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Politique
Chronique |

Élections 2025: troisième et dernière période en vue, les libéraux mènent… mais le match est loin d’être fini!

En politique comme au hockey: tout peut basculer avant la sirène finale.

Mark Carney s'entretient avec Pierre Poilievre avant une cérémonie au Monument national de l'Holocauste, le 27 janvier 2025 à Ottawa.
Mark Carney s'entretient avec Pierre Poilievre avant une cérémonie au Monument national de l'Holocauste, le 27 janvier 2025 à Ottawa.

Bienvenue à cette palpitante saison électorale 2025, où les patinoires sont en asphalte, les joueurs en complet-cravate, et les mises en échec... verbales. Après trois semaines de campagne ou deux intenses périodes remplies de rebondissements, de joueurs embarrassants congédiés, d’annonces à coup de milliards, d’un président américain qui s’ingère à tous les jours dans cette partie, le tableau de pointage commence à pencher sérieusement du côté des libéraux. Mais comme tout bon amateur de hockey vous le dira: ce n’est pas fini tant que la sirène n’a pas retenti. Et il reste encore une importante période à jouer… avec les deux gros débats nationaux cette semaine.

Petit retour sur la saison

Dès l’échauffement, autrement dit, l’automne dernier, Pierre Poilievre et ses conservateurs étaient en feu. Une pré-saison de rêve: avance de 20 points dans presque tous les sondages, confiance au plafond, les partisans conservateurs scandaient déjà: «C’est l’année de la coupe!». Le match semblait joué d’avance.

Puis les libéraux, en pleine reconstruction après deux saisons décevantes, ont sorti un coup d’éclat du vestiaire: l’arrivée de Mark Carney. Une acquisition de taille. L’ancien gouverneur de la Banque du Canada, banquier central, stratège économique... bref, un joueur étoile avec une fiche LinkedIn plus longue qu’un discours de Justin Trudeau. Et boom! L’équipe rouge s’est remise à patiner.

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Un début de première période prudente. Un jeu d’observation. Les conservateurs tentaient d’installer leur forecheck contre une équipe libérale encore en ajustement. Mais dès le milieu de la première période, le vent a tourné. Carney, avec son casque bien attaché et son regard de gars qui lit les rapports du FMI pour se détendre, a commencé à accumuler les points malgré plusieurs bourdes dont les spectateurs ne semblaient pas lui tenir rigueur. Jour après jour, les sondages souriant aux libéraux, le banc s’est tout d’un coup mis à se remplir avec de nouveaux joueurs flairant la victoire avec en bonus, le retour de certains joueurs vedettes ayant annoncés leur retraite, il y a seulement quelques mois.

PLC et PCC: la troisième période commence. C’est là que tout se joue!

Le 16 et le 17 avril, ce sont les deux débats nationaux, autrement dit, les séries éliminatoires. Tout le monde va sortir ses lignes les plus affûtées, ses attaques les plus vicieuses (mais règlementaires, bien sûr), et tenter le tir parfait dans la lucarne de l’opinion publique.

Du côté libéral, les stratèges ont visiblement décidé de jouer la trappe défensive. On protège l’avance. Pas de pénalités inutiles. On limite les entrevues du joueur vedette Carney, particulièrement en français, pour éviter les dérapages. On lance la rondelle en fond de territoire et on patiente. Leur message: «Le score est bon, ne paniquez pas. Ça va tenir!»

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Mais attention. En face, Pierre Poilievre, celui qui remplit les arénas un peu partout où il passe, n’a pas dit son dernier mot et va tout tenter pour renverser la vapeur. Lui aussi connaît les règles du jeu. Orateur redoutable, spécialiste des mises en échec, il excelle dans les coins de patinoire lorsque ça brasse. Il est bien capable de transformer une mêlée en échappée spectaculaire. On murmure qu’il pourrait faire des annonces-chocs pendant le débat et faire appel à ses candidats vedettes pour l’aider afin de relancer son équipe conservatrice dans le dernier droit.

Le Bloc, NPD et les Verts: la période de la dernière chance!

Et pendant que les deux grosses machines s’affrontent, Yves-François Blanchet pendant ce temps aiguise ses répliques et patine à sa manière avec toute l’énergie qu’on lui reconnaît. Le capitaine du Bloc québécois, vétéran des débats, doit jouer sa meilleure période. Il l’a prouvé par le passé : dans l’arène des débats, il est à son meilleur. Une bonne performance pourrait relancer la flamme chez plusieurs Québécoises et Québécois en quête d’un joueur local qui parle leur langage, avec un accent de chez nous et des références à Félix Leclerc ou Guy Lafleur en prime.

De son côté, Jagmeet Singh, malgré une bonne campagne et l’arrivée in extrémiste de sa nouvelle (ancienne) joueuse vedette Ruth Ellen Brosseau en renfort au Québec pour aider son vétéran Alexandre Boulerice, semble donner ses derniers coups de patin. Malgré une grande forme oratoire, l’appui au NPD glisse dangereusement vers le banc des oubliés. À en juger par les sondages, on dirait que le capitaine néo-démocrate s’approche tranquillement de la retraite politique, saluant les gradins une dernière fois, Turban dans une main, barbe bien taillée dans l’autre. Personne ne pourra dire qu’il n’a pas tout donné, jusqu’à la fin.

Et tout au bout du banc, on aperçoit Jonathan Pedneault co-chef du Parti vert, visière embuée, tentant désespérément d’obtenir une présence sur la glace. Même si les projecteurs sont ailleurs, il rappelle sans relâche que pendant qu’on débat d’économie, d’inflation et de joutes verbales, les glaciers fondent toujours et la planète, elle, n’a pas le luxe d’attendre le résultat des élections.

Alors, attachez vos tuques. La Zamboni a quitté la glace. Les joueurs reviennent pour la troisième période. Et si les libéraux mènent 5 à 2, le match est loin d’être fini.

En politique comme au hockey: tout peut basculer avant la sirène finale.

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