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«Rien ne fonctionnait. Mon corps semblait lent.»
En mettant le pied hors du lit au Village olympique de Paris, le judoka canadien Shady Elnahas a senti qu'il n'était pas dans son assiette. Incapable de vaincre ce «spleen», il a vu sa quête de médaille prendre fin dès son premier combat de la journée.
Elnahas, originaire d'Alexandrie, en Égypte, a été battu par waza-ari par le Suisse Daniel Eich après 34 secondes de prolongation à l'Aréna du Champ-de-Mars, sonnant le glas d'une belle chance de médaille pour la délégation canadienne.
«C’est ce qui fait la beauté et la cruauté des Jeux olympiques: c’est une journée aux quatre ans. Tu te lèves et c’est aujourd’hui, ce n’est ni demain ni hier», a raconté l'entraîneur-chef du Canada, Antoine Valois-Fortier. «Ce sera à nous de mettre le doigt sur ce qui a fait en sorte qu’il se sentait comme ça (jeudi) matin.»
«Il ne faut pas oublier qu’il y a à peine deux mois, Shady se battait encore pour sa place. Peut-être que le processus de qualification a été long et exigeant. Est-ce qu’il a eu le temps de récupérer? Ce sont des questions auxquelles je n’ai pas les réponses en ce moment», a ajouté Valois-Fortier.
Eich, qui occupe le 14e rang mondial et a conclu l'épreuve en cinquième place, avait été battu par le Canadien d'origine égyptienne à leur seul autre affrontement, au grand Chelem de Tokyo, en novembre dernier.
«C’est plate de perdre contre quelqu’un que tu bats tout le temps. Mais c’est le judo; n’importe quoi peut arriver», a laissé tomber Elnahas.
Habituellement un combattant au style agressif, Elnahas a semblé hésitant tout au long de ce duel. Le judoka, qui a terminé en neuvième place, se posait visiblement beaucoup de questions au moment de rencontrer les journalistes canadiens dans la zone mixte, où il a évoqué sa fracture du pouce gauche, subie il y a environ deux semaines, et qui a nécessité une intervention chirurgicale.
«Je n’ai pas fait de judo pendant une semaine ou deux, en tout cas pas vraiment jusqu’à maintenant. Ça fait un peu mal, mais je pouvais me battre. Plus le combat durait, plus j’y allais fort. Mais quand il m’a contré, c’était la fin», a-t-il raconté.
«Il a quand même fait du judo, a nuancé Valois-Fortier. C’est la raison pour laquelle on a fait l’opération. Il a fait du judo après quatre ou cinq jours de récupération. On a été capable de mettre quelque chose de bien en place. Mais ma plus grosse question, c'est: est-ce que ça lui a joué entre les deux oreilles?»
L'or est allée à l'Azerbaïdjanais Zelim Kotsoiev, qui avait battu Elnahas en finale des derniers Mondiaux. Le Géorgien Ilia Sulamanidze est monté sur la deuxième marche du podium, tandis que l'Israélien Peter Palchik et l'Ouzbek Muzzafarbek Turoboyev ont récolté une médaille de bronze.
Ce revers est une grande déception pour l'équipe canadienne, qui n'a que la médaille d'or de Christa Deguchi, remportée lundi chez les 57 kg, à ramener dans ses bagages.
«Shady n’est pas venu ici pour ça et dans les derniers mois, il a montré qu’il faisait partie de l’élite mondiale. C’est sûr qu’il doit être très déçu», a évoqué Valois-Fortier.
«Je ne sais pas quoi sentir, quoi penser, a ajouté Elnahas. Je veux juste passer du temps avec ma famille et ma copine. Je repenserai à ma journée plus tard.
«Je suis fier de mon parcours. Je suis vice-champion (du monde). Le processus de qualification a vraiment été difficile, a-t-il ajouté. Mais je ne suis vraiment pas fier de ma journée.»
Valois-Fortier et toute l'équipe haute performance de Judo Canada avaient comme objectif de ramener de deux à trois médailles individuelles. Il ne reste plus qu'Ana Laura Portuondo Isasi, de La Prairie, en lice chez les plus de 78 kg, vendredi. Mais la 56e judoka au monde ne représente pas un réel espoir de médaille dans ce tournoi.
Le Canada livrera aussi la compétition par équipe mixte, samedi.
«C'est clair que je ne lui parlerai pas de la compétition par équipe avant (vendredi), a dit Valois-Fortier au sujet d'Elnahas. Il a besoin de temps pour digérer cette défaite.»