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«L’électrochoc que souhaite instaurer le GIEC à chaque nouvelle sortie publique tarde cruellement à se faire sentir. Nous courons à notre perte. Ce n’est pas alarmiste de l’écrire, c’est la stricte vérité.» - Kharoll-Ann Souffrant
Trois ans.
C’est le délai qu’il reste à l’humanité pour diminuer drastiquement les émissions de gaz à effet de serre (GES), selon un autre rapport du GIEC, soit le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat des Nations unies.
C’est 1095 jours afin de limiter les dégâts, considérant que l’objectif de maintenir le réchauffement climatique à deux degrés Celsius, comme convenu lors de l’Accord de Paris en 2015, est maintenant hors de vue.
Et force est d’admettre qu’on est franchement mal barré. L’humanité se dirige plutôt vers une augmentation de ses émissions des GES de 14 % alors qu’il nous faudrait les réduire de 43 % d’ici 2030.
L’électrochoc que souhaite instaurer le GIEC à chaque nouvelle sortie publique tarde cruellement à se faire sentir. Nous courons à notre perte. Ce n’est pas alarmiste de l’écrire, c’est la stricte vérité. Pourtant, nos politiciens disent une chose et en font une autre. Pour faire écho aux propos du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guiterres : en matière d’environnement, ils nous mentent.
Le Canada n’a pas de leçon à donner à personne. Hier, plusieurs médias anglophones ont été les premiers à rapporter que le gouvernement fédéral financerait le projet pétrolier Bay du Nord, à Terre-Neuve-et-Labrador. Une manne de plusieurs milliards de dollars pour l’une des provinces les plus endettées au pays.
Je sais reconnaître les efforts qui sont faits actuellement en la matière. Notamment, le budget fédéral sorti aujourd’hui prévoit un certain nombre de mesures en matière environnementale. Toutefois, je doute que cela soit suffisant.
L’an dernier, le premier ministre Justin Trudeau a nommé Steven Guilbeault à la tête du Ministère de l’Environnement et du Changement climatique. Un mandat qui faisait du sens considérant son passé de militant écologiste et de cofondateur d’Équiterre. On sentait par cette nomination le désir d’envoyer un message fort quant à l’urgence qui nous guette. Or, c’est à se demander si le ministre Guilbeault n’est pas en train de se faire avaler par la machine politique. Pensez-vous vraiment qu’il endosse cet autre projet pétrolier ? Que s’il n’en était qu’à lui, il l’aurait vraiment accepté ?
Le même tour de passe-passe avait été fait par les Libéraux fédéraux en 2019. À l’époque, c’était la ministre Catherine McKenna qui occupait le siège de Guilbeault. Par le biais d’une motion de son cru, « l’urgence climatique nationale » avait été déclarée. Peu de temps après, le projet Trans Mountain était étendu.
Pire encore, le ministre de l’Environnement du Québec, Benoit Charette, affirmait récemment en entrevue avec La Presse qu’il est impossible d’en faire plus pour diminuer les GES. Alors la question sincère que je me pose est « à quoi sert-il donc comme ministre de l’Environnement ? »
Je crois l’être humain capable du meilleur comme du pire. Malheureusement, est-ce qu’il faudra être acculé au pied du mur pour changer de manière drastique ? Combien d’autres rapports du GIEC, de chroniques, de reportages et j’en passe pour comprendre que nous creusons notre tombe à un rythme dangereusement accéléré et rapproché ?
Je ne pense pas que nous sortirons de cette crise uniquement par le biais de nos élites. Ça passe surtout par le citoyen. Ça repose certes sur des actions individuelles — diminuer sa consommation de viande ou refuser d’avoir une voiture — mais ça doit également reposer sur des actions fortes aux plans macros et structurels.
On ne sauvera pas la planète à coup de pailles en carton et de sac réutilisables. Pour s’en sortir, il faudra que le citoyen exige et fasse sentir son indignation à ceux qui mènent le monde.