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«Est-ce que je suis prête à laisser de côté mes responsabilités à un moment crucial dans la relation Canada–États-Unis?»
La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, ne sera pas de la course à la direction du Parti libéral du Canada, qui vise à trouver un successeur à Justin Trudeau.
En se rendant, vendredi, à une réunion du comité du cabinet chargé des relations entre le Canana et les États-Unis, Mme Joly a expliqué qu'elle s'est posé deux questions et avoir choisi de prioriser les intérêts du pays.
Mme Joly a affirmé être reconnaissante d'avoir reçu «beaucoup d’appuis partout à travers le Québec, partout à travers le pays».
Je dois consacrer chaque minute de mon temps et toute mon énergie à défendre les intérêts des Canadiens. C’est ce que je fais et continuerai de faire. pic.twitter.com/0uxK4y0vCS
— Mélanie Joly (@melaniejoly) January 10, 2025
Déjà mercredi, alors qu'elle se disait «en réflexion», elle avait expliqué qu'elle prendrait non seulement en compte les conséquences sur sa famille, ses proches et son projet de devenir mère, mais également de défendre la relation canado-américaine qu'elle juge présentement «très difficile» dans le contexte de l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche.
Questionnée à savoir pourquoi elle renonce aux pouvoirs qui viendraient avec les fonctions de premier ministre, Mme Joly a expliqué que «la menace, elle est là», puisque M. Trump a indiqué qu'il compte imposer des tarifs dès son arrivée au pouvoir dans dix jours et que, depuis un mois, elle crée des relations avec la nouvelle administration américaine.
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Les arguments de Mme Joly sont semblables à ceux mis de l'avant par la nouveau ministre des Finances et homme de confiance de Justin Trudeau, Dominic LeBlanc, qui avait annoncé mercredi qu'il n'entendait pas être de la course afin de lutter contre la menace de tarifs, ce qui représente «un job à temps plein» sur laquelle il compte «focaliser».
Mme Joly croit qu'elle aurait eu «de très bonnes chances» de remporter la course. «Je suis une organisatrice, a-t-elle insisté. J’ai créé un parti à 34 ans et je me suis présentée à la mairie de (Montréal) la deuxième plus grande ville du Canada et de la première plus grande ville du Québec. Oui, j’ai une base organisationnelle et, oui, nous jouerons un rôle dans cette course à la chefferie.»
Dans une déclaration obtenue par CTV News vendredi, l'ex-premier ministre du Nouveau-Brunswick Brian Gallant a confirmé qu'il ne se présentera pas à la course à la direction du Parti libéral.
«Je suis flatté que l'on me pose la question - franchement, je suis surpris de l'ampleur de la demande - mais je dois répondre par non», a-t-il écrit à CTV News vendredi, en disant qu'il était reconnaissant de l'appui qu'il avait reçu et qu'il souhaite se concentre sur sa vie de jeune famille. «[Jeudi], alors que je téléphonais à une personne qui me demandait de me présenter à la direction du parti, il ne m'a pas échappé que j'avais de la crème pour couches sur ma chemise et que j'étais en retard à l'appel parce que la sortie de la garderie avait pris plus de temps que prévu.»
M. Gallant a été le 33e premier ministre du Nouveau-Brunswick de 2014 à 2018. Il était le deuxième plus jeune premier ministre de la province et le plus jeune premier ministre au pays au moment où il avait quitté ses fonctions.
L'exécutif du Parti libéral du Canada a annoncé jeudi soir que le nouveau chef serait choisi le 9 mars. Les candidats ont jusqu'au 23 janvier pour déclarer leur candidature et devront payer des frais d'inscription de 350 000 $ pour participer à la course.
L'ancien député montréalais Frank Baylis et le député ontarien Chandra Arya sont les deux seuls candidats à avoir officiellement confirmé qu'ils comptaient se lancer dans la course. M. Baylis, qui a été député de Pierrefonds—Dollard de 2015 à 2019, a confirmé ses intentions quelques heures après l'annonce de M. Trudeau, alors que M. Arya a fait de même jeudi matin.
Alors que l'ancien gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, devrait annoncer sa candidature la semaine prochaine, l'ancienne première ministre de la Colombie-Britannique Christy Clark y réfléchit encore.
