettent de faire énormément de dommage en un temps record?
Dans une étude citée dans le New York Times cette semaine, on y apprend qu’entre 1996 et 2019, 77 % des tireurs impliqués dans une tuerie de masse ont acheté légalement les armes qu’ils ont utilisées pour commettre leur crime. On y cite la tuerie à l’école secondaire Marjory Stoneman Douglas en Floride, celle d’une synagogue de Pittsburgh en Pennsylvanie, celle dans un Wal-Mart d’El Paso au Texas et finalement celle de cette semaine à Buffalo dans l’État de New York.
Avant d’aller plus loin, je dois aussi ajouter que les trois dernières ont un autre élément en commun, la motivation raciste et la peur de l’«envahisseur», qu’il soit juif, latino ou encore Afro-Américain.
Malgré le fait que l’État de New York ait des lois parmi les plus strictes au pays, malgré que l’homme de 18 ans ait été évalué psychologiquement après avoir menacé ses camarades de classe, il a quand même pu acheter en toute légalité l’arme qui lui a servi pour commettre l’inimaginable.
Plus encore, même si l’arme avait été impossible à acheter dans l’État de New York, qu’est-ce qui l’aurait empêché de faire quelques heures de route supplémentaires pour se procurer l’arme dans un État aux politiques plus laxistes en la matière ?
«Cette tuerie sera-t-elle celle de trop », est la principale question demandée après un évènement aussi traumatique. Après la tuerie de Sandy Hook, où des enfants d’âge primaire ont été tués, nous nous sommes presque tous dit, «voilà, les choses vont changer».
Crédit photo: The Associated Press
Force est d’admettre que peu importe l’horreur, presque rien ne change en raison du manque de volonté de nombreux élus. La mythique National Rifle Association (NRA) reste encore à ce jour un puissant lobby qui avance le message suivant : «ne les laissez pas prendre vos armes, ça commence avec ça puis ils vont vouloir tout contrôler et vous retirer votre liberté».
Malgré ses problèmes judiciaires dans les dernières années, l’organisation reste extrêmement puissante avec des millions de membres et les poches assez pleines pour aider de nombreux politiciens.
Joe Biden a beau utiliser des images fortes pour parler du problème, reste qu’il y a eu plus de 200 tueries de masse en 2022, que plus de 16 000 personnes ont perdu la vie par armes à feu et que rien ne laisse indiquer que les choses iront en s’améliorant.
Ajoutant à cela les idéologies racistes comme le «grand remplacement» qui polluent le web en toute impunité et des discours prônant la peur de l’autre dans plusieurs grands réseaux américains, nous avons ici une recette pour le moins inquiétante.