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Économie

Tesla: un lien entre les positions politiques d'Elon Musk et la chute des ventes?

Elon Musk a été impliqué dans une vague de controverses depuis son arrivée dans l'administration Trump.

Des véhicules Tesla sont exposés au salon de l'automobile AutoMobility LA, à Los Angeles, le 21 novembre 2024.
Des véhicules Tesla sont exposés au salon de l'automobile AutoMobility LA, à Los Angeles, le 21 novembre 2024.
/ Noovo Info

L'entreprise d'Elon Musk éprouve des difficultés depuis quelques temps sur le plan des ventes mondiales, qui ont baissé. Existe-t-il là un lien avec les récentes décisions politiques du dirigeant?

L'entreprise a enregistré une baisse de 16% des ventes entre décembre 2024 et janvier 2025, selon ses données publiques relayées par la chaîne CNN, entre autres. C'est un phénomène en apparence typique: les ventes de janvier 2024, par exemple, avaient chuté de 24% par rapport à celles de décembre 2023.

Mais Musk, l'un des hommes les plus riches du monde, a été impliqué dans une vague de controverses, notamment en faisant ce qui semblait être un salut nazi lors de l'investiture de Donald Trump, en exprimant publiquement son soutien au parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne et en essayant d'accéder aux données personnelles sensibles de millions d'Américains dans sa quête de réduction des dépenses du gouvernement américain.

Or, il est encore trop tôt pour déterminer s'il y a un lien entre la baisse des ventes et les politiques gouvernementales sous l'administration de Trump, a prévenu Stephanie Valdez Streaty, directrice des perspectives industrielles chez Cox Automotive, dans un entretien avec CNN. Cependant, l'impact des actions du magnat des véhicules électriques semble se faire sentir aux États-Unis et au Canada.

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Selon des données recueillies par S&P Global Mobility et rapportées par CNN, le nombre d'acheteurs de Tesla dans les États démocrates a clairement diminué, passant de 72% en 2023 à 65% au dernier trimestre 2024. Cela représente une perte d'environ un point de pourcentage sur le marché américain. Dans les États républicains, le nombre d'acheteurs a augmenté de 47,6% en fin 2023 à 48,2% au cours des trois derniers mois de 2024.

Stephanie Valdez Streaty note qu'un autre sondage mené par Morning Consult révéle récemment que près de 32% des acheteurs américains «n'envisageraient pas» d'acheter une Tesla, contre 27% en février 2024 et 17% en 2021. Une proportion de 16% d'acheteurs potentiels sont presque sûrs ou très susceptibles d'acheter une Tesla.

Sur le marché de l'usagé, bien qu'il n'y a pas vraiment d'écart au niveau des ventes, le nombre de Tesla disponibles a clairement augmenté, à 28% de hausse. Aux États-Unis, on compte environ 11 300 véhicules Tesla répertoriés sur AutoTrader de Cox Automotive, comparé à la moyenne de 8800 un an plus tôt.

Tesla doit également faire concurrence avec de nombreuses autres marques, qui offrent désormais plusieurs modèles abordables sur le marché de l'électrique, ceux de General Motors, Ford et Volkswagen par exemple.

Et au Canada? 

Au Canada, des propriétaires de Tesla ont fait savoir à CTV News qu'ils regrettaient leur achat. D'ailleurs, certains ont même choisi de mettre un autocollant sur leur auto où il est inscrit «I Bought This Before We Knew Elon Was Crazy» («J'ai acheté cette voiture avant de savioir qu'Elon était fou», traduction libre) afin de montrer leur mécontentement.

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Toujours au pays, plusieurs propriétaires de Tesla ont reçu des doigts d'honneur ou ont été traités de manière agressive sur la route en raison de la colère envers Elon Musk, selon Stéphane Pascalon, président du Club Tesla Québec.

Au pays, environ 4% des personnes interrogées ont déclaré qu'elles n'envisageaient pas d'acheter une Tesla comme prochain achat de véhicule électrique et une plus petite fraction souhaitait vendre les véhicules Tesla qu'elles possèdent actuellement.

De plus, Tesla a augmenté les prix de son modèle 3, le moins cher de sa gamme, d'environ 9000 $ depuis le 1er février, ce qui coincidait avec l'annonce des tarifs douaniers de Donald Trump et la suspension des incitatifs pour les véhicules électriques au Québec (une valeur maximale de 4000 $ jusqu'à la fin mars). L'entreprise a augmenté ses prix canadiens de 1000 $ en janvier, juste au moment où les incitatifs fédéraux arrivaient à échéance. Ces augmentations ont poussé ses modèles 3 et Y au-dessus des maximums de 55 000 $ et 60 000 $ pour les voitures et les véhicules utilitaires sports (VUS) à partir desquels les véhicules n'étaient plus admissibles aux incitatifs fédéraux.

Ailleurs dans le monde, d'autres personnes ont également réagi contre l'entreprise d'Elon Musk. Le mois dernier, en Allemagne, des militants ont projeté l'image du salut controversé de Musk sur le côté d'une usine Tesla et les ventes de Tesla ont chuté de 59% par rapport à l'année précédente, selon l'Autorité fédérale allemande des transports motorisés. 

Le prix, plus important que la politique

Seul le temps révélera l'impact des actions politiques de Musk sur les ventes de Tesla - s'il y a un impact. Ceci dit, Ivan Drury, directeur des études du site d'achat de voitures Edmunds, croit que le prix d'un véhicule, un des achats les plus importants de la vie d'un consommateur après sa propriété, est bien plus important aux yeux des conducteurs que des frasques ou bons coups d'une personnaité publique.

«Il y a une grande partie de la population qui ne se soucie pas de la politique ou qui n'y accorde pas d'importance », a conclu M. Drury dans un autre entretien avec CNN. «Beaucoup de gens mettront de côté leurs sentiments politiques lors d'un tel achat et se concentreront sur le prix.»

Avec des informations de CTV News et de La Presse canadienne