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«Compte tenu du contexte énergétique anticipé au Québec au cours des prochaines années, il serait irresponsable à ce moment-ci d’exclure certaines filières énergétiques et prématuré de tirer des conclusions.»
Il en va de la volonté du gouvernement Legault d’accroître la production électrique du Québec dans les prochaines années. Le premier ministre avait d’ailleurs dit, lors de la campagne électorale qui a mené à sa réélection, qu’il demanderait à Hydro-Québec de construire de nouveaux barrages.
Mais M. Legault n’avait rien dit sur la réouverture de la seule centrale nucléaire de l’histoire du Québec. Or, Hydro-Québec confirme aujourd’hui qu’elle évalue l’état de la centrale nucléaire Gentilly-2, mise hors service il y a plus de 10 ans, dans le cadre de son «analyse globale des différentes options possibles pour accroître la production d’électricité» de la province et ainsi la «décarboner». Mais il ne faut pas sauter aux conclusions, prévient-on.
Pierre Fitzgibbon, ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, a fait écho à cette mentalité lors d'une conférence de presse sur un investissement attribué à la raffinerie sucrière Lantic à Montréal, lundi.
«Fermer la porte serait irresponsable», a-t-il commenté.
Nucléaire au Québec:
— Étienne Fortin-Gauthier (@EtienneFG) August 14, 2023
«Fermer la porte serait irresponsable»
-Ministre Pierre Fitzgibbon @MinFitzgibbon #noovoinfo #nucleaire pic.twitter.com/u4NzqWMmAu
Est-ce que ressusciter Gentilly-2 sera faisable? La société d’État mentionne que le processus de déclassement de telles installations prend de nombreuses années. «Les questions en ce sens ont déjà été posées par le passé et il avait été mentionné que le type de démantèlement retenu représentait une option irréversible», ajoute-t-on du côté de la Ville de Bécancour, où se trouvent les installations au bord du fleuve St-Laurent.
La municipalité du Centre-du-Québec ne dit pas si elle est favorable ou non à l’éventuelle réouverture de Gentilly-2, mais se positionne «comme un partenaire d’Hydro-Québec et du gouvernement lorsque viendra le moment d’évaluer sérieusement les options sur notre territoire».
«La Ville est consciente des enjeux que peut poser l’électricité pour la croissance à long terme du parc industriel et considère important que le gouvernement du Québec étudie différentes avenues pour répondre aux besoins grandissants d’énergie», commente Joanie Mailhot, porte-parole de la Ville de Bécancour.
Ouverte en 1983, Gentilly-2 a été mise à l’arrêt en 2012. La décision de fermer la centrale nucléaire a été prise au début du mandat de la première ministre Pauline Marois, du Parti québécois (PQ), moins de deux ans après la catastrophe nucléaire de Fukushima. Un tsunami avait mis hors fonction cette centrale et provoqué d’importants déversements d’éléments radioactifs dans l’océan Pacifique.
D’après l’information de la Commission canadienne de sûreté nucléaire, le transfert des combustibles irradiés – ou, en d’autres mots, des déchets qui contiennent des éléments radioactifs – vers du stockage à sec a été complété en 2020. Hydro-Québec doit normalement les transférer vers un site permanent, «mais aucun site permanent n'est disponible pour l'ensemble de ces éléments», dit-on sur le site de la société d’État.
Chez Québec solidaire (QS), on sent le besoin de rappeler le «choix collectif» du Québec «de se sortir du nucléaire» et on propose – rien de moins – de convoquer Michael Sabia, en commission parlementaire pour qu'il «nous expose sa vision de l'avenir énergétique du Québec». À son arrivée, le nouveau président-directeur général d'Hydro-Québec s'est dit ouvert quant aux moyens d'accroître la capacité de production électrique de la province.
«C’est inquiétant que Michael Sabia et Pierre Fitzgibbon veuillent aujourd'hui rouvrir le dossier sans avoir fait la démonstration que c'est nécessaire pour remplir nos objectifs de transition écologique, sans le moindre débat public, sans même avoir présenté le début d’un plan de transition énergétique», a déclaré Haroun Bouazzi, responsable solidaire en matière d'Énergie, dans un communiqué à l'intention des médias.
Le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, a plutôt dit que «le gouvernement Legault est incohérent: il refuse d'exploiter notre gaz naturel alors que son exploitation a une grande acceptabilité sociale, un impact économique positif pour nos régions et un bénéfice environnemental, mais il ouvre la porte au nucléaire sans préalablement vérifier cette même acceptabilité sociale».
Avec des informations d'Alice Trahan pour Noovo Info et de la Presse canadienne.