Début du contenu principal.
Êtes-vous heureux?
Êtes-vous heureux ? En cette Journée mondiale du bonheur, c’est une vraie question que je vous pose. Et je ne parle pas de maintenant, en ce moment, je parle globalement, à cette saison-ci de votre vie, à cette étape de votre parcours.
Si la réponse est oui, merveilleux : continuez sur cette lancée. Mais si la réponse est non, sachez qu’il n’est jamais trop tard.
C’est l’une des choses que je retiens du livre The Good Life. Écrit par deux professeurs de Harvard, Robert Waldinger et Marc Schulz, et publié il y a un an aux éditions Simon et Schuster (aussi disponible en français), ce livre est devenu ma bible.
Il résume la plus longue étude scientifique jamais réalisée sur le bonheur avec moult exemples, anecdotes, témoignages et aussi, des faits, des statistiques, des données. C’est ce qui le rend intéressant et le distingue. L’étude longitudinale (elle a commencé en 1938!) n’est pas rétroactive: elle est qualitative, elle est organique et elle a toujours lieu. Les chercheurs se sont déplacés (et se déplacent toujours) aux quatre coins du pays pour faire passer de longues et de complexes entrevues aux participants.
L’objectif de l’étude est de comprendre ce qui rend l’être humain heureux — rien de moins! Est-ce qu’il existe des dénominateurs communs chez les participants classés parmi les plus heureux ? Pourquoi et comment font-ils ?
Ce que les chercheurs ont découvert, c’est que le bonheur réside dans la connexion que l’on fait avec les autres. J’en ai déjà parlé, ici. Que ce soit les relations avec nos enfants, notre conjoint(e), nos parents, nos familles, nos amis, nos collègues de travail et aussi, avec le chauffeur d’autobus, le passant dans la rue, la caissière au supermarché, le livreur à la porte, les connexions que l’on fait avec les autres comptent par-dessus tout.
Et surprise! Cette habileté à entrer en relation de façon authentique avec ceux qui nous entourent nous aide à vivre plus longtemps et en meilleure santé. Tout un filet de sécurité.
Pour y parvenir, les chercheurs soulignent que ça prend deux ingrédients essentiels : la croissance et l’introspection. Sans eux, l’être humain a tendance à se comparer… et à tourner en rond. En somme, plus on se compare, moins on sera heureux.
Autrement dit, il faut apprendre à contrôler ce sur quoi on a le contrôle — sans quoi, on sombre, on devient misérables. Bon, je vous l’accorde, c’est le travail d’une vie que de savoir distinguer les éléments que l’on peut influencer (et travailler dessus) de ceux qui sont figés (et sur lesquels il faut lâcher prise).
Selon The Good Life, nos actions et nos choix sont responsables pour environ 40% de notre bonheur. Je trouve cela plutôt rassurant, pas vous? Ça veut dire qu’on a du jeu. On peut changer les choses, modifier la trajectoire, inverser le cours.
Comme le souligne l’étude, «rien n’est permanent ni joué d’avance. Notre façon d’être n’est pas figée dans la pierre, mais plutôt dans du sable». Ainsi, l’enfance d’une personne ne définit pas sa destinée, pas plus que le quartier dans lequel il est né ou ses réflexes spontanés.
Et l’argent dans tout ça? N’est-il pas responsable, du moins en grande partie, du bonheur des uns et des autres ?
Oui, mais non.
En fait, puisqu’il est visible et immédiat, et que les hommes semblent bien aimer ces caractéristiques, l’argent est bien souvent un pôle d’attraction, tout comme le statut, les réalisations, les performances, la productivité… Mais l’argent, on le sait, ne fait pas le bonheur. Et l’étude le confirme.
Toutefois, ne pas avoir assez d’argent, et vivre le stress lié à ce tracas, engendre de la douleur, surtout émotive.
Aux États-Unis, un salaire annuel de 75 000 $ serait le seuil idéal: en deçà, les besoins ne sont pas toujours comblés et au-delà, la course à en avoir davantage prend le dessus. «L’argent devient un concept plus abstrait et il est tout à coup associé au statut et à la fierté», peut-on lire dans The Good Life.
Fait intéressant : des gagnants à la loterie se sont retrouvés parmi les participants de l’étude. Et il a été démontré qu’un an plus tard, peu importe le montant remporté, ces personnes étaient indissociables des autres lorsqu’on parle d’indice de bonheur.
Je retiens de ma lecture (et de mes relectures) qu’être bien entouré, ne pas s’isoler, faire ce qu’on aime et donner de l’attention à ce qui nous tient vraiment à cœur sont des facteurs pas mal plus importants que l’argent pour vivre heureux.
Pour recevoir toutes les chroniques de Maude Goyer, abonnez-vous à notre nouvelle infolettre, Les débatteurs du samedi.