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La question sur la captation du marché illicite se pose au moment où la SQDC dit atteindre «un plateau» cinq ans après ses premières ventes en juin 2018.
La Société québécoise du cannabis (SQDC) ne récupérerait probablement pas une plus grande part du marché illicite si on lui permettait d’avoir une stratégie marketing plus agressive, croit son président et chef de la direction, Jacques Farcy.
Le champ d’action de la société d’État est grandement plus limité qu'à Loto-Québec ou à la Société des alcools du Québec (SAQ). Sa mission est de rapatrier les consommateurs qui s’approvisionnent dans le marché illicite, sans encourager la consommation.
L’industrie légale de production de cannabis plaide cependant pour que la réglementation autour de la vente de cannabis soit assouplie au Québec afin que la SQDC soit plus attrayante par rapport au marché illicite. Un exemple est l’offre de produits comestibles, qui est plus variée en Ontario. La SQDC ne peut vendre de friandises et se rabat sur des solutions de rechange, comme le chou-fleur ou les betteraves séchées.
M. Farcy reconnaît que des débats ont lieu entre différents acteurs de l’industrie, en entrevue dans le cadre du dévoilement du rapport annuel de l’entreprise. La SQDC n’a pas à pousser «dans un sens ou dans l’autre» et laisse au gouvernement le soin d’établir le cadre réglementaire, répond-il.
Il doute cependant qu’un assouplissement du cadre ait un effet notable sur la croissance de la société d’État. «Quand on regarde les autres provinces canadiennes où le cadre légal est un peu différent, on se rend compte, en fait, que la captation du marché illégal est assez comparable avec entre 50 % et 60 % de captation du marché.»
La question sur la captation du marché illicite se pose au moment où la SQDC dit atteindre «un plateau» cinq ans après ses premières ventes en juin 2018. «Pour nous, c’est une étape assez normale», assure-t-il.
La SQDC veut désormais miser sur le service à la clientèle pour retenir ses clients dans le marché légal. «On veut s'assurer que nos clients comprennent bien les prix qui sont disponibles à la SQDC aujourd'hui. On vend du cannabis séché pour peu cher. Notre premier prix est de 3,43 $ le gramme.»
La livraison à domicile est également une autre façon de concurrencer le vendeur de drogue du coin. «On veut s'assurer que nos services de livraison soient très bien connus. Aujourd'hui, on a la livraison en 90 minutes. On a également la livraison le soir même, en plus de la livraison standard de Postes Canada.»
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Après plus d’un an de grève, la SQDC et le Syndicat canadien de la fonction publique devraient rencontrer le conciliateur cette semaine. Les employés de 24 des 98 succursales de la société d’État sont en grève depuis la fin mai. Les employés affiliés à la CSN, pour leur part, ont approuvé leur contrat de travail en juin 2022.
«On est convoqué la semaine prochaine par le conciliateur qui est attitré au dossier, dit M. Farcy. On verra la semaine prochaine les conclusions que le conciliateur fera sur la situation des deux parties à la table.»
Si les succursales en grève fonctionnent à horaire réduit, le conflit de travail a eu un effet sur les revenus de la société d’État. Les ventes, en termes de revenus et de volume, sont demeurées stables au cours de l’exercice 2022-2023 clos le 25 mars, et ce, malgré l’ouverture de 10 succursales.
Les ventes totales de la SQDC ont atteint 601,9 millions $ représentant 106 526 kg de cannabis, comparativement à 600,5 millions$ et 106 448 kg de cannabis pour l’exercice précédent.
Le salaire est le principal point d’achoppement dans les négociations entre la partie patronale et le syndicat, répond M. Farcy. Il assure que les conditions salariales sont attrayantes à la SQDC.
Il mentionne que le salaire d'entrée à la SQDC est de 19,30 $ et que le salaire «dépasse» les 20 $ à partir de «deux ou trois ans». «Ce que je constate également, c'est que ces conditions de travail, que je vois comme de bonnes conditions de travail, elles nous permettent aujourd'hui de recruter.»
Le rapport annuel dévoile également la rémunération totale de M. Farcy. Il a touché une rémunération globale de 359 603 $ au cours de l’exercice. Contrairement à d’autres sociétés d’État comme la SAQ ou Investissement Québec, la SQDC n’a pas de régime d’intéressement à long terme ou de primes annuelles.
Au cours de l’exercice 2022-2023, la SQDC a enregistré un bénéfice net de 94,9 millions $, comparativement à 75,7 millions $ à la même période l’an dernier.
Au total, la contribution de la SQDC représente des revenus fiscaux de 232,7 millions $ pour le gouvernement du Québec en tenant compte du dividende et des taxes. Ces revenus sont réinvestis en prévention et en recherche en matière de cannabis ainsi que dans la lutte contre les méfaits liés à l’usage de substances psychoactives.