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Cette trouvaille peut laisser craindre des conséquences néfastes sur la fertilité des mâles.
Une étude menée au Nouveau-Mexique a trouvé des microplastiques et des nanoplastiques dans tous les testicules humains de la recherche, à des niveaux trois fois plus élevés que dans les testicules de chiens et dans les placentas observés.
La recherche n’a évalué que 23 testicules humains, mais les chercheurs en ont vu assez pour conclure que cette trouvaille peut laisser craindre des conséquences néfastes sur la fertilité des mâles. Des plastiques qui ont été découverts datent d’il y a très longtemps…
«Ces plastiques sont souvent à l'échelle nanométrique, généralement moins d'un demi-micron de longueur et peut-être 20 à 200 nanomètres de largeur», a expliqué le toxicologue Matthew Campen, coauteur de l'étude publiée le 15 mai dans le magazine scientifique Toxicological Sciences, dans un entretien avec la chaîne américaine CNN.
«Ils ressemblent à de petits éclats, à de minuscules morceaux de plastiques très, très anciens», a déclaré Campen, professeur de sciences pharmaceutiques à l'Université du Nouveau-Mexique, à Albuquerque.
L’étude Microplastic presence in dog and human testis and its potential association with sperm count and weights of testis and epididymis,a testé 23 testicules préservés provenant de cadavres âgés de 16 à 88 ans au moment de leur décès, puis a comparé les niveaux de 12 types de plastiques différents dans ces testicules avec les plastiques trouvés dans 47 testicules de chiens.
«Les niveaux de microplastiques et de types de plastiques dans les testicules humains étaient trois fois plus élevés que ceux trouvés chez les chiens, et les chiens mangent par terre. Cela met en perspective ce que nous introduisons dans notre propre corps.»
Selon les experts, ces minuscules particules peuvent envahir les cellules et les tissus des principaux organes, interrompre les processus cellulaires et potentiellement déposer des substances chimiques perturbatrices du système endocrinien telles que les bisphénols, les phtalates, les retardateurs de flamme, les substances per- et polyfluoroalkyles (PFAS) – les fameux «produits chimiques éternels» – et les métaux lourds.
Les résultats de l’étude américaine tombent alors que l’Endocrine Society rapportait en 2021 que le nombre de spermatozoïdes des hommes dans certaines régions du monde, y compris aux États-Unis, a diminué d'au moins 50 % au cours des 50 dernières années.
Selon M. Campen, il y a urgence d’agir. «Nous avons besoin d'une vague de recherches sur ce sujet pour confirmer ou infirmer le rôle des microplastiques dans l'infertilité, le cancer des testicules et d'autres cancers», dit-il.
Les chercheurs ont également comparé les résultats obtenus pour les testicules avec les niveaux de microplastiques relevés dans une étude antérieure portant sur 62 placentas humains, l'organe qui fournit l'oxygène et les nutriments au fœtus en développement dans l'utérus.
Dans cette étude de février dernier, dirigée par Campen, les chercheurs ont trouvé des microplastiques à des niveaux de 6,5 à 790 microgrammes par gramme de tissu dans tous les échantillons de placenta étudiés.
«Dans les testicules, les niveaux de plastique étaient trois fois plus élevés que dans les placentas», a déclaré Mme Campen. «Mais il faut tenir compte du fait que le placenta n'a qu'une durée de vie d'environ huit mois.»
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Les nanoplastiques sont plus souvent trouvés dans les aliments et l’eau potable, et les preuves de leurs effets négatifs sur la santé humaine, notamment les perturbations hormonales et les cancers, se multiplient.
Les plastiques sont fabriqués à partir de milliers de produits chimiques différents, principalement dérivés de combustibles fossiles, notamment l'éthylène, le styrène, le propylène et le chlorure de vinyle.
De nouvelles données canadiennes suggèrent que sur une période de neuf ans, entre 2012 et 2020, l'équivalent de plus de 15 milliards de bouteilles en plastique et jusqu'à 14 milliards de sacs d'épicerie en plastique sont devenus des déchets dans l'environnement.
Ces chiffres font partie d'un nouvel ensemble de données compilées par Statistique Canada pour soutenir l'«Initiative zéro déchet de plastique» du gouvernement fédéral.
Le rapport a été publié en mars, avant les négociations mondiales sur un traité pour éliminer les déchets plastiques, qui se tiennent cette semaine à Ottawa. Le Programme pour l'environnement des Nations unies supervise ces négociations, qui visent à trouver un consensus international sur la manière d'éliminer les déchets plastiques d'ici 2040.