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Politique
Chronique |

L’économie d’abord, non?

La réaction de Marc Tanguay m’a frappé.

Vous souvenez-vous de ce slogan: «L’économie d’abord, oui»? C’était en 2008 et Jean Charest était à la tête d’un gouvernement minoritaire. La crise économique nous guettait et le premier ministre voulait avoir les deux mains sur le volant. De nos jours, le PLQ souhaiterait sans doute reprendre son titre de parti de l’économie, mais le désir de marquer des points à court terme pourrait les éloigner de cet objectif.

Ce slogan m’a turlupinée cette semaine, parce que j’avoue ne pas toujours comprendre la stratégie des libéraux. Voulant faire flèche de tout bois, ils ont décidé d’attaquer sans nuance le gouvernement sur le terrain de l’économie. 

Prenons Churchill Falls. La réaction de Marc Tanguay m’a frappé.

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« (…) l’entente serait de donner des milliards pour construire des centrales à Terre-Neuve, une province qui n’a aucun argent pour développer son hydroélectricité, aucun autre client et aucune ligne pour vendre à quiconque sauf le Québec. En échange, on va payer plus cher, augmenter les tarifs de nos entreprises et hypothéquer l’avenir du Québec. Si c’est ça, c’est un mauvais deal. Nous n’avons pas confiance (…)»

À lire le chef par intérim du PLQ, tout est noir, et jamais un gouvernement libéral n’aurait signé une telle entente. Qu’on me laisse en douter. Par ailleurs, est-ce que les candidats à la direction sont d’accord avec cette analyse ? Ils devront éventuellement se prononcer. J’ai très hâte de voir.

Méchantes entreprises étrangères

Que ce soit lors de la période des questions ou dans les médias, l’opposition libérale a opté pour une rhétorique qui oppose les entreprises étrangères et les PME québécoises. Je peux comprendre cette position puisque c’est tentant et politiquement payant, surtout dans le contexte actuel avec certains dossiers chauds.

Toutefois, la question demeure : est-ce qu’un gouvernement libéral cesserait de soutenir ces entreprises étrangères qui emploient des milliers de personnes dans des régions comme le Saguenay–Lac-Saint-Jean et la Côte-Nord ? Est-ce qu’un gouvernement libéral aurait refuser de donner des blocs d’énergie à l’entreprise allemande qui est venue s’installer à Matane en 2023, une annonce saluée par tous les acteurs locaux ?

Le PLQ aurait absolument le droit de prendre une telle position, c’est légitime et je suis persuadée que plusieurs citoyens seraient en accord. Mais dans ce cas, soyez clairs sur vos intentions. Mais je n’y crois pas du tout et je pense qu’un gouvernement libéral continuerait de les soutenir et de fournir des blocs d’énergie à des entreprises étrangères déjà établies ici ou que l’on cherche à attirer. Peut-être pas les mêmes, peut-être pas à la même hauteur, peut-être en échange d’exigences supplémentaires, mais ce serait encore le cas. J’ai aussi hâte de voir les positions des candidats à la chefferie à ce propos également.

Entre l’arbre et l’écorce

En 2020, Dominique Anglade était couronnée cheffe du PLQ après le retrait de son seul adversaire. Le virage à gauche que la cheffe a fait faire à son parti n’avait pas fait l’objet de débat.

En 2018, alors qu’Anglade était ministre, Philippe Couillard promettait la construction d’un troisième lien entre Québec et Lévis. Une fois cheffe, Dominique Anglade s’est positionnée contre le projet. Marc Tanguay a quant à lui choisi de porter cette position anti-troisième lien durant son intérim. Mais voilà que plusieurs candidats à la chefferie se disent en faveur d’un troisième lien. On peut bien se moquer des changements de position de la CAQ, mais le PLQ ne donne pas sa place.

Cet automne, le PLQ avait également voté pour une motion exigeant la fin du financement des écoles privées dites « religieuses ». Denis Coderre avait indiqué publiquement que le caucus libéral devrait laisser les candidats se positionner sur cet enjeu.

Que l’on soit pour ou contre sur le fond, ces situations illustrent le jeu d’équilibriste des chefs intérimaires. En politique, les incohérences sont rapidement relevées par les médias et facilement utilisées par les adversaires.

J’ai vécu deux courses à la direction au PQ, donc une dans l’équipe d’un chef par intérim, et je peux témoigner que ce n’est pas facile de naviguer entre l’arbre et l’écorce, entre les positions du chef précédent et celles des candidats.

En 2014 au PQ, nous étions un peu dans l’embarras avec le pétrole d’Anticosti et la cimenterie McInnis. Nous étions pris entre la préoccupation d’être cohérents avec le passé et celle de ne pas mettre le futur chef dans l’embarras tout en évitant les déchirements publics.

Marc Tanguay fait somme toute un bon travail comme chef intérimaire. Mais ses envolées théâtrales et l’envie de marquer des points à la petite semaine peuvent lui jouer des tours. Il n’est pas obligé de « fesser » dans le tas à chaque occasion. Il devrait laisser un peu de marge de manœuvre au prochain chef, surtout sur le terrain de l’économie, un terrain crucial pour son parti.