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«Les parents des athlètes, debout dans les estrades, à applaudir, pleurer, crier. Eux aussi, ils sont beaux à voir.»
Les écoutez-vous? Êtes-vous rivés à votre écran, tout comme moi, tout comme trois milliards de téléspectateurs dans le monde entier, afin de regarder les Jeux olympiques de Paris? De la cérémonie d’ouverture grandiose aux compétitions, chez moi, les Jeux olympiques, ça se regarde en famille.
Il y a plusieurs raisons pour lesquelles j’incite (et insiste) mes deux adolescents (ils ont 14 et 17 ans) à écouter avec moi les péripéties, les victoires et les peines des athlètes des JO.
D’abord, parce que petite, c’est ce qu’on faisait à la maison. J’ai un souvenir très net de la télévision sortie dehors l’été, dans la cour, pour « suivre nos Québécois », comme disait ma mère.
Devant l’engouement et l’enthousiasme de mes parents, mes sœurs et moi n’avions d’autres choix: on s’intéressait aux Jeux olympiques, aux athlètes prometteurs, aux vedettes établies, aux disciplines émergentes, aux prédictions, aux gaffes et aux révélations.
«Allez, relève-toi!» Ma mère jouait à la gérante d’estrade devant les misères des gymnastes, des lutteurs, des nageurs, des coureurs et des joueurs de volleyball. Mon père était tout à coup entraîneur, en faisant des commentaires sur les performances, peu importe le sport. Nous? Nous écoutions, ébahies — peut-être plus ébahies par le spectacle dans notre salon que celui offert par les Jeux à la télé, à bien y penser.
J’aime que mes deux adolescents, qui pratiquent quelques sports, voient la persévérance des athlètes. J’aime leur rappeler, au détour d’une compétition, que cette fille, ce garçon, a dû pratiquer des heures et des heures, tous les jours, pendant des années, pour arriver où elle/il est.
J’aime constater et leur parler de la motivation que ça prend. Bons jours comme mauvais jours, ces athlètes ont poursuivi un rêve, un objectif, un but. Leur attention était concentrée sur une seule et unique chose. Vous ne trouvez pas que c’est rare de nos jours?
Nous sommes tous en déficit d’attention, avalés par les écrans et la dopamine qu’ils procurent. Nous sommes passés maîtres dans le multitâche. Mais pas les athlètes. Ils vivent le moment présent, ce moment attendu et (très) préparé.
J’aime le courage des athlètes, cette force qui les pousse à essayer de nouvelles pirouettes, de nouvelles manœuvres, de nouveaux sauts, de nouveaux enchaînements. J’en discute avec mes ados: vous ne pensez pas qu’ils ont eu des craintes, qu’ils ont dû affronter leurs peurs, à un moment ou à un autre? Bien sûr que si. Comme vous, comme nous, dans la vie de tous les jours — mais à un autre niveau.
J’aime penser aux efforts qu’ils ont mis pour arriver là où ils sont. Un philosophe a déjà dit: «Si vous ne pouvez exceller par le talent, triomphez par l’effort». Je le dis et le répète souvent à mes deux héritiers: le talent, à lui seul, ne vaut rien. C’est le travail derrière, la pratique et l’expérience, qui comptent.
J’admire l’attitude des athlètes, ce côté digne, ce côté tête haute, ce choix de «regarder en avant». Je pense que c’est une sorte de résilience, de lucidité. Ils serrent la main de leurs adversaires lorsqu’ils perdent et ils savent accepter les compliments lorsqu’ils gagnent. Ils savent reconnaître quand l’autre a été meilleur. C’est ce qu’on appelle, je crois, l’esprit sportif. Ne pas perdre de vue qu’il y a le sport, il y a les compétitions et il y a… l’être humain en face de soi. Il y a la vie.
J’aime le sens du sacrifice des olympiens. S’entraîner à une discipline pendant quatre, six, huit heures par jour, ça demande une volonté de fer. Du dévouement. Refuser les soupers entre amis, se coucher tôt, avoir un horaire serré, exigeant. Planifier les entraînements, les périodes de repos, surveiller son alimentation, sa santé physique et mentale, se lever tôt… Mieux que quiconque, les athlètes connaissent le renoncement.
Et je ne peux oublier l’esprit d’équipe. J’aime voir les athlètes se serrer les coudes, être solidaire. J’aime leur franche camaraderie. Ça m’émeut à tout coup. Parce que je sens l’authenticité de leurs liens. Peut-être aussi parce que cela transcende l’âge, la couleur, la culture…
Ce sont mes enfants qui me font remarquer une dernière chose qui me fait tant aimer regarder les athlètes aux Jeux olympiques: les parents des athlètes, debout dans les estrades, à applaudir, pleurer, crier. Eux aussi, ils sont beaux à voir.
Vive les J.O. de Paris! Citius, altius, fortius!
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