Début du contenu principal.
Ce jour férié fédéral reconnaît l'héritage du système des pensionnats pour autochtones au Canada et les préjudices qu'il a causés aux peuples autochtones.
D'un bout à l'autre du pays, les Canadiens se sont rassemblés samedi pour reconnaître l'oppression systémique des peuples autochtones et célébrer la troisième Journée nationale de la vérité et de la réconciliation.
Ce jour férié fédéral sert à reconnaître les abus qui ont été subis par les Inuits, les membres des Premières Nations et les Métis dans les centaines de pensionnats gérés par l'État et l'Église.
Lors d'une cérémonie à Ottawa, le chef de la nation algonquine Kitigan Zibi Anishinabegde, Dylan Whiteduck, a rappelé que les conséquences du système des pensionnats se font encore sentir aujourd'hui, notamment la perte des langues autochtones.
«Aujourd'hui, les communautés des Premières Nations ont des objectifs, a-t-il lancé. Nous recherchons la prospérité. Nous voulons un avenir durable. Et nous voulons retrouver nos langues autochtones. Mais malheureusement, nous sommes en mode survie, et c'est inacceptable.
«Nous vous demandons de nous aider à atteindre ces objectifs. Travaillons tous à la réconciliation économique et à remodeler ce grand pays. Pas pour aujourd'hui, mais pour les sept prochaines générations.»
De son côté, la gouverneure générale, Mary Simon, a souligné que même si le Canada a entamé son parcours sur la voie de la réconciliation dans les dernières années, il lui reste encore beaucoup à faire.
«Il est très important de se rappeler que même si nous progressons sur des questions globales, cela n'a pas nécessairement d'impact au plan communautaire», a rappelé Mme Simon, qui est la première gouverneure générale issue des Premières Nations.
Des survivants des pensionnats et des dirigeants autochtones faisaient partie de la foule de centaines de personnes qui ont convergé vers la Colline du Parlement pour l'événement commémoratif.
Thérèse Thelesh Bégin, une survivante innue, fait partie des personnes qui ont choisi de raconter leur histoire sur la scène. Après avoir révélé qu'elle n'avait jamais parlé de son expérience dans les pensionnats avec ses parents, elle a affirmé vouloir transmettre un message différent à ses trois enfants et neuf petits-enfants.
«Je suis ici pour leur lancer un message d'espoir, a-t-elle soutenu. Je ne veux pas, surtout pas, leur laisser mes blessures et mon passé en héritage, je veux leur laisser quelque chose de bien, soit l'espoir d'un meilleur avenir.»
Une banderole rouge avec les noms des enfants qui ne sont pas rentrés chez eux après avoir fréquenté les pensionnats a été brandie
à travers la foule, incitant les gens à se lever en signe de respect alors qu'elle se dirigeait vers la scène.
Les participants ont aussi été invités à placer des chaussures sur la scène en guise de symbole pour se souvenir de ces enfants. Il n'a fallu que quelques minutes avant que le devant de la scène soit recouvert de mocassins et d'autres souliers.
Ce jour férié fédéral a été créé en réponse à l'un des 94 appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation, après qu'un radar pénétrant dans le sol a permis de découvrir des tombes anonymes près du site d'un ancien pensionnat dans la banlieue de Kamloops, en Colombie-Britannique.
Il s'agit d'une nouvelle version de la Journée du chandail orange, une initiative populaire lancée en 2013 qui était inspirée de l'histoire de Phyllis Webstad, qui s'est fait retirer le chandail orange que sa grand-mère lui avait offert à son arrivée au pensionnat.
Ce ne sont toutefois pas toutes les provinces qui ont fait de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation un jour férié. C'est le cas notamment du Québec, où le premier ministre François Legault a toujours refusé de reconnaître le concept de racisme systémique.
Le 30 septembre n'est pas un jour férié au Manitoba, non plus. Le chef néo-démocrate de la province, Wab Kinew, a toutefois promis de mettre en place un jour férié si son parti est porté au pouvoir mardi prochain. Le père de M. Kinew est un survivant des pensionnats.
La cheffe nationale par intérim de l'Assemblée des Premières Nations, Joanna Bernard, a profité de cette journée pour exhorter le gouvernement à mettre en ?uvre le reste des appels à l'action de la commission.
«La réconciliation est un processus continu d'établissement et de maintien de relations respectueuses. Une partie de ce processus consiste à prendre des mesures concrètes pour faire progresser la mise en ?uvre des appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation», a souligné Mme Bernard dans un communiqué.
L'assemblée a dénoncé que seuls 13 appels à l'action ont été lancés jusqu'à présent, dont trois l'année dernière.
En plus de la cérémonie nationale à Ottawa, des événements étaient aussi prévus à Montréal, Victoria, Winnipeg et Toronto, entre autres.
Le premier ministre Justin Trudeau, qui est en Saskatchewan pour observer cette journée, a noté que le 30 septembre devrait être l'occasion d'écouter les survivants.
«La réconciliation n'est pas la responsabilité des peuples autochtones, mais celle de chacun d'entre nous. Il nous incombe de donner une voix aux Premières Nations, aux Inuits et aux Métis, d'écouter leurs récits et d'en tirer des leçons», a-t-il mentionné dans une déclaration officielle.
«Si nous voulons bâtir un Canada plus juste, plus équitable et plus inclusif pour les générations à venir, nous devons faire face à la vérité de notre passé.»