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«On assiste à l’heure actuelle à un mouvement où des femmes qu’on voulait muettes décident de se raconter. Longtemps qualifiées de bimbos, elles ont enfin fini de se taire.»
Alors que je me plongeais, comme les trois quarts de la planète, dans la bio de Britney Spears intitulée The Woman In Me, je me suis mise à penser qu’on avait droit, depuis quelque temps, aux récits de plusieurs femmes qui ont marqué l’imaginaire occidental et qui se sont abîmées dans leur ascension au sommet de la culture populaire.
Pamela Anderson, Shania Twain, J.Lo, Anna Nicole Smith et maintenant Britney Spears? On assiste à l’heure actuelle à un mouvement où des femmes qu’on voulait muettes décident de se raconter. Longtemps qualifiées de bimbos, elles ont enfin fini de se taire.
On dit qu’une bimbo est une jeune femme à la mode, pulpeuse et sexy, souvent superficielle. Les femmes que je viens de nommer ne sont pas à proprement parler toutes des bimbos, même si on a voulu leur en faire porter le titre la plupart du temps.
Sauf peut-être pour Anna ou Pamela, qui se sont fait connaître dès leurs débuts pour leur beauté stéréotypée, la plupart, bien qu’elles soient de grandes artistes, se sont vues réduites à leur physique ou à leur vie amoureuse, dont parlait sans cesse tous les journaux, au détriment de ce qu’elles avaient à dire sur le sujet ou de leur travail.
Toutes ces femmes ont en commun une chose : elles voulaient devenir des artistes et/ou des femmes d’affaires aguerries et on les a réduites à leur plus simple expression, soit leurs corps. C’est comme si elles nous appartenaient, comme si on avait le droit de commenter leur apparence, de s’en délecter avant de diffuser leurs sextapes, de les traiter de « mauvaises filles » et de les humilier sur la place publique.
Ce que je trouve fascinant, avec tous ces documentaires et ces livres qui racontent la vie de ces stars de la culture pop, c’est qu’on assiste à une reprise de contrôle. Des femmes dont la parole a été sans cesse invalidée, des femmes qu’on n’a pas crues, des femmes dont on s’est moquées, qu’on a pourchassées et qu’on a harcelées collectivement pour cette sexualité qu’on avait nous-mêmes mise à l’avant-plan, osent enfin dévoiler leur vérité.
On apprend que Justin Timberlake trompait Britney à tour de bras et que celle-ci était enfermée dans le mensonge de sa propre virginité alors qu’elle était active sexuellement depuis ses 14 ans. Disons que j’ai avalé ma gorgée de café de travers quand on arrive au bout où Justin fait pitié dans le vidéo Cry Me a River pendant que Britney Spears se fait slutshamer à la grandeur de la planète.
J’ai aussi été profondément attristée d’entendre Pamela Anderson expliquer que la vidéo d’elle et Tommy Lee en train d’avoir des relations sexuelles n’était pas un coup de marketing, qu’elle leur avait été volée dans leur résidence et qu’elle a vécu ça comme un viol. Quand elle raconte, dans sa maison de Colombie-Britannique, qu’elle souffre encore de ça et qu’elle est horrifiée à l’idée que ses fils se soient fait niaiser avec cette vidéo ou, pire, qu’ils aient pu la voir, j’ai cassé en deux. Pauvre femme, utilisée et jetée comme un vieux kleenex par des admirateurs qui se délectaient de sa chute.
Dans le documentaire The Super Model, où l’on peut entendre tour à tour Linda Evangelista, Naomi Campbell, Cindy Crawford et Christy Turlington, on aborde sans surprise la question de l’image. C’est intéressant parce que, tout à tour, chacune exprime cette transition de « model » à « super model » et insistent pour dire que c’est à ce moment de leurs carrières respectives qu’elles ont pu devenir des sujets et non plus seulement des icônes sur papier glacé.
Tour à tour, elles confient avoir renoncé à certains contrats parce qu’elles voulaient, justement, pouvoir s’exprimer sur différents enjeux. Elles ne voulaient plus se soumettre au fantasme qu’elles incarnaient pour nous. Elles voulaient être autre chose. Bon, vous me direz qu’elles ont continué à jouer le jeu même après et que ce documentaire en fait partie. C’est vrai. Mais elles en sont les productrices et donc, contrôlent leur propre parole, ce qui n’a pas toujours été le cas.
Britney, Pamela, Cindy, Christy, Naomi, Lynda, Jennifer et Shania refusent désormais la case dans laquelle on les a enfermées depuis trop longtemps. Elles ont repris le contrôle de l’Histoire, de leur histoire. Cela les sert très bien puisqu’elles ont toutes, sans exception, connu un regain de popularité depuis cette prise de parole. C’est la revanche des bimbos. Et c’est tant mieux.