Début du contenu principal.
Je me suis posé la question, dimanche, quand j’ai eu la fausse bonne idée de me présenter à un centre d’amusement intérieur avec mon fils.
Je me suis posé la question, dimanche, quand j’ai eu la fausse bonne idée de me présenter à un centre d’amusement intérieur avec mon fils.
Quoi? Aller sauter sur une trampoline la fin de semaine? Je sais, c’est une erreur de débutant et, avec toute mon expérience parentale (3 enfants), j’aurais dû savoir que ça allait mal virer.
À lire également:
Je me suis laissé attendrir par les yeux implorants de mon fils et me suis dit qu’avec la température de merde et l’absence de neige, donc de sports d’hiver, c’était une belle occasion de le décoller de sa Nintendo Switch.
J’arrive là, donc, et je croise les yeux hagards de parents qui, comme moi, sont en train de faire la file pour avoir le privilège de sauter dans des cages grillagées. Des petits courent partout, hurlent, bousculent les autres.
Que font la plupart des pères et des mères? Rien. Ils regardent ailleurs. J’écris ça, pis je me demande si je ne suis pas en train de devenir une vieille chialeuse. Mais me semble pas. Me semble que c’est juste la grosse base de montrer à nos petits à se comporter en société, à devenir des citoyens capables de cohabiter avec d’autres citoyens. Non? Sinon, à quoi sert-on, nous les parents?
Crédit photo: Paul Chiasson | La Presse canadienne
Mais regardez, je me dis que c’est normal, que les enfants ont juste hâte d’aller jouer pis qu’ils ont beaucoup d’énergie à dépenser à cause du mauvais temps des derniers jours. Je respire par le nez et je me mets même en mode empathie pour les autres adultes qui semblent à bout eux aussi d’être enfermés entre quatre murs. J’en suis.
Tout le monde a besoin de son moment de répit. Je comprends tellement ça. Et je ne suis pas une mère parfaite. Oh non. Je le souligne au crayon gras pour la suite, parce que ça me gosse les gens qui jugent les parents et je m’apprête un peu à faire la même chose.
Je ne pense pas, cependant, que c’est un jugement gratuit. Je suis ressortie de ma visite troublée par ce que j’ai vu. Et ça m’a fait réfléchir. Tantôt, je parlais des écrans.
J’ai vite réalisé que beaucoup de parents étaient prêts à payer 30 $ de l’heure pour pouvoir regarder les leurs. Pas que je veuille me penser bonne de m’être acheté un billet afin de participer à l’activité. Mais j’ai quand même été soufflée de voir beaucoup de pères et de mères assis sur le steak à regarder leur téléphone.
Un parent qui regarde son cell, ce n’est pas de mes maudites affaires. Je le fais moi-même parfois, pendant que mes enfants jouent. Sauf que ça devient «mon problème» quand ça implique de n’exercer aucune surveillance parentale dans un lieu où des mesures de sécurité doivent être respectées.
Mises en situation : tu regardes TikTok et ton précieux chérubin saute sur un autre enfant et lui casse la jambe. Tu regardes ton téléphone, et ta petite fille tente de faire un back flip et se blesse sérieusement à la colonne vertébrale. Tu défiles ton feed Instagram et ton garçon se casse un bras.
J’exagère? Parlez-en aux employés des centres d’amusement, des ados à qui je lève mon chapeau et qui doivent passer leur temps à faire de la discipline à la place des parents et qui voient des incidents du genre régulièrement. Des incidents évitables, ai-je besoin de le préciser?
Ce sont ces mêmes employés qui doivent s’obstiner avec les parents mécontents que leur précieuse progéniture se soit fait remonter les bretelles un peu pour ne pas avoir respecté la file d’attente. Vraiment, je les admire. Je ne sais pas comment ils font.
Je reviens au risque de blessure et au manque de vigilance. Personnellement, juste l’idée de ne pas savoir où mon fils se trouve dans un espace qui peut accueillir 200 personnes me fait friser le poil des jambes.
Ça ne semble pas être le cas de tous, puisque j’ai dû dire à un autre enfant que le mien que ça ne se faisait pas, frapper un ami sur la tête parce qu’il ne veut pas nous laisser passer.
C’était après lui avoir spécifié qu’il ne pouvait pas monopoliser un jeu à lui tout seul pendant 28 minutes, qu’il devait laisser la chance à d’autres.
Je me suis sentie mal. Ce n’était pas mon enfant. Ce n’était pas à moi de le discipliner. Par contre, je me dis que lorsqu’un enfant est seul et fait des choses inacceptables ou dangereuses pour les autres ou pour lui-même, c’est notre rôle d’adulte de lui mettre une limite. N’en déplaise aux parents qui ne veulent pas qu’on intervienne.
Tu ne veux pas que je chicane ton flot? Tu as juste à être là. T’as juste à te lever de ton siège et à la faire, ta job. Sinon, d’autres vont s’en occuper à ta place pis tu ne peux pas te plaindre de ça parce que TU N’ÉTAIS PAS LÀ.
Tout ça pour dire que je suis sortie de là découragée un brin. J’en ai parlé sur mes réseaux sociaux et, sans surprise, plusieurs témoignages abondent dans le même sens. Beaucoup de profs m’ont écrit en privé pour me dire qu’ils vivaient l’exacte même affaire en classe, que ça n’avait pas de bons sens et que beaucoup d’enfants exerçaient sur eux une certaine violence (on en a vu des exemples dans les médias, récemment).
Si ça continue de même, on va avoir un méchant problème. C’est bien de laisser de la liberté à nos petits, de les laisser explorer, s’exprimer et même s’opposer. Mais pourquoi autant de parents hésitent désormais à imposer un cadre à leurs enfants?
Je parlais à un psy d’anxiété, récemment. Les personnes anxieuses ont besoin d’un cadre, souvent, afin de se sentir bien et de pouvoir fonctionner normalement.
Beaucoup d’enfants font de l’anxiété. On le sait, c’est documenté.
Est-ce que ça peut avoir rapport avec cette absence de cadre?
Je pose sincèrement la question.
Pour me raconter une histoire ou si vous voulez témoigner de quelque chose qui vous tient à cœur, écrivez-moi un courriel: genevieve.pettersen@bellmedia.ca