Passer au contenu principal
À voir:

Début du contenu principal.

Justice

Agression sexuelle en couple sur une fillette: «je me sens comme une merde», dit Véronik Cournoyer

L’émotion était vive en salle de cour, alors que la victime et sa mère ont témoigné des impacts de ces agressions dans leur vie.

Véronik Cournoyer a plaidé coupable à un chef d'accusation d'agression sexuelle avec la participation d'un tiers et de possession de pornographie juvénile, le 12 septembre 2023.
Véronik Cournoyer a plaidé coupable à un chef d'accusation d'agression sexuelle avec la participation d'un tiers et de possession de pornographie juvénile, le 12 septembre 2023.

Les représentations sur la peine de Véronik Cournoyer, une femme de Stanstead qui a participé aux agressions sexuelles d’une fillette de 12 ans avec son ex-conjoint, se sont tenues lundi matin, au palais de justice de Sherbrooke. L’émotion était vive en salle de cour, alors que la victime et sa mère ont témoigné des impacts de ces agressions dans leur vie.

La Couronne et la défense devaient présenter une suggestion commune sur la peine au terme des représentations. Or, la juge a demandé à ce que la suggestion soit plutôt présentée le 30 janvier prochain, le temps que les parties puissent être fixées sur un possible processus thérapeutique que pourrait débuter l’accusée.

Néanmoins, les personnes impliquées dans le dossier ont pu témoigner dans le cadre des représentations, dont la victime. Celle qui était âgée de 12 ans au moment des faits a été agressée à plus d'une reprise au cours d'une même fin de semaine en août 2020, alors qu'elle se trouvait au domicile de Mme Cournoyer et de son conjoint de l'époque, Frédérick Brousseau.

«Chaque soir, je m’isolais. Je me sentais sale […] J’avais de la difficulté à m’endormir», écrit la jeune victime, dans une lettre qui a été lue par la représentante de la Couronne au dossier. L'accusée, assise avec ses parents et une amie, a fondu en larmes et peinait à retenir des sanglots.

«J’ai commencé à me mutiler les jambes, les bras et les cuisses», écrit aussi la jeune victime. «Je me droguais pour oublier et me sentir bien. Les gens ne me comprenaient pas dans mes réactions agressives.» Rappelons que l'identité de la victime est frappée d’une ordonnance de non-publication.

La juge Claire Desgens n’a pu retenir ses larmes, alors que la mère de la victime témoignait des impacts pour sa fille et pour leur famille de ces agressions.

«Colère, frustration, tristesse, mon cœur de mère est écorché à jamais. L’horreur de ce qu’elle me raconte me donne la nausée et le mot est très faible», a expliqué la mère à la juge, alors que sa fille lui tenait la main, dans le box des témoins.

Elle a raconté comment sa fille s’est isolée après les événements. Selon la mère, la jeune victime aurait développé une peur de marcher seule le soir et se méfiera en permanence des hommes, même de son père.

«Les idées suicidaires feront partie de notre quotidien. Je trouverai régulièrement des lettres », a raconté la mère, en se remémorant les semaines qui ont suivi les agressions.

«À toi ma fille … j’ai été là, je suis là, et serai toujours là.»
-La mère de la victime, s’adressant directement à sa fille

«C’est très difficile pour le tribunal […] de ne pas être touché par le courage de cette mère. Cette résilience dont vous parlez est extraordinaire. C’est rassurant pour le tribunal de voir que votre fille vous a à ses côtés», a lancé la juge, une fois que ces témoignages étaient terminés.

Un climat de terreur instauré par son ex

Lors des représentations sur la peine, Véronik Cournoyer s’est excusée à la victime, à sa mère et à ses proches. Questionnée par son avocat, Me Guy Plourde, elle n’a pas cherché à rejeter le blâme.

«Je ressens de la honte. Je me juge moi-même. Si ma fille n’était pas là sur cette terre, je ne serais pas là moi non plus. Je ne serais pas capable de vivre avec ça tous les jours, toutes les nuits. Je me sens comme une merde», a témoigné l’accusée.

«Le seul message que j’ai à dire, c’est que je m’excuse tellement.»
-Véronik Cournoyer

Mme Cournoyer a livré, dans son témoignage, le récit de sa relation avec Frédérick Brousseau, l’autre personne impliquée dans les agressions sexuelles. L’homme de 44 ans a plaidé coupable à une douzaine de chefs d’accusation, plus tôt ce mois-ci. Ce dernier aurait manipulé, violenté et menacé Cournoyer pendant leur vie de couple.

Mme Cournoyer, qui a reconnu sa participation aux agressions sexuelles de la jeune victime dans ce dossier, était aussi présente lorsque M. Brousseau en agressait d’autres. La procureure de la Couronne, Me Stéphanie Landry, lui a demandé si elle avait aussi des pensées pour les autres victimes.

«À tous les jours […] J’aurais dû prendre mes clics et mes claques et crisser mon camp avec elles. Les faire sortir de là», a-t-elle argué. «Je le répéterai jamais assez, je suis désolée […] de ne pas avoir été assez forte pour la sortir de là.»