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«Le français et l’anglais sont des parties intégrantes de l’identité canadienne.»
Des membres influents du Parti libéral du Canada (PLC) s'opposent à un candidat à la succession de Justin Trudeau, qui affirme qu'un nouveau chef bilingue n'est pas indispensable.
À travers la plateforme X , Jean-Yves Duclos - ministre des Services publics et de l’Approvisionnement et lieutenant politique du Québec - a insisté, vendredi matin, sur l’importance du bilinguisme pour le ou la prochain(e) chef(fe) de son parti.
Le français et l’anglais font parties intégrantes de l’identité canadienne. Le prochain chef du Parti libéral devra impérativement être bilingue. C’est une question de respect et de valeurs. C’est aussi essentiel pour maximiser nos chances de gagner les prochaines élections.
— Jean-Yves Duclos (@jyduclos) January 10, 2025
Selon lui, être bilingue est non seulement une question de respect et de valeurs, mais aussi un atout essentiel pour maximiser les chances de victoire aux prochaines élections.
Avant la réunion du caucus national mercredi, M. Duclos avait souligné aux journalistes qu'il fallait choisir une personne qui comprend «très bien» le fonctionnement de la province et les enjeux québécois. «Il faut que cette personne comprenne très bien la diversité et la spécificité du Québec», avait-il mentionné, en réitérant l'importance que le nouveau chef s'exprime «de manière fluide» en français.
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Cela survient au lendemain de l'annonce de la candidature du député ontarien Chandra Arya dans la course libérale. Ce dernier a fait l'objet de critiques sur les réseaux sociaux, car il a annoncé son intérêt de remplacer Justin Trudeau à la tête du PLC, en anglais seulement.
Dans une entrevue accordée au Devoir, M. Arya a affirmé que la maîtrise du française était un critère secondaire à la direction du Parti libéral. Ce qui a été par la suite confirmé par courriel à Noovo Info vendredi.
Selon le député ontarien, le débat sur l'une ou l'autre des langues officielles au pays détourne souvent l'attention des enjeux plus importants pour les Canadiens. Il soutient avoir identifié les «problèmes structurels auxquels le Canada est confronté aujourd'hui» et se dit prêt à les régler en proposant un «gouvernement plus petit et plus efficace» et avec des «décisions politiques audacieuses».
Malgré tout, M. Arya affirme que la barrière de la langue ne l'empêchera pas de faire campagne ni de continuer sa «mission» visant à «rebâtir le Canada» et «d'assurer la prospérité des générations futures».
À la suite de ces propos, le chef du Parti québécois, Paul Saint-Pierre Plamondon, a dénoncé l'attitude de M. Arya et a souligné que cela n'arriverait pas si la province québécoise était indépendante.
«En effet, il faudra s’habituer de plus en plus à voir, à l’échelle fédérale, des politiciens qui se contre-foutent du français comme du Québec en général», a-t-il écrit sur X vendredi. «C’est le sort qui nous attend dans ce pays qui se bâtit sans nous et dans lequel nous ne détenons que 20% des sièges.»
En effet, il faudra s’habituer de plus en plus à voir, à l’échelle fédérale, des politiciens qui se contre-foutent du français comme du Québec en général. C’est le sort qui nous attend dans ce pays qui se bâtit sans nous et dans lequel nous ne détenons que 20% des sièges.
— Paul St-Pierre Plamondon (@PaulPlamondon) January 10, 2025
Sauf… https://t.co/BCfgO5Xxh1
Du côté du Bloc québécois, son chef Yves-François Blanchet a également réagi. «Il est révélateur d’affirmer que la langue importe peu aux Québécois et que de parler français ne semble pas être un critère pour cet aspirant premier ministre du Canada», a-t-il déclaré par courriel à Noovo Info. «Ça l’est aussi, du manque de considération pour la langue française, qu’ont les députés du Canada, chez qui plusieurs refusent toujours de reconnaître le déclin du français. Le seul parti qui se tient debout; c’est le Bloc!»
Toujours sur X, le ministre Steven MacKinnon, qui songe à se porter candidat à la succession de M. Trudeau, a aussi noté qu'il est «crucial» que le chef libéral soit bilingue.
«Le bilinguisme signifie apprécier le fait français au Canada, apprécier le Québec dans son ensemble et toutes les communautés du pays, qu'elles soient francophones ou anglophones», a-t-il mentionné.
Rappelons que la majorité des chefs du PLC ont été bilingues. On peut le voir depuis l'arrivée de Pierre Elliott Trudeau à la direction du parti en 1968. Ce dernier a notamment permis d'adopter la loi sur les langues officielles en 1969, établissant l’anglais et le français comme les langues officielles du pays. Depuis, les chefs - comme Jean Chrétien et Michael Ignatieff - se sont toujours exprimés en français et en anglais dans les médias, à Ottawa et à la population.
L'exécutif du Parti libéral du Canada a annoncé jeudi soir que le nouveau chef serait choisi le 9 mars. Les candidats ont jusqu'au 23 janvier pour déclarer leur candidature et devront payer des frais d'inscription de 350 000 $ pour participer à la course.
Le premier ministre Trudeau avait annoncé en début de semaine qu'il quittera ses fonctions de chef libéral. Il avait été largué par les principaux caucus régionaux de sa formation politique durant les Fêtes. Cela faisait suite à l'effet d'une bombe insufflé, le 16 décembre, par le départ soudain de son ex-ministre des Finances et vice-première ministre Chrystia Freeland, le jour même où elle devait déposer un énoncé économique.
Les ministres Dominic LeBlanc et Mélanie Joly, ainsi que l'ex-premier ministre du Nouveau-Brunswick, Brian Gallant, ont annoncé cette semaine qu'ils ne feront pas partie de la course au leadership. Seuls, l'ancien député montréalais Frank Baylis et le député ontarien Chandra Arya ont officiellement confirmé leurs candidatures à la course à la chefferie.
Alors que l'ancien gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, devrait annoncer sa candidature la semaine prochaine, l'ancienne première ministre de la Colombie-Britannique Christy Clark y réfléchit encore.
Plusieurs ministres du cabinet sont également en réflexion, dont François-Philippe Champagne – qui siège également au comité du cabinet sur les relations canado-américaines –, Karina Gould, Steven MacKinnon et Jonathan Wilkinson. L'ancienne ministre des Finances Chrystia Freeland envisage également de participer à la course.
Avec des informations de La Presse canadienne