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Plusieurs clients du célèbre centre d’achat de l’est de Montréal ont dû réaliser que tout ce qui intéresse le centre commercial, propriété d’Ivanhoé Cambridge, c’est qu’on aille y dépenser nos paies. Rien de plus.
On dit que c’est en temps de crise qu’on reconnaît «nos vrais amis». Plusieurs clients du célèbre centre d’achat de l’est de Montréal ont dû réaliser que tout ce qui intéresse le centre commercial, propriété d’Ivanhoé Cambridge, c’est qu’on aille y dépenser nos paies. Rien de plus.
Reculons de quelques jours. Le sud du Québec a connu un épisode de verglas qui passera indéniablement à l’histoire. Au plus fort de la crise, ce sont plus d’un million de Québécois qui furent plongés dans le noir, dont une grande majorité dans la région de Montréal. Et force est de constater qu’on est bien peu, dans une grande ville comme celle-ci, à posséder une génératrice ou des chargeurs portatifs.
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Ce ne fut donc pas long avant qu’on puisse voir se profiler des hordes de citoyens en manque d’électricité pour leurs batteries de cellulaire se pointer dans différents commerces, ceux qui avaient encore l’électricité, afin de refaire le plein. Dès 7h jeudi matin, plusieurs personnes faisaient la file devant les portes d’un des cafés où j’ai mes habitudes afin d’être parmi les premiers à profiter des prises de courant.
Ayant mal prévu mon coup, je suis moi-même arrivée vers 10h pour que mon fils puisse recharger sa sacro-sainte Switch et moi, mon iPhone et mon ordinateur portable. Tout ce ballet énergétique se passait de façon civilisée. Oui oui, je vous le jure.
Le monde dégageait les prises au fur et à mesure que leurs appareils faisaient le plein du précieux courant. Certains avaient même amené des multiprises de façon à partager le courant en groupe. Pour vrai, ça se passait super bien. On était loin de la fois où, au début de la pandémie, le Québec au grand complet s’est garroché pour acheter du papier de toilette pis de la farine.
C’était beau à voir. Je me disais qu’on avait appris de quoi, collectivement, pis qu’on passerait bien au travers de ce petit désagrément glacé fort temporaire. Après tout, on avait vu pire il y a peu. Et en 1998. Ce n’était rien comparé à 1998, on va se le dire.
C’est la question que je me suis posée en voyant les premières photos des prises électriques calfeutrées des Galeries d’Anjou circuler sur les médias sociaux et un site de nouvelles. Certaines étaient même camouflées par des plantes. On comprenait que le centre commercial avait laissé ses clients utiliser ses prises jeudi, mais que c’était une exception très temporaire.
Est-ce qu’un centre commercial a le devoir d’aider les habitants de la ville en cas de sinistre ou de catastrophe naturelle?
Là, je me suis mise à penser aux vagues de chaleur, où l’on suggère à ceux qui n’ont pas la clim d’aller profiter de l’air climatisé des centres commerciaux ou des cinémas. J’ai songé, aussi, aux personnes seules qui déambulent à longueur de journée dans les couloirs de places commerciales comme celles-là afin de tromper la solitude ou de jaser en buvant un café à la foire alimentaire. Je me suis remémorée la mairesse Plante, qui, par grand froid, fait preuve de tolérance et laisse les personnes en situation d’itinérance se reposer dans les stations de métro.
Ça va de soi, dans ma tête, qu’un endroit comme un centre d’achats devient une destination où nous, les citoyens, devrions pouvoir aller pour se réchauffer un peu et charger nos cellulaires en cas de «bris de normalité». Me semble que ça devrait juste être la grosse base, une façon de redonner au suivant pour une entreprise qui génère des millions de dollars en profit annuellement.
Je sais, la pandémie a fait mal aux commerces de détail et les centres commerciaux en arrachent. Cette réalité est indéniable. Mais je ne pense pas que quelques dizaines de citoyens qui font charger leurs appareils électroniques représentent des coûts exorbitants ni une menace à la sécurité comme l’a prétexté une préposée, au téléphone, à TVA Nouvelles.
Ça aurait été quoi, pour ce centre commercial, d’exercer un certain contrôle sur les quelques prises électriques disponibles afin de faire «son devoir citoyen», de «donner au suivant»? Pendant la pandémie, il y avait un agent de sécurité à tous les deux mètres afin de faire respecter les règles sanitaires.
Les Galeries d’Anjou et le groupe Ivanhoé Cambridge, une filiale immobilière, dois-je le rappeler, de NOTRE Caisse de dépôt et placement du Québec, ont peut-être sauvé quelques dollars et un peu de trouble, mais, au bout du compte, leur image de marque en a pâti et ça, ça coûte pas mal plus cher que d’engager quelques personnes pour gérer l’affluence citoyenne pendant une situation d’urgence exceptionnelle.
Chapeau aux commerces de proximité qui, eux, ont été là pour nous et qui ont su faire preuve de solidarité.