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Chronique |

Le temps est parfois derrière nous

«Il n’y a pas de recette miracle à cette douleur, il y a juste le temps qui finit par adoucir la peine...»

Il y a peine un peu plus d’une semaine, je perdais de façon subite et trop rapide, ma gérante et surtout mon amie des 25 dernières années, ma belle Danielle. Un problème physique qui a rapidement dégénéré. Si rapide que je n’ai même pas eu le temps de comprendre ce qui se passait.

Un jour, elle était là. Et le lendemain, plus rien.

Évidemment, depuis ce temps-là, j’ai les émotions raboteuses et en montagnes russes. Il n’y a pas de recette miracle à cette douleur, il y a juste le temps qui finit par adoucir la peine.

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Mais justement, le temps…

On avait comme habitude d’aller dîner au restaurant de façon régulière. C’était notre petit rituel qui faisait du bien. Plus une bouffe entre amis que la gérante qui jase boulot avec son artiste. Des dîners qui s’étiraient et qui rechargeaient les batteries de la vie.

On devait se voir il y a trois semaines, mais on a dû remettre.

On a remis le tout la semaine suivante puis c’est moi qui ai remis.

Finalement, ce dîner n’a jamais eu lieu.

Son aorte nous a joué un sale tour à tous les deux. Il y a quelques jours, je pensais à ce dîner annulé. Sans me sentir atrocement coupable, je me disais que si je ne l’avais pas remis, j’aurais dîné avec elle. Sans le savoir, je l’aurais vu et nous aurions partagé une coupe de blanc une dernière fois ensemble avant son entrée aux soins intensifs.

Bien sûr, j’avais une raison pour annuler notre rencontre, mais pas une raison si importante. Je ne me sens pas coupable parce que je ne connaissais pas l’avenir. Mais ça m’a trotté en tête un bon moment.

Je me suis surtout dit le cliché qu’on se dit souvent, mais qui, tout à coup, sonnait vrai: on pense qu’on aura toujours le temps, mais des fois le temps est derrière nous.

Bien entendu, on ne peut pas baser toutes nos décisions de la vie de tous les jours sur l’éventuelle possibilité de perdre quelqu’un! Ce serait bien trop insupportable et anxiogène. Ce serait comme être pris à la gorge par la fatalité sans cesse. On ne peut pas fonctionner comme ça. Ce n’est pas rationnel. Mais, je me suis quand même dit que je devrais être plus attentif à ceux qui m’entourent.

Nos vies vont vite et nos calendriers débordent. Mais est-ce qu’ils débordent toujours pour les bonnes choses? Peut-être moins qu’on pense.

Pour ma part, je dois faire encore plus de place à mon cercle d’humains. Les voir plus souvent. Créer des moments. Des souvenirs.

Mon but ce n’est pas devenir le GÉO officiel du club Med de mon entourage, mais seulement de garder en tête que le temps avance plus vite qu’on le sent. Et d’être plus présent.

Peut-être aussi que ce n’est pas dans la quantité qu’il faut chercher, mais dans la qualité du moment avec les autres. Être vraiment là quand on est là.

On dit souvent que les enfants grandissent vite, mais on oublie bien trop souvent qu’on vieillit vite aussi ! Je sais bien que je sonne un peu preacher et que ça peut vous taper sur les nerfs, mais je pense quand même qu’on devrait être plus attentif à notre propre fragilité. Et notre propre date de péremption.

Pas nécessairement en faire un enjeu de tous les jours qui fait en sorte que nous devenons cette personne lourde qui pleure à chaudes larmes devant l’envolé d’un papillon. Mais seulement de garder cette idée, dans un racoin de notre cerveau si terre-à-terre, que ça se passe ici et maintenant!

On n’a pas tant de temps à perdre ! Ce qu’on a envie de dire à ceux qui nous entourent, disons-le. Ce qu’on a envie de vivre avec ceux qui nous entourent, vivons-le! Parce qu’un jour, ces moments nous reviendront en tête et nous serons bien contents de les entendre résonner en nous.

En attendant, bientôt, mais pas tout de suite, je vais aller à notre resto de sushis, ma belle Danielle et je mangerai une tonne de sashimis en pensant à toi!