Début du contenu principal.
Difficile pour un ado de comprendre la réalité d’un adulte ou la charge financière qui pèse sur les épaules de ses géniteurs. Dans le monde de TikTok, on voit le paraître, l’invention et le temporaire.
Que signifie 1993 pour vous ? La dernière coupe Stanley du CH ? Kurt Cobain encore en vie ? Chose certaine, c’était il y a 30 ans.
Je sais, ça frappe. Pour moi, c’était un secondaire II sans Internet. C’était le droit d’avoir 13 ou 14 ans dans un univers des comparaisons relativement restreint. Quand on revenait de l’école, tout s’arrêtait. Les insultes aussi. L’intimidation avait une frontière: la porte d’entrée de la maison.
On ne voyait pas ce que les autres vivaient, ni ce qu’ils mangeaient, encore moins le luxe de leur maison ou les voyages qu’ils pouvaient faire. Notre comparaison s’arrêtait à nos amis et nos voisins plus ou moins gonflés. Il n’y a pas que Patrick Roy qui a changé de rôle depuis 1993. Le rôle d’un parent en 2023? Élever des ados dans l’univers TikTok.
Pour recevoir toutes les chroniques de Pierre-Yves McSween, abonnez-vous à l'infolettre de Noovo Info.
Difficile pour un ado de comprendre la réalité d’un adulte ou la charge financière qui pèse sur les épaules de ses géniteurs. Ça demeure un mystère. Difficile de croire que la véritable marge de manœuvre de la majorité des ménages est faible. Dans le monde de TikTok, on voit le paraître, l’invention et le temporaire. On ne parle pas beaucoup de syndic, de fraude fiscale, de surendettement et d’échec. L’adolescent voit tout ce qu’il n’a pas et beaucoup de choses qu’il n’aura jamais.
Les constatations clichées sont multiples:
La déconstruction de la réalité inventée demeure le principal défi. Personnellement, j’en ai vu des réalités financières changer, des modèles d’affaires foireux ou des impressions de réussites éphémères. Comme parent, on doit se taper le rôle ingrat de l’éteignoir en vulgarisant les principes de l’impôt, de l’accès au crédit et de la fraude fiscale.
À lire également:
Si le gazon est plus toujours plus vert chez le voisin, c’est parce qu’on le regarde à travers un filtre du moment. Pourquoi ton amie a-t-elle le dernier modèle d’iPhone ? Tu veux mon humble avis ? Ça pourrait être une dépense d’entreprise d’un parent. Je ne dis pas que c’est le cas, mais…
Même comme adulte avec des revenus plus qu’appréciables, j’ai beaucoup de difficultés à m’expliquer le train de vie projeté par de jeunes adultes québécois sur TikTok. Pourquoi ? Allons-y avec des données. Les dernières statistiques sur les dépenses des ménages canadiens remontent à 2019, mais elles nous donnent une idée des proportions des postes de dépenses importants.
Sur les dépenses totales du ménage, on remarque le caractère significatif des catégories suivantes :
Dans la vie d’un ménage canadien de référence, près du 2/3 des dépenses totales de 93 724 $ passent par le logement, l’alimentation, le transport et l’impôt. Il reste donc 1/3 pour tout le reste. C’est-à-dire, les vêtements, les assurances, l’ameublement, les soins, l’éducation, les divertissements, les frais de communication, etc. Et tout ça, c’était avant la COVID-19, la guerre en Ukraine et l’inflation cumulée des dernières années.
Au Québec, on atteint le taux d’imposition marginal le plus élevé de 53,31 % avec un revenu de 235 675 $. Pour chaque dollar supplémentaire gagné, il reste moins de 47 cents. À ce palier de revenu, une dépense supplémentaire de 2000 $ net «coûte» près de 4300 $ en revenu brut. En somme, plus on augmente ses revenus, plus la consommation nous «coûte fiscalement un bras».
Comme un adolescent ne paye généralement pas d’impôt sur son revenu de travail à temps partiel, il est peu soumis à ce genre de réflexion. Même quand on est vu comme « riche » en revenu annuel, la fiscalité ramène la consommation à l’ordre.
Alors, que choisissez-vous ? TikTok ou le réel? La pilule bleue ou la pilule rouge?