Plusieurs ministres du cabinet sont également en réflexion, dont François-Philippe Champagne – qui siège également au comité du cabinet sur les relations canado-américaines –, Karina Gould, Steven MacKinnon et Jonathan Wilkinson. L'ancienne ministre des Finances Chrystia Freeland envisage également de participer à la course.
Selon les informations obtenues par Noovo Info, M. Champagne se donnerait jusqu'à «la fin de semaine» avant de faire part de sa décision finale.
François-Philippe Champagne «toujours en réflexion», selon son entourage.
— Étienne Fortin-Gauthier (@EtienneFG) January 10, 2025
Il disait se «donner le weekend» pour décider s’il se lançait à la chefferie.
Steven MacKinnon autre Québécois toujours en réflexion.@NoovoInfo pic.twitter.com/54VxvzOcSe
Le président élu Donald Trump a menacé d'imposer des tarifs douaniers de 25 % sur les importations en provenance du Canada et du Mexique lors de son investiture plus tard ce mois-ci.
Le cabinet de Mme Joly n'a pas précisé quand elle partirait ou si d'autres ministres l'accompagneraient, et n'a pas nommé les responsables qu'elle rencontrerait à Washington.
«Nous devons être prêts», a déclaré vendredi matin la ministre Joly aux journalistes sur la colline du Parlement, avant une réunion du comité du Cabinet chargé des relations canado-américaines pour discuter des mesures de représailles qu'Ottawa déploierait si ces tarifs étaient appliqués.
La stratégie du Canada, a-t-elle noté au passage, est fondée sur deux piliers. D'abord, de convaincre le président et ses proches conseillers qu'une solution «gagnant-gagnant» est possible, que ce soit avec le plan sur la frontière, des discussions sur le militaire et la géopolitique.
«Puis, l'autre chose, c'est qu'il faut être prêt pour (…) des mesures de représailles». Et le Canada «sera prêt», a promis la ministre.
Mme Joly a dit avoir parlé vendredi matin avec le sénateur américain Lindsey Graham, un républicain clé. Elle a affirmé qu’elle lui parlait «presque tous les jours» et qu'elle l’avait rencontré en Floride en décembre.
Elle a également dit avoir rencontré les membres probables du cabinet de M. Trump, notamment son futur homologue probable Marco Rubio, le candidat à la tête des frontières Tom Holman, le candidat au poste de secrétaire au Commerce Howard Lutnick et Doug Burgum, qui sera probablement nommé secrétaire à l’Énergie. Elle a indiqué avoir eu des «contacts» avec Mike Waltz, qui sera probablement nommé conseiller à la sécurité nationale.
«Ces gens commencent officiellement le 20 janvier, mais la réalité est que leur plan d'action est déjà prêt», a précisé Mme Joly, ajoutant que M. Trump est «un décideur chevronné» qui a une équipe loyale composée de fonctionnaires qui pourraient le retenir moins que ceux de sa première administration.
Elle a ajouté que le Canada doit se concentrer alors qu'il se prépare à accueillir M. Trump et d'autres dirigeants mondiaux au sommet du G7 en Alberta en juin, ajoutant que les alliés du Canada sont «préoccupés» par son administration.
Mme Joly a noté que de nombreux Canadiens s'inquiètent lorsqu'ils entendent M. Trump envisager de faire du Canada un État américain — des commentaires que le ministre de la Défense, Bill Blair, a qualifiés de décevants.
«Les remarques que nous avons entendues au cours des dernières semaines sont profondément préoccupantes et, à bien des égards, profondément décevantes», a dit M. Blair aux journalistes jeudi en Allemagne, lors d'une réunion du Groupe de contact sur la défense de l'Ukraine.
Il a souligné la longue histoire de collaboration en matière de défense et les liens personnels entre les deux pays. «J'espère que cette relation sera respectée par notre ami le plus proche», a-t-il dit.
Le premier ministre Justin Trudeau et les premiers ministres provinciaux se rencontreront à Ottawa la semaine prochaine pour discuter du plan du Canada pour répondre aux tarifs douaniers.
Les premiers ministres provinciaux prévoient également leur propre voyage à Washington le 12 février, dirigés par le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford. Son cabinet a été interrogé sur les premiers ministres qui y participeront.
Avec des informations de Noovo Info et de CTV News