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M. Drainville juge que les enseignants moins expérimentés doivent se faire confier les classes de maternelle parce que la tâche, selon lui, est moins exigeante. Pour Jo-Annie Blais, enseignante en maternelle, voilà qui montre que le ministre est déconnecté de la réalité des profs.
«Je ne comprends pas que je puisse entendre ça de la bouche de mon ministre de l’Éducation», a commenté la diplômée de l’Université Laval dans un entretien avec Noovo Info, vendredi.
Mme Blais a été si choquée qu’elle a réagi en écrivant une lettre à l’intention de M. Drainville et l’a publiée sur les réseaux sociaux.
«Il faut que quelqu’un lui dise c’est quoi le vrai quotidien d’un enseignant de maternelle», a-t-elle insisté. «Ce n’est pas moins exigeant, pas du tout. Ce peut l’être encore plus pour quelqu’un qui n’est pas fait pour cette clientèle.»
Mme Blais relate que les enseignantes sont sollicitées «à 100%»; même pendant la sieste c’est loin d’être un moment «relax», car les profs de maternelle «doivent apprendre aux jeunes comment se détendre».
«Il ne comprend pas du tout c’est quoi, enseigner au préscolaire», affirme Mme Blais, qui se dit inquiète, insécurisée et diminuée dans son métier.
Et à la rentrée 2023, en connaissant le contexte du manque d’enseignants, les sentiments de Mme Blais pourraient ne pas s’estomper.
«Combien de fois devons-nous sortir de classe avec tout le groupe parce qu’un élève en crise lance tout sur son passage et qu’il refuse de sortir? Combien de coups recevons-nous chaque année? Beaucoup trop!» dénonce-t-elle dans sa lettre, avant de parler de ce qu’elle dit être son deuxième arrêt de travail.
«Lors de mon deuxième arrêt de travail, l’enseignante qui a pris mon remplacement a aussi quitté en arrêt de travail – une enseignante qui avait un groupe pour la première fois de sa carrière», continue-t-elle dans sa lettre. Et ce, malgré que mes deux collègues de maternelle l’ont accueillie et accompagnée. Si c’était si facile, pourquoi a-t-elle quitté après deux mois?»
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Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), contredit elle aussi les propos du ministre de l’Éducation.
«De dire que les maternelles devraient être la porte d’entrée pour faire son expérience en éducation, c’est totalement faux», martèle-t-elle.
«Il est venu dire que le préscolaire, c’est un niveau facile, ludique, où les enfants font des sommes l’après-midi. Enseigner de façon ludique et garder l’intérêt des enfants, ce n’est pas ce qu’il y a toujours de plus facile et c’est crucial.»
Voyez le reportage de Mathieu Boivin dans la vidéo ci-contre.