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S’il faut en croire les données avancées par le directeur national de santé publique, il s’agirait d’une très bonne année pour l’efficacité du vaccin contre l’influenza.
La grippe a frappé tôt et elle a frappé fort au Québec. Dans l’espoir d’alléger la pression sur les hôpitaux, la santé publique lance des appels répétés à la vaccination. S’il faut en croire les données avancées par le directeur national de santé publique, il s’agirait d’une très bonne année pour l’efficacité du vaccin contre l’influenza.
En conférence de presse, lundi après-midi, le Dr Luc Boileau a reconnu qu’il était beaucoup trop tôt dans la saison pour évaluer l’efficacité du vaccin sur la population du Québec. Toutefois, il a laissé entendre que des données étaient disponibles dans d’autres régions du monde où l’influenza a déjà frappé et que l’efficacité du vaccin actuel serait d’environ 50 %.
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Si plusieurs peuvent rester dubitatifs devant un tel taux, des experts confirment qu’il s’agit d’une excellente performance pour un vaccin contre l’influenza.
«Grosso modo, ça varie entre 30 % et un peu plus de 50 % d’une année à l’autre', compare le Dr Gaston De Serres avant d’ajouter que `50 %, c’est généralement une assez bonne année».
Chaque année, le vaccin contre l’influenza est produit en fonction de prévisions établies par l’Organisation mondiale de la santé qui tente de prédire quelles souches de la grippe seront les plus dominantes lors de la prochaine saison. Pour l’hémisphère Nord, cette prévision est établie en février afin que les vaccins soient prêts pour l’automne suivant.
«Entre le mois de février, où la rencontre a lieu, et le moment où l’influenza se met à circuler, il s’est passé plusieurs mois. Le virus, des fois, il continue à changer et il va ailleurs qu’à l’endroit où l’on pensait qu’il irait», explique le Dr De Serres qui est membre du Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ).
Pour cette raison, il arrive que les analystes se trompent. À titre comparatif, selon les études compilées par le réseau canadien de sentinelles (SPSN), un groupe de médecins qui surveille l’efficacité du vaccin contre l’influenza au pays, la saison 2014-2015 avait été catastrophique avec une efficacité générale du vaccin de 9 %. À l’autre bout du spectre, le vaccin de 2009-2010 présentait un taux d’efficacité exceptionnel de 93 %.
Ce que cela signifie, c’est une réduction du risque de complications pour une personne vaccinée comparativement à une personne non vaccinée. Ainsi, chez les personnes très âgées ou les gens atteints de maladies chroniques, le risque d’hospitalisation ou de décès se voit réduit de manière significative.
«Si vous avez 80 ans, vous risquez de vous retrouver à l’hôpital beaucoup plus facilement que les plus jeunes et parmi les personnes âgées qui sont hospitalisées, on a entre 5 et 10 % des patients qui décèdent», souligne le Dr De Serres en précisant que la majorité des hospitalisations et des décès concerne des patients de 75 ans et plus.
Le professeur de l’École de santé publique de l’Université de Montréal, Benoît Mâsse, se remet lui-même d’une infection à l’influenza et il encourage «tout le monde à aller se faire vacciner».
«Elle est forte! Moi qui l’ai attrapée même vacciné, je peux vous dire que j’étais content d’être vacciné», a confié le chercheur spécialisé en maladies infectieuses.
Autre particularité du nouveau vaccin contre l’influenza, il est quadrivalent. En bref, il contient des éléments de protection contre chacun des grands sous-types de grippe.
«Plus on est capable d’inclure de mutations dans notre vaccin, plus on a de chance d’avoir une bonne efficacité», résume le professeur Mâsse.
Parce que la grippe, au fond, se décline en plusieurs virus. Au sommet de la pyramide, il y a l’influenza A et l’influenza B. De manière générale, la souche A frappe en premier, comme c’est la cas cette année au Québec. À l’intérieur de la souche A, on retrouve les sous-types H1N1 et H3N2. Pour l’influenza B, on retrouve la lignée Yamagata et la lignée Victoria.
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«Dans une saison d’influenza, il y a rarement un seul de ces quatre sous-groupes-là», mentionne le Dr De Serres. D’où l’importance de se prémunir contre les variations du virus.
Encore une fois, le nerf de la guerre dans la production du vaccin consiste à se rapprocher le plus possible de la mutation la plus active de chaque sous-type.
Protéger les autres
Par ailleurs, si l’on presse d’abord les personnes âgées et les personnes à risque à aller chercher leur vaccin, on appelle aussi leur entourage à le faire pour mieux les protéger.
Dans ses recommandations, le Comité sur l’immunisation du Québec invite les proches des personnes vulnérables à se faire vacciner «pour éviter d’être des transmetteurs», précise le Dr Gaston De Serres.
Si le vaccin tend à limiter le développement de complications chez les personnes infectées, il aurait aussi un effet bénéfique pour prévenir la maladie.