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Politique

Les Américains ont raison, selon Paul St-Pierre Plamondon

M. St-Pierre Plamondon accuse le gouvernement fédéral d'incompétence dans le contrôle de la frontière Canada-États-Unis.

Reportage vidéo :
Patrice Bergeron
Texte :
Patrice Bergeron / La Presse canadienne

Le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon a donné raison mercredi aux États-Unis de Donald Trump: le Canada et le Québec ont été de «mauvais voisins» sur les enjeux de l'immigration et du fentanyl.

Voyez le reportage d'Étienne Fortin-Gauthier dans la vidéo ci-haut.

Le gouvernement caquiste s'est empressé de rabrouer son adversaire péquiste. 

M. St-Pierre Plamondon s'exprimait concernant les suites à donner aux menaces de l'administration Trump de droits de douane visant le Canada, accusé de mal gérer sa frontière. Des données indiquent pourtant que les quantités de fentanyl saisies en provenance du Canada sont infinitésimales par rapport au volume intercepté à partir du Mexique. 

«Les Américains ont raison», a déclaré M. St-Pierre Plamondon en marge de la réunion de son caucus à Terrebonne.

 

«Le Canada a été un mauvais voisin, a-t-il poursuivi. Ça fait des années qu'on parle du laxisme sur ces questions qui ont été gérées par le Canada.»

Afin de priver les États-Unis d'un prétexte pour frapper les entreprises québécoises de droits de douane de 25 % le 1er février, selon ce que M. Trump a évoqué, M. St-Pierre Plamondon suggère notamment de mettre sur pied une escouade policière pour réprimer les activités illégales le long de la frontière, traite de personnes, trafic de drogue, etc.

M. St-Pierre Plamondon s'est basé sur un document déjà publié par l'administration Trump sur ses orientations en commerce international: un comité doit d'ici au 1er avril donner l'état des lieux concernant deux «urgences» qui touchent la «sécurité nationale» américaine à la frontière canadienne, soit l'immigration illégale et le fentanyl.   

«Est-ce qu'ils ont raison de nous reprocher ça? Je pense que les Américains ont raison», a répondu le chef péquiste. 

Un article du Soleil publié mardi indique plutôt qu'en 2023, 23 kg de fentanyl ont été saisis à la frontière canadienne, soit bien moins que les 9364 kg saisis en provenance du Mexique. 

De même, 2,5 millions d'immigrants en provenance de la frontière du Mexique ont été refoulés hors des États-Unis en 2023, par rapport à moins de 192 000 en provenance du Canada.

Bonnardel réagit

Le ministre caquiste de la Sécurité publique, François Bonnardel, a également contesté les affirmations du leader souverainiste.  

«Je sais pas où il prend cette information», a-t-il affirmé en mêlée de presse au caucus de la CAQ à Saint-Sauveur. 

«Est-ce qu'il a des informations que la Sûreté du Québec n'a pas? Les services de renseignement nous confirment que oui, il y a un problème de fentanyl, mais dans l'Ouest canadien, il n'y a pas de problème de fentanyl du côté du Québec. C'est du n'importe quoi de la part du chef du Parti québécois.»

Quant à l'enjeu de l'immigration illégale, M. Bonnardel a reconnu qu'il y avait un problème dans le secteur de Swanton, mais qu'un «plan de match» avait été mis en place.

Pas moins de 800 policiers «protègent les municipalités» limitrophes au quotidien, a-t-il rappelé, tandis que 300 policiers additionnels de la Sûreté du Québec peuvent être mobilisés en 24 à 48 heures. 

«On s'attend à ce que le plan de match puisse répondre adéquatement aux inquiétudes de l'administration américaine», a-t-il poursuivi. 

M. Bonnardel a aussi précisé que le secteur de la frontière était «calme» actuellement. 

Le ministre a rappelé que son gouvernement exige toutefois plus de clarté de la part du gouvernement fédéral, qui a officiellement la responsabilité de surveiller les frontières du pays.

Le gouvernement caquiste veut «connaître les investissements qui seront faits par le fédéral d'ici au 31 mars pour protéger la frontière et de s'assurer encore une fois qu'on n'a pas un flux migratoire important dans les prochaines heures, sinon les prochains jours», a résumé M. Bonnardel. 

«Le ministre Bonnardel vit dans le déni et tente de transformer le débat sur la porosité de nos frontières en un débat sur où passent le fentanyl et d'autres drogues», a répliqué M. St-Pierre Plamondon par l'entremise du réseau X.

Il a rappelé que les drogues circulent au Québec notamment par le territoire d'Akwesasne. 

«Mon propos ce matin, c’est qu’il passe des armes, de la drogue et qu’il y a de la traite de personnes, notamment à travers Akwesasne et qu’il faut corriger cet état de fait, tant dans l’intérêt des Québécois que des Américains.»

Selon lui, il ne faut pas se surprendre qu'on saisisse peu de drogues aux frontières puisqu'«on ferme les yeux sur les activités criminelles transfrontalières depuis des années». 

En mêlée de presse, il a refusé de s'expliquer davantage, une fois que les données dévoilées par Le Soleil sur le fentanyl lui ont été rapportées par les journalistes.  

L'équipe des communications du PQ a par la suite fourni des précisions écrites pour justifier sa position.   

«Dans les faits, le Canada est un producteur de fentanyl, tel que le démontre le démantèlement de plusieurs laboratoires clandestins à travers le pays et la perquisition de millions de doses, en quantité suffisante pour tuer tous les Canadiens, comme l'illustrait en 2023 Radio-Canada», peut-on lire. 

«Cette drogue et les opioïdes en général ont tué 600 Québécois l'an dernier, et des milliers d'autres de part et d'autre de la frontière canado-américaine», poursuit-on.

«Il faut s'attaquer aux points de passage qui facilitent le trafic de cette drogue et d'autres, et ce, peu importe ce qui se passe à la frontière mexicaine en termes de saisies comparé à notre frontière. La réalité de la porosité de la frontière est également confirmée par les armes à feu et la traite de personnes qui a présentement cours.»

Reportage vidéo :
Patrice Bergeron
Texte :
Patrice Bergeron / La Presse canadienne