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Si l’on a un véhicule encore en état, pourquoi le changer ? Un véhicule électrique, ce n’est pas une solution magique, car la minimisation de la consommation demeure l’objectif collectif.
Il n’y a pas nécessairement d’urgence financière à opter pour une Tesla. On a beau mettre Elon Musk sur un piédestal, une Tesla demeure un véhicule. Un véhicule électrique soit, mais un véhicule quand même. Quand on n’est pas croyant, on n’est pas un apôtre du phénomène. D’ailleurs, l’entreprise vient de baisser significativement le prix de ses véhicules.
L’aveu est clair : le marché de Tesla vivra des bouleversements liés à l’offre et la demande. Les autres constructeurs arrivent avec une offre concurrentielle autant au niveau des marques que des véhicules. Peu importe la technologie qui se greffera sur votre véhicule : le but est de se déplacer. Si l’on a un véhicule encore en état, pourquoi le changer ?
Un choix logique en finances personnelles est de prendre du retard sur l’arrivée d’une technologie. Je suis de l’école qui regarde les excités payer en premier. En marketing, on adore les utilisateurs précoces. Ce sont ces consommateurs prêts à acquérir un produit innovant ou technologique à un prix élevé dans les premières années de commercialisation. Ce sont des enthousiastes, ils trouvent une valorisation d’être là.
Évidemment, la voiture électrique n’est plus dans sa phase de démarrage ou de lancement, mais elle est loin d’avoir atteint sa maturité. On est encore dans des prix élevés liés au développement de la technologie, à l’optimisation de chaîne de production et à la gestion des coûts. On vend encore massivement des véhicules à essence. L’industrie automobile n’est pas encore prête à céder le profit à faire sur les véhicules à essence, voilà pourquoi on nous vend l’idée d’acheter «un dernier véhicule à essence ou hybride» chez les concessionnaires.
Personnellement, j’ai fait le constat suivant. Un véhicule à essence déjà payé avec une consommation de carburant raisonnable en fonction des distances parcourues limitées peut être plus logique financièrement que le changement prématuré dudit véhicule. Si le passage au véhicule électrique est une option pour des questions de distances parcourues ou d’un besoin plus pressant, l’achat d’une Bolt de Chevrolet demeure une option moins prestigieuse et spacieuse, mais plus logique en dollars.
N’oublions pas que les taux de financement des véhicules en 2023 oscillent souvent dans la fourchette de 6 % à 8 %. Le financement d’un véhicule de 50 000 $ à 80 000 $ coûte des milliers de dollars en frais d’intérêts sur le terme. Si on oublie la question des émissions polluantes à l’utilisation, est-ce que j’aime mieux payer du capital et des intérêts sur un nouveau véhicule électrique ou retarder le tout en payant une prime en carburant ?
Il existe des bornes de recharge à Montréal. Il y en a une sur le coin de ma rue. Lors de son implantation, personne ne l’utilisait. Depuis, elle est monopolisée pratiquement en permanence. Alors la question demeure, si vous adoptez l’utilisation du véhicule électrique, ça vous condamne à avoir accès à une prise à la maison ? Que feront les locataires ? Comment les infrastructures se développeront-elles ? Le locataire sera-t-il condamné à payer plus cher pour recharger sa voiture dans des installations commerciales par rapport aux propriétaires avec un accès à une borne de chargement résidentielle ?
Personnellement, j’ai fait des dépôts sur trois voitures électriques provenant de trois constructeurs différents. Vais-je acheter les trois véhicules ? Certainement pas. Je vais être honnête, je ne suis vraiment pas certain d’exercer une seule de ces options liées aux dépôts. Comme les dépôts sont remboursables, cette triple liste d’attente se rationalise.
D’ailleurs, ce sont les concessionnaires eux-mêmes qui encouragent les clients indécis à multiplier lesdits dépôts. Suis-je le seul à avoir une telle stratégie ? Bien sûr que non. Alors, ces listes d’attente créent, selon moi, un faux sentiment d’urgence : elles seront possiblement moins longues que prévu.
La bonne nouvelle pour les acheteurs de voitures électrique : le gouvernement Legault a décrété que la hausse des tarifs d’Hydro-Québec sera inférieure à l’inflation. Par conséquent, cela subventionne économiquement les utilisateurs de voitures électriques. De plus, quand un employé utilise son véhicule personnel à des fins d’affaires, il peut se faire verser une allocation raisonnable en fonction des kilomètres parcourus.
Selon le ministère des Finances du Canada (communiqué du 16 décembre 2022)[1] :
Le calcul gouvernemental favorise grandement les utilisateurs qui se font verser une allocation non imposable lorsqu’ils conduisent un véhicule électrique pour fins d’affaires : le plein d’électricité étant moins cher que le plein d’essence.
En attendant que mon véhicule puisse détecter les lignes de la route sous une couche de glace ou neige, mon portefeuille me dit « prends ton temps, rien ne presse ». Oui, mais que fais-tu de l’avenir de tes enfants ? Je leur réponds : vaut-il mieux polluer en faisant rouler un véhicule existant ou en produisant un nouveau ?
Un véhicule électrique, ce n’est pas une solution magique, car la minimisation de la consommation demeure l’objectif collectif. Dans un avenir pas si lointain, Hydro-Québec pourrait imposer un tarif supérieur du kilowattheure pour la recharge des véhicules électriques. Est-ce que ça fait partie de votre réflexion ? Un jour, le pouvoir de négociation reviendra dans les mains de l’acheteur.
En attendant, une Tesla, en as-tu vraiment besoin ? Peut-être, mais pour ma part, rien ne presse.