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Des Palestiniens meurent chaque jour dans les derniers hôpitaux de Gaza, qui sont débordés et ne peuvent plus faire face aux dizaines de milliers de blessés de l'offensive militaire israélienne, a prévenu mercredi un expert des urgences de l'ONU.
Des Palestiniens meurent chaque jour dans les derniers hôpitaux de Gaza, qui sont débordés et ne peuvent plus faire face aux dizaines de milliers de blessés de l'offensive militaire israélienne, a prévenu mercredi un expert des urgences sanitaires de l'ONU, tandis qu'une médecin de l'International Rescue Committee a qualifié la situation dans les hôpitaux de Gaza de la plus extrême qu'elle ait jamais vue.
Les deux professionnels de la santé, qui ont récemment quitté Gaza après des semaines de travail dans les hôpitaux, ont décrit des médecins débordés qui tentent de sauver la vie de milliers de blessés dans des hôpitaux qui s'effondrent et qui se sont transformés en camps de réfugiés improvisés.
Sean Casey, de l'Organisation mondiale de la santé, qui a quitté Gaza récemment après avoir passé cinq semaines à tenter d'obtenir davantage de personnel et de fournitures pour les 16 hôpitaux partiellement opérationnels du territoire, a déclaré lors d'une conférence de presse de l'ONU qu'il avait vu «une situation vraiment horrible dans les hôpitaux» alors que le système de santé s'effondrait de jour en jour.
L'hôpital Al-Shifa, qui était autrefois le principal hôpital de Gaza avec ses 700 lits, a été réduit à ne traiter que les victimes de traumatismes d'urgence et est rempli de milliers de personnes qui ont fui leurs maisons et vivent maintenant dans les salles d'opération, les couloirs et les escaliers, a-t-il révélé.
«Il y a littéralement cinq ou six médecins ou infirmières qui voient des centaines de patients par jour, la plupart avec des blessures mortelles, et il y avait tellement de patients sur le sol qu'on pouvait à peine bouger sans marcher sur les mains ou les pieds de quelqu'un», a relaté M. Casey.
Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, dirigée par le Hamas, estime que 60 000 personnes ont été blessées, et que des centaines d'autres le sont chaque jour.
Depuis qu'Israël a déclaré la guerre au Hamas à la suite de ses attaques surprises dans le sud du pays le 7 octobre, il a accusé à plusieurs reprises le groupe militant islamique d'utiliser les hôpitaux de Gaza comme couverture pour ses activités militaires. Il a pointé du doigt Al-Shifa dans la ville de Gaza, affirmant que le Hamas avait dissimulé des centres de commandement et des bunkers sous les vastes terrains de l'hôpital. Fin novembre, l'armée israélienne a dévoilé ce qu'elle a qualifié d'installation militaire du Hamas sous l'hôpital.
M. Casey a indiqué qu'il avait pu atteindre Al-Shifa à trois reprises avec des livraisons de fournitures médicales, de carburant et de nourriture, mais qu'une fois cela avait pris 12 jours en raison des refus israéliens, principalement pour des raisons de sécurité ou d'opérations.
À l'hôpital Al-Ahli, aussi situé dans la ville de Gaza, la situation est également désastreuse.
«J'ai vu des patients allongés sur des bancs d'église, attendant la mort dans un hôpital qui n'avait pas de carburant, pas d'électricité, pas d'eau, très peu de fournitures médicales et seulement une poignée de membres du personnel pour s'occuper d'eux», a-t-il dit.
La semaine dernière, M. Casey a visité le complexe médical Nasser, l'hôpital principal de Khan Younis, qui a atteint 200 % de sa capacité d'accueil avec seulement 30 % de son personnel, de sorte que «les patients sont partout, dans les couloirs, sur le sol».
«J'ai visité l'unité des grands brûlés où un seul médecin s'occupait de 100 brûlés», a-t-il indiqué.
Même à Rafah, dans le sud, près de la frontière égyptienne, où Israël a exhorté les habitants de Gaza à se déplacer, M. Casey explique que la population est passée de 270 000 habitants il y a quelques semaines à près d'un million, et que la ville ne dispose pas des infrastructures sanitaires nécessaires pour faire face à l'afflux massif de personnes déplacées.
