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L'objectif: sauver des vies alors que la crise des opioïdes provoque jusqu’à six décès par jour dans cette province.
La décriminalisation doit permettre aux consommateurs d’appeler à l’aide sans crainte d’en subir des représailles: de peur d’être arrêtés, plusieurs consommateurs n’appellent pas le 911 même lorsqu’ils font une surdose.
La décriminalisation est le résultat d’une autorisation du gouvernement fédéral dans le cadre d’un projet pilote de trois ans. Grâce à cette exception, un consommateur pourra se promener avec 2,5 grammes de drogues dures en sa possession sans craindre de se faire arrêter.
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Cette exception concerne les opioïdes (comme l’héroïne, la morphine et le fentanyl), le crack et la cocaïne en poudre, la méthamphétamine et la MDMA (ecstasy).
Mais la vente de ces drogues demeure illégale. Et elles ne seront pas disponibles en vente libre, non plus.
«Ça me brise le cœur. Il y a eu plus de décès en raison des surdoses qu’en raison de la covid! Il faut que ça s’arrête», lance le Dr Brian Conway, qui travaille dans le quartier depuis 25 ans. Pour lui, la décriminalisation va changer la dynamique entre les policiers et les consommateurs de drogues. «On leur dit, c’est votre chance, voici tous les outils disponibles, qu’est-ce qu’on fait, comment je peux vous aider?» pourront-ils dire.
Le quartier Downtown East Side illustre l’un des facettes de la crise des opioïdes en Colombie-Britannique. Mais il ne s’agit que de la pointe de l’iceberg, car jusqu’à maintenant plusieurs consommateurs se cachent de peur d’être arrêtés par la police. Et lorsqu’ils consomment dans la solitude, le risque de faire une surdose mortelle est plus élevé s’entendent plusieurs intervenants.
«La décriminalisation est une bonne première étape. On reconnaît qu’une personne n’est pas coupable. Si une personne est chez elle, personne n’est là pour vérifier si elle va bien et donc personne pour intervenir ou la sauver, donc plus de chance de mourir d’une surdose. Juste de sortir du paradigme de diabolisation, c’est hyper important et cette loi permet d’ouvrir la discussion», affirme Élodie Croullebois, la vice-présidente de la Boussole, un organisme francophone de Vancouver.
La crise des opioïdes ne frappe pas seulement la Colombie-Britannique. De nouvelles données jettent un éclairage nouveau sur l’ampleur de la crise au Québec.
Plusieurs acteurs communautaires et sociaux québécois exigent aussi la décriminalisation des drogues dures dans la Belle Province.
À la Ville de Montréal, on est en faveur de la décriminalisation des drogues dures. Tout comme à Toronto, qui a demandé une permission semblable à celle accordée à la Colombie-Britannique. La Ville reine attend encore une réponse de Santé Canada à ce sujet.
Même l’Association des chefs de police du Canada est en faveur de la décriminalisation de petites quantités de drogues dures.
Mais le ministre québécois de la Sécurité publique est formellement opposé à la décriminalisation. «C’est un débat de société qui ne sera pas évident à entâmer […] Je ne suis pas un fervent de l’utilisation des drogues, vous comprenez. Et je crois que la majorité de la population est de cet avis. C’est un débat de société qui n’est pas simple. Il y a la crainte de banaliser ces drogues… On ne veut pas envoyer le message qu’on peut consommer ça et ce n’est pas grave, tu ne seras pas arrêté», a expliqué François Bonnardel lors d’une entrevue de fin d’année à Noovo info, en décembre. Son bureau confirme qu’il n’a pas changé d’avis à ce jour.
Voyez le reportage d'Étienne Fortin-Gauthier dans la vidéo.