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«L’itinérance n’est pas qu’un enjeu de logement, mais il y a toujours un enjeu de logement dans l’itinérance.»
«L’itinérance n’est pas qu’un enjeu de logement, mais il y a toujours un enjeu de logement dans l’itinérance», m'a dit une intervenante dans le milieu de l’itinérance rencontrée récemment.
L’actualité sur la crise de l’habitation ainsi que sur l’itinérance continue de battre son plein ces dernières semaines à la suite de la date fatidique du 1er juillet où des centaines de ménages ont fait appel à des services d’urgence, faute d’avoir trouvé un nouveau toit.
C’est sans compter les milliers d’autres ménages au Québec qui ont trouvé refuge chez un ami ou un membre de la famille, le temps de continuer à chercher après le 1er juillet. Mais dans ce contexte, comme celui de la médiatisation de la guignolée et des paniers de Noël en décembre, cette crise ne s’arrêtera pas parce que les médias ont trouvé un autre sujet pour ne pas blaser leur auditoire.
Qu’en est-il de cette nouvelle itinérance, de ces gens qui n’ont pas de toit à eux? Certains après quelques semaines ou quelques mois, se retrouveront dans la rue, dans un refuge, dans un camping ou encore, comme on commence à le voir, dans leur voiture. Si on a souvent relié dans le passé l’itinérance avec des enjeux de santé mentale, de surconsommation et de désorganisation à la suite d’un événement dramatique dans leur vie, il va de soi que le portrait est de plus en plus complexe et diversifié.
Des intervenants de la Mission Old Brewery, un organisme bien connu qui vient en aide aux personnes itinérantes ou à risque de l’être, m’ont expliqué récemment que l’on retrouve de plus en plus de personnes et des ménages qui avaient un logement il y a encore peu de temps et qui se retrouvent aujourd’hui dans une situation d’itinérance.
Dans ces cas il est urgent de leur trouver un appartement, même si ces personnes sont déracinées de leur milieu de vie et devront possiblement changer de quartier ou même de ville. On parle de ménages ayant été évincés par une reprise de logement ou par une hausse tellement élevée de leur loyer qui cette fois ne peut plus se payer leur propre toit. Même chose pour le nouvel immigrant qui fait également partie de ce nouveau visage de l’itinérance.
Après la nourriture, le transport, les loisirs des enfants, où coupe-t-on? Son toit, son abri, son milieu de vie, sa protection, tout finit par y passer pour cette partie de notre communauté où des ménages sont passés de ce que l’on considérait de la classe moyenne à la pauvreté et même, à la pauvreté extrême.
Un peu comme la crise climatique, on ne s’étonnera plus bientôt de voir des gens de plus en plus nombreux dans la rue, de nouveaux visages que l’on ne voyait pas auparavant, des femmes avec enfants qui mendient comme souvent, on peut le voir en Europe ou dans les pays du Sud. Le danger de cette insensibilité est de renoncer aux vraies pistes de solutions.
On a relâché depuis des années la cadence en termes de construction de logement social et communautaire qui répondait pourtant jadis à une partie des besoins. Les budgets gouvernementaux de la dernière décennie n’ont pas été au rendez-vous. Ajoutez à cela la crise de l’offre, de la pénurie de main-d’œuvre, de la spéculation immobilière et d’un non-contrôle du prix des logements et vous avez le cocktail parfait d’une crise dans laquelle nous nous enlisons.
Une partie des personnes vivant l’itinérance de manière chronique devrait effectivement avoir des services d’accompagnement d’appoint par entre autres un financement plus généreux dans les services communautaires et de prendre le temps qu’il faut pour que ces humains retrouvent un tantinet une confiance et un espoir d’une nouvelle vie.
Pour plusieurs autres il ne s’agit que d’une question d’habitation abordable selon leurs revenus et non selon le marché. Et pour ça, on voit bien qu’il n’y a pas de miracle du côté des promoteurs privés qui semblent incapables de fournir de telles unités.
Il faudra donc comme société mettre tous les efforts pour répondre à ce besoin essentiel.
S’il en va de la dignité de ces personnes, il en va également de la fierté d’une société.