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«Mon sentiment personnel est qu’on choisit les briques au lieu des corps. C’est tout ce qui les intéresse, ils sont plus préoccupés par la sauvegarde des briques», déplore le père de l'une des personnes disparues.
Alors que la recherche des victimes de l’incendie du Vieux-Montréal a amorcé sa cinquième journée mardi, les amis et les membres des familles des victimes sont frustrés par le rythme de l'enquête et le manque de réponses.
Ce texte est la traduction d'un article de CTV News.
Mazhar Khan est arrivé à Montréal au cours de la fin de semaine dans l'espoir d'avoir accès aux restes de sa fille, Saniya Khan, 32 ans, mais on lui a dit que les recherches pourraient durer encore plusieurs jours.
Il souhaiterait désespérément un dénouement rapide dans les travaux de recherche de l'incendie dévastateur du bâtiment patrimonial de Port Street, qui, selon les pompiers, devra être démoli «pierre par pierre».
«Mon sentiment personnel est qu’on choisit les briques au lieu des corps. C’est tout ce qui les intéresse, ils sont plus préoccupés par la sauvegarde des briques», a déclaré M. Khan à CTV News à partir de Toronto.
«Alors qu'en est-il des corps? Et des gens? C'est ma question. Ils s'en fichent des corps, de nos enfants. Ils sont notre chair et notre sang.»
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Ce que M. Khan a décrit comme un voyage «spontané» à Montréal que sa fille a fait avec une amie d'enfance s'est transformé en cauchemar pour sa famille.
Saniya est l'aînée de quatre frères et sœurs et étudiait à la maîtrise en santé publique à la Wayne State University de Detroit. Son père a déclaré qu'elle et son amie d'enfance, Dania Zafar, avaient réservé un Airbnb dans le bâtiment touché par l'incendie meurtrier.
Mme Zafar, 32 ans, est également portée disparue, selon Khan et le consul général au consulat pakistanais à Montréal.
M. Khan n'a eu de nouvelles d'aucune des jeunes femmes depuis mercredi matin et leurs deux téléphones renvoient directement à la messagerie vocale, a-t-il expliqué.
«C'est angoissant», a-t-il témoigné.
«Ça fait mal aussi. À chaque instant, nous pensons à elle, nous parlons d'elle. Nous devrions au moins avoir un corps pour pouvoir l'enterrer de manière décente. C'est ce qu'elle mérite. Mais nous n'obtenons aucune réponse à cela, en fait, quand et comment.»
La police a déclaré mardi matin qu'il y avait encore six personnes portées disparues à la suite de l'incendie de jeudi dernier. Mardi soir, les corps de deux personnes, dont une femme, ont été retrouvés dans les décombres. Aucun d'entre eux n'a été identifié. L'incendie a blessé neuf autres personnes, dont deux grièvement.
M. Khan a indiqué qu'il était revenu à Détroit pour subvenir aux besoins de sa famille, mais qu'il avait depuis décidé de rester à proximité, à Toronto, au cas où il y aurait des nouvelles de sa fille.
«J'attends juste qu'ils m'appellent. Je serai là», a-t-il insisté.
M. Khan a affirmé qu'il s'attendait à devoir fournir un échantillon d'ADN pour aider à l'enquête, mais a déploré qu'aucun progrès n'avait été réalisé sur ce front.
Le Service de police de la Ville de Montréal a déclaré mardi matin lors d'une conférence de presse que l'identification des corps sera un «long processus» qui comprendra une analyse ADN .
«Nous ne pourrons pas donner de noms très rapidement, nous ne pouvons pas nous tromper», a souligné l’inspecteur David Shane, qui a reconnu que l'attente pouvait sembler «insupportable» pour les membres de la famille.
«Nous ne pouvons pas donner un nom et réaliser quelques jours plus tard que nous avons fait une erreur. Ce n'est pas une option», a-t-il ajouté.
Une porte-parole du laboratoire médico-légal de la province a déclaré à La Presse canadienne que le processus d'identification des victimes pourrait également être complexe et pourrait reposer en partie sur l'ADN, qui sera apparié aux échantillons fournis par les familles des victimes. Le bureau du coroner sera également impliqué dans l'enquête et l'identification des victimes.
Jonathan Clark, qui vit à New York, est venu à Montréal pour dire au revoir à Saniya, qu'il appelait sa «flamme jumelle».
«Tout ce qui est bon va me rappeler d'elle. Tout ce qui est joyeux. C'est la partie la plus difficile», a témoigné M. Clark alors que des larmes coulaient sur son visage.
M. Clark a déclaré que les deux femmes «étaient très jeunes, très brillantes, belles».
Le rythme de l'enquête cause également du chagrin à d'autres proches qui cherchent désespérément des réponses.
«Ils me demandent beaucoup de choses, mais une fois que j'essaie de leur demander quoi que ce soit sur ce qui se passe, comme, par exemple, pourquoi ils sont si sûrs qu'il ne manque que six personnes, la seule réponse que j'obtiens est: “oh, c'est sous enquête”», a déploré Yuken Zeng, un ami de l'une des personnes disparues, An Wu, âgée de 31 ans .
M. Zeng s'est envolé pour Montréal lundi à la recherche de réponses sur son ami.
Charlie Lacroix, 18 ans, a également été identifiée par son père comme l'une des occupantes disparues de l'immeuble.
Avec des informations de La Presse canadienne