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«Tout comme vous, je remarque de plus en plus de photos produites par intelligence artificielle.»
Je suis allée chez la coiffeuse la semaine dernière. Comme des milliers de femmes ont l’habitude de faire, j’ai apporté des photos prises ici et là sur Pinterest. La coiffeuse elle, s’esclaffe et me dit : «Tu sais que ce n’est pas une vraie personne, hein?». Je regarde de nouveau la photo et j’arrive à la même conclusion.
La coiffeuse a réussi à réaliser les cheveux tant espérés, mais il est vrai qu’il est un peu étrange de montrer la photo d’une personne qui n’existe pas, et de demander: «J’aimerais ressembler à ceci, merci».
On pourrait dire que c’est un peu comme lorsque l’on voulait ressembler à Barbie quand nous étions petites, et qu’on nous répétait que les proportions n’étaient pas possibles sur un humain. Bon, tout ça n’est pas dramatique me direz-vous, mais ça a accéléré mes réflexions sur l’utilisation de photos produites par IA.
Tout comme vous, je remarque de plus en plus de photos produites par intelligence artificielle. Pour certaines entreprises, c’est pratique et moins cher. Mon collègue débatteur François Lambert est un fervent utilisateur de l’IA pour produire toutes sortes de choses, notamment ses photos. Des photos de lui ou d’objets.
Or, je pense que les entreprises devraient toujours indiquer quand les photos sont produites par IA. Tout comme j’ai toujours pensé que nous devrions indiquer quand des photos sont retouchées. Devrait-on légiférer ? Peut-être.
Je ne suis pas partisane des lois dures à appliquer qui génèrent beaucoup de surveillance alors qu’il est possible de faire en sorte que le marché s’autorégule correctement. Mais je ne me suis pas encore fait une tête sur l’intérêt d’en faire une loi. Votre avis vaut le mien.
Je ne suis pas la plus habile avec l’IA, je suis un peu vieux jeu. J’aime peindre avec des pinceaux, j’aime encore écrire avec des crayons. Je n’utilise pas Chat GPT pour rédiger. Je vois des collègues et amis utiliser l’IA pour une foule de choses, mais je ne vois pas encore l’intérêt pour moi-même.
Mais comprenez-moi bien : je ne suis pas fermée à l’IA. OK oui, je suis un peu résistante au changement dans ma vie à moi, et je ne vous cacherai pas que la vitesse à laquelle l’IA évolue me fait un peu peur. Mais je me gère !
Cela dit, je suis vraiment choquée de voir des gens, dont des gens œuvrant dans les médias, produire des images d’AUTRUI à l’aide de l’intelligence artificielle, et ce, sans leur consentement.
Vous avez peut-être vu passer cette mode où l’on produisait des images de Donald Trump et d’Elon Musk avec une mise en scène faisant du président Trump quelqu’un semblant être à la solde de Musk. Par exemple, un Trump-caniche sur les genoux d’Elon Musk. Ou encore un Trump-marionnette manipulée par Musk, l’objectif était d’illustrer de plusieurs façons humoristiques que le vrai boss est Elon Musk.
Vous pouvez détester Trump et Musk autant que vous voulez, mais je pense qu’on ne devrait jamais produire de telles images. Comment allez-vous réagir le jour où l’on fera un deep fake de vous pour faire de la publicité ? Ou alors que l’on utilisera un faux vous pour dans le but de vous humilier ?
On voit déjà passer des publicités qui utilisent des photos et du deep fake de personnalités connues pour aller chercher des clics ou vendre des produits miracles qui font maigrir.
Je n’ai pas toutes les réponses sur la façon dont nous devrions encadrer l’utilisation de l’IA, mais je suis convaincue que bien que le gouvernement et les lois fassent éventuellement partie de la solution, cela passe aussi par l’instauration d’une hygiène de base concernant notre utilisation personnelle de l’IA. Et cette hygiène comprend de ne pas produire et diffuser des images d’autrui sans leur consentement, peu importe si ça vient d’une intention innocente ou non.
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