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Une hausse des tarifs contribuerait à freiner l’appétit gourmand en électricité en envoyant «un signal de prix», selon l’Institut économique de Montréal.
Le Québec aurait plus de chance d’améliorer son efficacité énergétique en augmentant les tarifs d’électricité plutôt qu'en gardant ses programmes actuels, plaide l'Institut économique de Montréal (IEDM).
Cette proposition figure parmi les recommandations faites par le groupe de réflexion associé à la droite économique dans le cadre des consultations menées par le ministère de l'Énergie sur l'encadrement et le développement des énergies propres.
Les Québécois sont relativement gourmands en consommation d’électricité où les tarifs sont inférieurs à la moyenne nord-américaine. Une hausse des tarifs contribuerait à freiner cet appétit en envoyant «un signal de prix», explique l’analyste en politique publique de l’IEDM, Gabriel Giguère, en entrevue.
«On voit le compte d’Hydro-Québec et on se dit si j'ajuste mon comportement, ça coûte moins cher et je pense que la logique économique est derrière ça, elle est assez claire.»
La proposition de l’IEDM pourrait toutefois représenter une forte augmentation pour les ménages. En 2022, les Québécois payaient en moyenne le 7,59 cents le kilowattheure (kWh). En comparaison, dans les villes de l’est du Canada, ce tarif est, en moyenne, de 14,93 cents, soit environ le double. Le groupe de réflexion propose d’étaler la hausse sur une «dizaine d’années».
Sans mesure d’atténuation ciblée, une telle hausse nuirait aux moins nantis, concède M. Giguère. «Il faut s'assurer que le gouvernement mette en place un programme d'aide financière ciblée pour que les moins nantis puissent absorber cette hausse des tarifs », précise-t-il.
L’analyste souligne, par ailleurs, que les plus fortunés profitent des bas taux d’électricité. «Si vous avez une grande maison, vous allez utiliser beaucoup plus d'électricité que quelqu'un, par exemple, qui habite dans un trois en ou quatre et demi.»
La proposition de l’IEDM risque toutefois d'être impopulaire. Le gouvernement Legault, qui avait décidé de lier l’évolution des tarifs à l’indice des prix à la consommation (IPC), avait dû reculer en 2022 et plafonner la hausse en raison de la flambée exceptionnelle de l’inflation et de la grogne qu’aurait entraînée une hausse des tarifs de 5%.
Des tarifs plus élevés pour inciter les ménages et les entreprises à une plus grande efficacité énergétique seraient toutefois nécessaires au moment où Hydro-Québec envisage la fin des surplus et que le coût des nouveaux approvisionnements sera plus élevé que le bloc patrimonial, défend M. Giguère.
Dans son plan stratégique publié au printemps 2022, Hydro-Québec estime que le coût des nouveaux approvisionnements avoisinerait les 11 cents le kWh. C'est beaucoup plus que les 3 cents du bloc patrimonial et que le tarif moyen de 7,59 cents le kWh.
L’augmentation des tarifs gonflerait également les revenus d’Hydro-Québec, et par le fait même les revenus de l’État. Avec cet argent, Québec pourrait financer des mesures ciblées pour atténuer le choc pour les moins nantis et financer une baisse d’impôt qui viendrait indirectement compenser la hausse du coût de la facture d’électricité, ajoute M. Giguère.
Dans son mémoire, l’IEDM réitère également sa recommandation d’ouvrir davantage le marché aux producteurs privés, formulée plus tôt en juillet dans un rapport. Elle suggère notamment de permettre aux producteurs de vendre directement aux entreprises et de rehausser le plafond de 50 MW imposé au barrage hydro-électrique privé.
L’organisme renouvelle également son parti pris en faveur du gaz naturel, car le remplacement de cette source d’énergie amènerait une plus grande pression sur le réseau d’Hydro-Québec. «Il faut s’assurer de ne pas se détourner trop rapidement du gaz naturel», juge l’analyste.
L’IEDM plaide également pour la levée de l’interdiction de produire des hydrocarbures au Québec, une proposition critiquée par les groupes environnementalistes qui estiment qu'une telle décision retarderait la nécessaire transition énergétique.
M. Giguère plaide, pour sa part, que le Québec pourrait contribuer à réduire la dépendance des pays européens envers la Russie. «L’exportation vers la Chine, qui ouvre encore énormément d'usines à charbon, l’aiderait à faire cette transition du charbon vers le gaz naturel, qui permet de réduire de 50% les émissions de GES.»
«On consomme du gaz naturel au Québec, poursuit-il. On l’importe de l'Ouest canadien et des États-Unis. Ce n'est pas une mauvaise chose, mais si on en consomme, pourquoi ne permet-on pas l’exploitation?»