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Et des armes circulent présentement dans les écoles du Québec, a rapporté Noovo Info, jeudi.
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À la suite d’une enquête de Noovo Info notant une augmentation d’armes au secondaire, plusieurs corps de police ont confirmé que des saisies d’armes ont été effectuées dans des établissements scolaires, sans donner de chiffres exacts.
Selon les données officielles des autorités, deux couteaux ont été saisis à l’intérieur des écoles de Montréal.
Mais, on ne connaîtrait qu'une infime partie de ce phénomène, selon une technicienne en éducation spécialisée travaillant dans une école secondaire de la grande région de Montréal.
DOSSIER | Sous le radar: saisie d'armes «silencieuses» dans les écoles
La dame, qui a voulu préserver son anonymat sous peur de sérieuses représailles, lève le voile sur une tout autre réalité.
Crédit photo: Noovo Info
«Les seules fois où j’ai vu qu’on a déclaré des armes, c’était des armes à feu… des fausses, a témoigné la technicienne lors d’un entretien avec Noovo Info. «Les journées se suivent, mais ne se ressemblent pas. Je peux régler un conflit de filles et par la suite, faire une saisie de drogue... la DPJ qui m’appelle, etc.»
Questionnée sur cette augmentation d’armes dans les écoles du Québec, elle a confirmé que son établissement scolaire en saisit chaque semaine, et ce, sans forcément contacter les autorités.
Interrogés par Noovo Info, des membres du personnel ont déploré le manque de transparence des établissements scolaires quant aux saisies d’armes, alors que des personnes ne sont mises au courant que par du bouche-à-oreille.
«On n’est pas informés et c’est quelque chose que les enseignants crient haut et fort parce qu’ils ne se sentent pas en sécurité», a fustigé la technicienne en éducation spécialisée.
Mohamed Mimoun, coordonnateur au Forum Jeunesse de Saint-Michel, a avancé que ce phénomène ne se limite pas qu’aux écoles secondaires, mais frappe également les écoles primaires.
«Il y a des gens qui ne veulent pas voir les choses en face et parfois, ils nous empêchent même de réagir, a déclaré l'intervenant social. On m’empêche parfois d’aller dans des écoles pour parler de ce phénomène. Comment veux-tu régler un problème quand tu ne le reconnais pas?»
«On ne reconnaît pas le problème, on dit qu’il n’y a pas de problème», a-t-il ajouté.
Sur internet, des photos violentes, des vidéos d’armes sont grandement publiées sur les réseaux sociaux. Une banalisation de la violence qui «donne froid dans le dos», a mentionné notre journaliste Marie-Michelle Lauzon, en expliquant que «même les bagarres sont filmées» et sont glorifiées.
«Est-ce qu’il y a quelque chose qui nous a échappé dans la façon dont on éduque nos enfants actuellement? Les jeunes, pour un oui ou pour un non, vont réagir violemment», a ajouté M. Mimoun à notre micro, qui souligne la présence d'une impulsivité chez les jeunes actuellement.
«Les jeunes vont aller chercher une arme pour se protéger et là, on entre dans un cercle vicieux de violence», a-t-il précisé.
Le nouveau ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, s’est dit préoccupé par cette hausse de saisies d’armes «rapportée dans le reportage».
«Nous nous attendons à ce que les informations de saisies d’armes dans nos écoles soient dûment communiquées aux autorités policières et aux membres du personnel scolaire», a-t-il répondu.
«Avoir un portrait précis de la situation des armes dans les écoles est essentiel pour que les corps de police puissent apporter les solutions et les actions requises afin de rendre nos écoles plus sécuritaires. La sécurité des élèves est non négociable pour nous», a ajouté le ministre.
Dix centres de services scolaires ont été contactés dans le cadre de ce reportage. Aucun n’a voulu répondre aux questions sur les saisies d’armes dans leurs écoles.
«Je crois que les gens doivent savoir dans quel milieu évoluent leurs enfants et ça a besoin de changer. Rien ne bouge. On a beau dire les choses, on a beau crier à l’aide, on nous dit: "Non, ça va bien dans les écoles"», a conclu la technicienne en entrevue.