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Les perturbations chez Abbott causent des problèmes d’approvisionnement pour des formules hypoallergéniques spécifiques à travers le Canada. Au Québec, la pénurie vient aussi des achats de panique.
Des parents québécois font des pieds et des mains pour trouver du lait maternisé hypoallergénique pour nourrir leur bébé, alors que la pénurie qui fait rage aux États-Unis se fait sentir jusqu'au Québec.
Parents d'une petite fille de 9 mois intolérante à la protéine de lait de vache, Anne Côté et son conjoint ont passé une heure et demi au téléphone avec différentes pharmacies lundi soir pour se procurer du lait maternisé Nutramigen, prescrit par le médecin de leur enfant.
Après plusieurs appels, elle a fini par trouver une canne du précieux lait en poudre dans une grande surface de la Rive-Sud de Montréal.
«C'est bien beau, mais dans une semaine et demi, ma canne va être vide et je vais devoir recommencer le processus», déplore-t-elle.
Désespérée, la jeune maman fait depuis plusieurs jours le tour des groupes Facebook de parents de sa région, à la recherche de la formule de sa fille.
«Si la personne me la vend sur les réseaux sociaux le double du prix, je m'en fous rendu là, explique-t-elle. Il faut que je nourrisse mon bébé.
Voyez le témoignage de Anne Côté dans la vidéo ci-dessous:
Mme Côté est loin d'être la seule mère inquiète de voir des tablettes dégarnies dans les pharmacies.
Lorsque Catherine Labrecque-Baker est allée acheter du lait maternisé hypoallergénique à la mi-avril pour son bébé de six mois, son pharmacien de Québec lui a dit qu’il n’en restait plus.
Mme Labrecque-Baker s’est donc rendue dans une autre pharmacie de la ville et a acheté cinq fois la quantité qu’elle prend normalement. Puis elle a commencé à stresser en nourrissant son bébé et en regardant son stock diminuer lentement.
Son fils souffre d’une intolérance aux protéines de lait de vache et dépend d’Alimentum, un produit du fabricant américain de lait maternisé Abbott, qui a volontairement rappelé ses produits en février après que quatre maladies ont été signalées chez des bébés qui avaient consommé du lait maternisé en poudre de son usine du Michigan.
«Qu’est-ce que je suis supposé faire ? s’est demandé Mme Labrecque-Baker lundi en entrevue. J’ai pleuré toute une nuit, me demandant ce que je ferais quand je n’aurais plus de formule.»
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Les perturbations chez Abbott, le plus grand fabricant de formules aux États-Unis, causent des problèmes d’approvisionnement pour des formules hypoallergéniques spécifiques à travers le Canada, selon la porte-parole du Conseil canadien du commerce de détail, Michelle Wasylyshen.
Mais au Québec, les parents remarquent des pénuries d’autres formules sur les tablettes des pharmacies de la province — à la suite d’achats de panique, a ajouté Mme Wasylyshen.
«Il y a un effet d’entraînement», a-t-elle expliqué lors d’une entrevue lundi, faisant référence à des parents comme Mme Labrecque-Baker qui achètent plus de lait maternisé que d’habitude parce qu’ils craignent qu’il ne soit en rupture de stock.
«Nous ne voulons pas voir un retour aux achats de panique — cette approche n’aide personne, a expliqué Mme Wasylyshen. Certains de nos détaillants ont mis en place des limites en termes de ce que les clients peuvent acheter, juste pour s’assurer qu’il y en a assez pour tout le monde.»
La décision d’Abbott de fermer son usine du Michigan a exacerbé les perturbations continues de la chaîne d’approvisionnement parmi les fabricants de formules, laissant moins d’options sur les étagères des magasins dans une grande partie des États-Unis.
La société est l’une des rares à produire la grande majorité de l’approvisionnement en lait maternisé aux États-Unis. Le rappel de produits d’Abbott — impliquant les marques Similac, Alimentum et EleCare — a donc anéanti un large segment du marché destiné aux bébés allergiques ou intolérants aux protéines de lait de vache.
Lundi, Abbott a annoncé avoir conclu un accord avec les responsables américains de la santé pour redémarrer la production dans son usine du Michigan, une étape clé vers l’atténuation d’une pénurie à l’échelle nationale.
Le Québec ne fait pas face au même genre de pénuries que les États-Unis, mais Mme Wasylyshen a souligné que des images d’étagères de pharmacies vides dans la province ont commencé à circuler en ligne, provoquant de l’anxiété.
Le ministère de la Santé et des Services sociaux de la province a indiqué lundi qu’il travaillait avec l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP), pour minimiser l’impact de la pénurie.
«Nous regardons jusqu’en Europe pour contrer ce manque d’approvisionnement», a dit la porte-parole du ministère, Marjorie Larouche, ajoutant que des pénuries sont constatées partout au Canada.
Marilie Beaulieu-Gravel de l’AQPP a indiqué qu’après la disparition de la formule Alimentum d’Abbott des étagères, les parents se sont précipités pour acheter Nutragimen, une autre formule hypoallergénique, fabriquée par Mead Johnson & Company.
«Il n’y a pas de problème de production avec ce produit, mais plutôt un effet domino, a expliqué Mme Beaulieu-Gravel lundi en entrevue. La demande pour les produits augmente fortement et de manière inattendue sur le marché.»
Alors que les produits Nutragimen devraient être de retour sur les tablettes d’ici la mi-juin, Mme Beaulieu-Gravel a dit que son association ne s’attend pas à ce que l’approvisionnement d’Alimentum revienne avant la fin de l’été.
Pendant ce temps, certains parents, dont Mme Labrecque-Baker, se retrouvent à chercher du lait maternisé partout, même en ligne.
«J’ai regardé sur Facebook Marketplace, sur Kijiji… des amis cherchaient ou me donnaient ce qu’ils pouvaient, a témoigné Mme Labrecque-Baker. Cette semaine, j’ai dépensé 200 $ parce que je ne peux pas attendre et risquer. Plus je peux stocker, plus je peux nourrir mon enfant. »