Gaza disposait historiquement d'un système de santé solide, avec 36 hôpitaux, 25 000 professionnels de la santé et de nombreux spécialistes, mais 85 % des 2,3 millions d'habitants du territoire sont aujourd'hui déplacés, y compris les professionnels de la santé, les médecins, les infirmières, les chirurgiens et le personnel administratif.
Selon M. Casey, nombre de ces professionnels de la santé se trouvent dans des abris, sous des bâches en plastique dans les rues de Rafah, et non dans des hôpitaux. Le directeur d'un hôpital lui a dit que son chirurgien plasticien ne pouvait pas opérer parce qu'il était parti ramasser du bois afin de faire cuire la nourriture de sa famille.
Ce qu'il faut avant tout pour aider les dizaines de milliers de blessés et de personnes souffrant de problèmes de santé à Gaza, c'est un cessez-le-feu et la sécurité qu'il apporterait, a lancé M. Casey, mais ce n'est pas suffisant.
«Les fournitures médicales doivent d'abord surmonter les obstacles et les inspections pour entrer dans la bande de Gaza, puis elles doivent être acheminées vers les hôpitaux où elles sont nécessaires», a-t-il dit.
Mais sans personnel de santé, sans fournitures médicales et sans carburant pour faire fonctionner les générateurs dans les hôpitaux et les centres de santé, «on ne peut pas faire d'opérations chirurgicales, on ne peut pas fournir de soins postopératoires», a-t-il rappelé.
M. Casey a indiqué que l'Organisation mondiale de la santé tentait de mobiliser des équipes médicales internationales d'urgence pour soutenir les hôpitaux de Gaza et fournir des soins. L'agence onusienne de la santé a également soutenu la création de plusieurs hôpitaux de campagne au cours des six dernières semaines environ.
«Le nombre d'évacuations médicales en dehors de la bande de Gaza est très limité. Nous savons qu'il y a des milliers de personnes qui bénéficieraient de soins de plus haut niveau qui ne peuvent plus être fournis dans la bande de Gaza», a-t-il dit, notamment des patients atteints de cancer et des personnes souffrant de blessures complexes.
«Des gens meurent tous les jours, a déclaré M. Casey. J'ai vu des enfants couverts d'éclats d'obus mourir sur le sol parce qu'il n'y a pas de matériel dans le service des urgences, ni de personnel soignant (...) pour s'occuper d'eux.»
Lors d'une autre conférence de presse, la docteure Seema Jilani, pédiatre et conseillère technique principale du Comité international de secours pour les urgences sanitaires, a déclaré qu'elle venait de se rendre à Gaza pendant deux semaines en collaboration avec Medical Aid for Palestinians et que ce qu'elle avait vu était «déchirant, des scènes sorties de cauchemars"»
Mme Jilani, qui a déjà travaillé dans des zones sensibles telles que l'Afghanistan, l'Irak et le Liban, a dit: «D'après mon expérience dans les zones de conflit du monde entier, il s'agit de la situation la plus extrême que j'aie vue en termes d'ampleur, de gravité des blessures et de nombre d'enfants qui ont souffert et qui n'ont rien à voir avec tout cela».
Mme Jilani travaillait aux urgences de l'hôpital Al-Aksa de Deir al-Balah, le seul hôpital de la zone centrale de Gaza. Le premier jour, elle a tenté de sauver un petit garçon d'environ un an dont le bras et la jambe droite avaient été arrachés, sans aucun des médicaments nécessaires. À côté de lui, il y avait un homme mourant dont «les mouches ... se régalaient déjà», a-t-elle raconté.
Mme Jilani explique qu'elle a soigné des enfants souffrant de blessures allant d'amputations traumatiques à des brûlures extrêmes, et qu'elle a parfois vu la fumée des bombardements israéliens à proximité. «Un jour, une balle a effectivement traversé l'unité de soins intensifs», a-t-elle dit.
Après son départ, l'hôpital a manqué de carburant et les lumières se sont éteintes. Elle ne sait pas comment vont les bébés qu'elle a soignés, ni s'ils ont été évacués.