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«On ne peut pas aller au parc, je crois qu’il est fermé.» Un mensonge sans conséquence? Détrompez-vous: une étude démontre que les enfants savent. Non seulement ils savent qu’on leur ment, mais ils auront ensuite tendance à reproduire ce comportement.
«On ne peut pas aller au parc, je crois qu’il est fermé aujourd’hui…»
Vraiment? Vous ne mentez jamais à vos enfants? Je ne vous crois pas. Si vous pensez que cela est sans conséquence, détrompez-vous: une étude démontre que les enfants savent.
En fait, non seulement ils savent qu’on leur ment, mais ils auront ensuite tendance à reproduire ce comportement.
C’est la conclusion d’une vaste étude qui vient d’être publiée par l’Université de Singapour. Les chercheurs ont questionné des parents et leurs enfants de 11 et 12 ans, un âge où le concept de mensonge est considéré comme plus élaboré. En tout, 564 paires parents-enfants ont été rencontrés.
On sait déjà que la plupart des parents mentent à leurs enfants: c’est le cas de 84% des parents aux États-Unis et de 98% des parents en Chine (!), selon une recherche dont les résultats ont été publiés dans le Journal international de psychologie.
Les chercheurs ont découvert que les parents utilisent deux types de mensonges. Les mensonges instrumentaux sont ceux qu’on dit à nos enfants pour qu’ils se comportent de façon convenable. Par exemple, devant l’étalage de bonbons, on dira que «malheureusement, on n’a plus d’argent».
Et il y a les mensonges pieux, qu’on appelle aussi les mensonges blancs, qui visent à aider nos enfants à rester de bonne humeur, à les garder positifs et heureux. Affirmer que les biscuits qu’ils ont cuisinés sont délicieux alors que c’est un fiasco, par exemple.
L’utilisation du mensonge instrumental augmentera considérablement la probabilité que l’enfant détecte ledit mensonge et qu’il imite son parent. Il va mentir dans une plus grande proportion à son parent et à toutes les personnes avec qui il entre en relation.
Le mensonge pieux a le même impact, mais il semble moins souvent reconnu par l’enfant.
Conclusion? Soyons honnête avec nos enfants. C’est peut-être une mauvaise nouvelle pour certains (sic) mais la vérité reste la meilleure avenue.
«Le père Noël ne viendra pas si tu n’es pas gentil», «le chien a mangé tes bonbons», «mon téléphone n’a plus de batterie», «le magasin de jouets est fermé» et toutes ses autres petites phrases se veulent bien intentionnées, on est d’accord.
Que ce soit pour acheter la paix ou pour se déculpabiliser, tous les parents les balancent à leurs enfants, un jour ou l’autre. Si c’est exceptionnel, passe encore. Mais lorsqu’elles sont répétitives, elles influencent les enfants et ce, à long terme.
Avez-vous déjà rencontré un enfant qui ment, que ce soit à vous ou à votre enfant? C’est excessivement désagréable. Cela entraîne une perte de confiance et blesse l’entourage, forcément.
Parfois poussés aux abysses de leurs incongruités, certains enfants avouent, mais d’autres résistent encore et encore. Je connais des parents désemparés devant la répétition des mensonges de leur progéniture: Pourquoi? Comment interpréter cela? Quoi faire?
Une première piste émane de cette étude: faire preuve de transparence. Ça commence en famille, autour du souper, dans la vie de tous les jours.
Bien sûr que ça complique les choses. Ça force parfois des discussions plus longues et étoffées, surtout lorsque les sujets sont sensibles, je pense à la mort, la religion, la sexualité… Mais je crois aussi qu’on a tendance à sous-estimer la capacité de raisonnement et le degré de compréhension des enfants, selon leur âge et leur maturité.
Il me semble que leur dire la vérité, même si elle est choquante, décevante ou déstabilisante, c’est leur apprendre à réfléchir. À agir aussi.
Ce n’est pas ce qu’on appelle éduquer un enfant? Et ça ne fait pas partie de la job d’un parent?
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