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Chicago est devenue la scène la plus suivie par les «aficionados» de politique à travers la planète.
Hier, Chicago est devenue la scène la plus suivie par les «aficionados» de politique à travers la planète. Toute la semaine, les grands noms du Parti démocrate se relaieront sur scène pour poursuivre l’incroyable travail de communication entamé il y a 4 semaines, le 21 juillet, lorsque Joe Biden a annoncé, dans une lettre sobre, qu’il quittait la course à la présidence.
La première étape, hier soir, était de tourner la page sur l’ère de Joe Biden! Le Président, maintenant sauveur du Parti démocrate, a été précédé sur scène par la première dame, Jill Biden, et présenté par sa fille, Ashley. C’est alors un Joe Biden très ému qui est monté sur scène sous les cris des délégués présents qui l’ont accueilli avec une longue ovation de plus de 4 minutes.
Celui que les démocrates avaient peur de garder comme candidat à la présidence et qui s’est fait pousser vers la sortie par ses «amis», Barack Obama et Nancy Pelosi, a été accueilli en vedette rock maintenant qu’il a laissé sa place dans cette course. De trop vieux, trop faible, trop mauvais et trop lent, il est redevenu l’homme d’État, digne et honorable qui aura mis l’avenir de la nation au-devant de ses intérêts personnels. Il fallait le voir sur scène recevoir avec humilité les nombreux cris «We love Joe» et «Thank you Joe». Malgré la longueur du discours de plus de 50 minutes composé de réalisation, de souvenirs, d’attaques contre Donald Trump et d’éloges de Kamala Harris, l’énergie de la foule l’aura soutenu tout le long et l’émotion sincère des gens présents témoigne d’un véritable respect pour le sacrifice de l’homme.
Bien entendu, il y a une histoire très bien construite que l’on veut nous raconter et qui a certainement été «promise» au président sortant lorsqu’il a décidé de quitter la course. D’ailleurs, il m’apparaît évident que cette stratégie est réfléchie et élaborée depuis bien plus que 4 semaines. Lorsqu’un parti a un candidat de 81 ans, il serait irresponsable de ne pas avoir de plan B. C’est ce plan, ou une partie de celui-ci que nous voyons se déployer devant nous depuis 4 semaines et il fonctionne à merveille. Quelle que soit l’amertume qui puisse avoir habité le président Biden, si les démocrates gagnent la prochaine élection, l’histoire retiendra le fait que son retrait a entraîné la chute de Donald Trump et qu’il aura trouvé le moyen de battre son adversaire sans même être dans la course.
Maintenant que le discours de Joe Biden est passé, les prochains jours seront consacrés à l’avenir. Depuis l’abandon du président Biden, nous avons vu se déployer une campagne de communication orchestrée à la perfection afin de mousser la candidature de Kamala Harris. Après l’appui initial du président sortant, Mme Harris a bénéficié d’une séquence incroyable d’appuis de personnalités du parti, de candidats potentiels, d’anciens élus, de personnalités publiques ou de donateurs. En plus, les dons populaires ont largement dépassé ceux reçus par l’ancien candidat démocrate et ont contribué à l’impression d’une candidature «mobilisatrice» et d’un véritable «effet Harris» dans ce parti.
Cependant, on a encore très peu entendu la candidate à la présidence et cette convention aura pour but de mieux la définir aux yeux du peuple américain et de lui donner un élan pour la mener à la victoire en novembre prochain. Michelle et Barack Obama, Nancy Pelosi, Pete Buttigieg et le candidat à la vice-présidence, Tim Waltz, ne sont que quelques exemples des discours qui seront entendus durant les prochains jours et pendant lesquels on nous parlera d’avenir, d’espoir et de renouveau. Il y aura aussi certainement plusieurs vedettes qui seront là pour mousser la candidature de Mme Harris, comme l’ancien joueur des Bulls de Chicago, entraîneur de l’équipe olympique américaine et des Warriors de Golden State, Steve Kerr qui a prononcé quelques mots lundi soir. La politique spectacle est la spécialité des Américains et cette convention sera certainement une énorme démonstration de force et de mobilisation.
Enfin, jeudi, Mme Harris, elle-même, fera son discours le plus important jusqu’à maintenant. Lundi soir, elle est apparue par surprise pour saluer les délégués présents, mais surtout pour rendre hommage à Joe Biden. Un petit coup de génie qui lui permettra de concentrer son discours de jeudi sur l’avenir et sur ce qui s’en vient plutôt que de parler de son impopulaire prédécesseur.
Le plus grand défi de Mme Harris sera de se définir aux yeux du peuple américain en quelques semaines alors que les candidats à la présidence ont habituellement plusieurs mois pour le faire. Elle qui n’a pas fait campagne durant les derniers mois, qui s’était retirée tôt lors de la course à l’investiture démocrate en 2020 et qui a eu un mandat plutôt discret comme vice-présidente devra s’assurer que ce discours marque les esprits et qu’il incarne clairement sa vision de la présidence, car elle n’aura pas le temps de corriger les incompréhensions.
Attendez-vous à un discours progressiste concentré sur les différences de vision, de valeurs et de sens du devoir entre elle et Donald Trump, qu’elle tentera de définir comme un voyou rétrograde puisque le vieux candidat, maintenant, c’est lui. Un discours qui tentera de convaincre les indécis, mais aussi ceux qui prévoyaient de ne pas voter comme Barack Obama l’a fait en 2008. Le vent tourne vite et tous les espoirs sont maintenant permis pour les démocrates qui veulent faire souffler, à Chicago, le début du vent de la victoire pour celle qui peut devenir la première femme présidente des États-Unis d’Amérique.
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